Quand on découvre ou redécouvre "Abyss", il est étonnant de constater que ce film n’était rien d’autre que le précurseur de deux autres super-productions de James Cameron, à savoir "Titanic" et "Avatar". D’abord parce que la plupart du temps, le spectateur se trouve en plein océan (comme pour "Titanic"), d’autant qu'ici près de 40% du long métrage ont été filmés sous la surface de l’eau. Ensuite parce quand on voit l’esthétique visuelle des entités extra-terrestres et plus en particulier les couleurs choisies, eh bien ça donne immanquablement un petit avant-goût d'"Avatar". A la différence près que pas mal de progrès sont passés par là entre temps dans le domaine des effets visuels. Si vous voulez vérifier par vous-mêmes, alors il ne vous reste plus qu’à découvrir ou redécouvrir le cinquième long métrage du réalisateur, auquel cas je ne saurai que trop vous conseiller la version longue, enrichie de 32 minutes. Pourquoi ? Tout simplement parce que les séquences supplémentaires développent davantage les rôles secondaires, ainsi que ce qui unit les personnages joués par Mary Elizabeth Mastrantonio et Ed Harris. On gagne donc en fluidité du récit, avec une meilleure compréhension. Seule ombre au tableau, la scène du tsunami, pour moi pas franchement utile si ce n’est pour signifier les représailles encourues si on ne sait pas faire preuve d’humanisme, de pacifisme, d’humilité, vertus prônées à travers le message du cinéaste qui appelle visiblement à la paix, message encore plus explicite quand on nous met des images se passant de tout commentaire par écran interposé. Au-delà de ça, peu importe si vous voyez ou revoyez ce film dans sa version courte ou longue. Oui, peu importe dans le sens que les différences notables figurent dans ce dont je viens de vous parler. Car le contexte est rapidement planté par un contact non identifié et une manœuvre des plus hasardeuses. A quelques milles de là, opère une équipe unie au sein de laquelle règne une bonne ambiance que rien ne semble pouvoir atteindre. C’est ce qui va d’ailleurs attirer toute la sympathie du public. Pensez-donc : après tout, ce sont des gens comme vous et moi, avec leurs forces et leurs faiblesses, avec leurs doutes quand bien même ils baignent dans leur élément et plus particulièrement dans leur connaissance du milieu et de leur matériel. Entre « Coup d’bol », Lisa « Une nuit », De Vries et son poing dit « Le marteau », Alan Hippy Carnes accompagné de sa précieuse souris blanche (attention, ne dites surtout pas « il » à propos de son animal !), sans oublier bien sûr Virgil dit « Bud » et Lindsey dite « l’emmerdeuse », il faut avouer qu’ils nous sont rapidement très sympathiques par leurs psychologies très différentes et néanmoins très complémentaires, sans même parler de leurs compétences qui leurs sont propres. Leurs interprètes sont d’ailleurs tout bonnement parfaits, tant ils sont parvenus à retranscrire une équipe unie et soudée quelles que soient les circonstances. Evidemment, cet équilibre va être mis à mal devant le spectacle de désolation auquel l’équipe va être confrontée, un spectacle devant lequel il y a de quoi perdre les pédales quand il est juché de cadavres figés en pantins immobiles, spectacle auquel on peut s’attendre quand on est dépêché sur un lieu de naufrage. Cet équilibre va être aussi mis à rude épreuve par l’intervention des militaires, dont l’arrivée a été soulignée par une musique militaire qui ne laisse rien présager de bon. Ni la musique, ni la sale tronche prêtée au lieutenant Hiram Coffey par l’intermédiaire de Michael Biehn, au jeu très juste par ailleurs dans le rôle du bad guy. A travers "Abyss", on appréciera cet esprit de cohésion, lui-même secoué au gré des creux et des vagues représentés par une succession de moments merveilleux, dramatiques et de tension au cours desquels on ressentira même parfois l’urgence de la situation et même toute l’importance quant aux conséquences des choix qui seront faits. Cerise sur le gâteau, le spectateur se verra même gratifié d’une scène de course-poursuite à bord de modules submersibles, chose peu courante dans le cinéma. Certes cela reste un film de science-fiction, mais le propos n’est-il pas des plus réalistes ? Il est vrai qu’on semblait se diriger vers quelque chose de merveilleux, mais en y réfléchissant bien, pouvait-il en être autrement de la fin ? A mon sens non, et de mon point de vue, c’est un film qui a été parfaitement maîtrisé. De plus, malgré des effets visuels quelques peu vieillissants (notamment en ce qui concerne les entités extra-terrestres à l’exception de la colonne d’eau absolument formidable), le sujet est hélas toujours d’actualité. Toujours est-il qu'en invitant le spectateur à découvrir ce qu'il en est en même temps que les principaux protagonistes, l'intrigue se révèle prenante.