Dans “Starship Troopers”qui sont les crétins ? Entre les humains dopés à la testostérone qui n'essaient pas une seconde de réfléchir à l’intelligence de ces insectes. Ou bien les arachnides, bêtes monstrueuses en tout genre qui coupent les hommes en deux pour défendre leur patrimoine. Sur les bases, l’idée est là : un univers solide avec sa dose d’humour, de sarcasme sur le modèle américain et son déluge de feu. Sur la forme, c’est travaillé, les effets spéciaux sont réussis et vieillissent correctement. C’est innovant dans la manière de présenter les personnages et l’intrigue : le conflit entre deux “races”, présentant un aspect organique intrigant, on pourrait très bien se demander parfois si l’inspiration viendrait directement de David Cronenberg, notamment avec le “cerveau” des arachnides, un amas de matière. Les effets spéciaux ne lésinent pas sur le sang, la chair, les têtes découpés, la purée d’insectes, jus et autres excréments de couleurs.Mais sur le fond, on retrouve malheureusement les codes du blockbuster sans intérêt, avec un choix cornélien de la part du héros Johnny Rico (Casper Van Dien) : choisir entre l’amour de deux femmes, Carmen (Denise Richards) ou Dizzy (Dina Meyer) ; c‘est vu et revu. Côté narration, c’est tristement linéaire ; une chose aurait pu changer la trame,
faire mourir véritablement John Rico (Casper Van Dien)
, pour donner un nouveau souffle au film, mais non, restons dans les standards d’un navet. Le jeu de Denise Richards (Carmen) est également affreux…et même avec un trou dans l’épaule, elle a encore l’énergie pour parler.
Pour conclure, “Starship Troopers” de Paul Verhoeven, est très orienté divertissement brut avec un scénario et un montage qui ne perd pas de temps : l'entraînement de l'infanterie d'élite est très bref, les cours de pilotage de vaisseaux par Carmen sont bouclés en 5 minutes. Des belles gueules, un entraînement militaire sommaire et une bonne douche (l’unique scène sympa du long-métrage), nous sommes déjà à la conquête de l’espace. Et je ne parle pas des raccourcis scientifiques qui sont loin d’être expliqués, normal dans une société où la propagande est le maître mot. Donc c’est beau, ça pétarade, ça s’embrasse goulûment et avec la langue, ça vide les cartouche de M16, ça fait des p’tits trou dans de la chair humaine, ça se crash à 500 km/h avec une navette en feu comme si ça sortait des transports en commun et ça ne pose problème à personne. Je comprends l’aspect ironique et la satire souhaité par Paul Verhoeven sur l’armée américaine, sur une société annihilé et gangrené par la propagande,
qui ne réfléchit que très peu à une entente pacifique entre les deux (d’ailleurs pourquoi le “cerveau” des arachnides gobe t-il des cerveaux humains ?)
, mais la proposition ne me satisfait que partiellement tant l’œuvre s’oriente sur une boucherie, plus que sur une réflexion sur notre condition d’homme et de race inférieure/supérieure.
Pour voir des films plus intelligents sur le même thème, je conseille “Disctrict 9” de Neill Blomkamp beaucoup plus avancée en matière de réflexion sociale ou politique, ou même “Arrival / Premier Contact” de Denis Villeneuve, bien plus pacifiste et esthétique.