Paul Verhoeven ne nous a pas pris en traître! Après « Turkish Delices », son 2ème film, puis « La Chair Et Le Sang », son 6ème, personne ne pouvait ignorer que ses thèmes de prédilection, le sexe, la violence, les institutions, l’Histoire même, feraient l’objet de critiques politiquement très incorrectes, voire franchement subversives. L’incorrection politique de « Turkish …» résidait dans le fait qu’on franchissait la limite de l’érotisme pour tomber dans une certaine pornographie. Celle de « La Chair …», venait d’une intrigue tout en meurtres, viol, inceste, produisant un effet de « revisitation » archi glauque d’un moyen âge chevaleresque idéalisé. «Robocop» lui, avait ceci d’incorrect qu’il dénonçait la tendance des gouvernants aux USA et dans les pays occidentaux à se défausser de leur devoir d’assurer des services d’utilité publique (ex: Police) sur des entreprises privées, lesquelles, obnubilées par la rentabilité finissaient sans scrupule par aller à l’encontre des intérêts des citoyens. Mais à souvent rechercher l’outrancier, Verhoeven a parfois glissé dans le racolage. Ce fut le cas de l’hyper sulfureux mais finalement moyennement bon polar que fut « Basic Instinct ». Paradoxalement, l’un des moins appréciés des films du cinéaste est pourtant le plus équilibré. Intelligent, parfois drôle, et toujours dynamique «Starship Troopers», use de l’outrance, mais sous le prisme de l’ironie dramatique. Sous une apparente apologie des films de guerre, avec ses scènes de "classes" et de batailles ultra violentes, Verhoeven les démonte en dénonçant le cynisme de leur patriotisme, de la médiatisation de la guerre qu'en font les chaînes de TV, et l’intrusion militariste dans l’institution scolaire. Avec le très réussi « Hollowman », une nouvelle « revisitation » glauque, cette fois des visions gentilles de homme invisible, on pensait que la création Verhoevienne irait crescendo. Hélas, mièvre et peu crédible « Blackbook » nous est tombé dessus. Allons Paul, ressaisi-toi!