Un classique de Burton, un de ces métrages qui ont marqué ma jeunesse, même si clairement le second épisode mis en scène par le réalisateur est au-dessus à bien des niveaux.
Ici les décors sont beaux, c’est évident, c’est une des qualités constantes de Burton en général, avec une ville de Gotham à la fois gothique et moderne, décadente et luxueuse, et la dimension atemporelle avec le mélange d’esthétique années 30 est parfaitement au rendez-vous, c’est un des plaisirs des Batman. Reste que la photographie est un peu trop sombre, et ne permet pas toujours de profiter de la richesse des décors tout en manquant aussi de variété dans ses éclairages et ses contrastes.
La mise en scène est soignée, mais Burton n’a pas ici l’aisance de son Batman return, même si on peut difficilement critiquer son travail, propre et plaisant, bénéficiant de sa flamboyance mais avec quelques passages un peu roide (un ou deux plans supplémentaires parfois n’auraient pas été de refus pour fluidifier la réalisation).
Sinon très bons effets spéciaux, surtout pour un film de 1989.
Le casting est à la hauteur. On pouvait craindre un Keaton un peu fade, mais il s’empare de son rôle avec entrain, et son style « monsieur tout le monde », sans muscle outrancier colle bien à ce que l’on imagine du personnage de Batman. Face à lui Basinger n’est peut être pas assez mise en avant, ne servant finalement pas à grand-chose si ce n’est à donner un peu de volume sentimental au film. Nicholson est déchainé, il reste un des atouts du film, parvenant surtout à éviter le cabotinage agaçant dont son personnage aurait pu se rendre coupable !
Scénaristiquement parlant le film est dynamique, avec beaucoup d’action, une pointe d’humour, parfois noir, mais ne délaisse pas pour autant la construction des personnages et le travail sur leur relation. Si cette dernière partie est un peu conventionnelle malgré tout, cela permet d’avoir un blockbuster humain, avec du spectacle mais aussi du relief, et une certaine profondeur pas désagréable, surtout à l’heure où l’on réduit cela de plus en plus à peau de chagrin dans les grosses productions.
A noter aussi la légendaire musique d’Elfman, qui impose sa patte ici, épaulé par Prince !
Si le deuxième Batman de Burton est supérieur à ce premier épisode, on se retrouve cependant avec un film luxueux qui fonctionne bien, avec de la personnalité, et une efficacité certaine. 4.