La fin des années 80 marque un tournant dans l’évolution du personnage de Batman. Les bandes dessinées de Frank Miller (Batman : Année un, The Dark knight returns) , d’Alan Moore (Souriez !) ou le comics Un deuil dans la famille de Jim Starlin, Jim Aparao et Mike De Carlo présentent un personnage et un univers plus sombre.
Avec sa première adaptation du personnage, Tim Burton va continuer à faire évoluer les codes du personnage. Ainsi, la principale évolution que va apporter Burton concerne le costume du héros. Au cinéma, il serait peu crédible que cet homme sans pouvoir particulier ne porte qu’une espèce de grand collant : cette tenue devient donc une armure lui permettant de se protéger plus facilement des blessures et n’est plus grise et bleue mais noire pour souligner l’aspect sombre du personnage. Toutes les adaptations cinématographiques suivantes (même les films cartoonesques de Joel Schumacher) conserveront d’ailleurs ce principe beaucoup plus crédible. De même, la Batmobile et le Batplane deviennent de véritables armes de guerre et non plus des moyens de déplacement. Cet aspect réaliste et guerrier apparait également dans les attitudes du personnage : alors que dans les comics, il s’interdisait de tuer ; chez Burton, cela ne semble plus lui poser de problème (même si on est loin du goût de la violence que l’on voit dans Batman v Superman : L’Aube de la justice de Zack Snyder). De même, il est un personnage à la fois torturé par le meurtre de ses parents et ne sachant pas obligatoirement gérer ses émotions (il a à plusieurs reprises des "absences" quand il est Bruce Wayne) : sous son apparence d’homme d’affaires milliardaire, en bon personnage de Burton, il n’est pas un être parfaitement adapté.
Tim Burton apporte donc une vision personnelle du personnage et non une adaptation servile. Cependant, il signe tout de même un véritable blockbuster (qui créa à l’époque la Batmania). Le film enchaine les séquences d’action et les cascades parfaitement réalisées. Malgré l’aspect sombre et gothique (notamment dû aux décors d’Anton Furst), l’humour est très présent notamment par la présence du Joker interprété par un Jack Nicholson laissant libre cour à ses délires tout en possédant un aspect froid et machiavélique. En outre, il possède un aspect glamour avec la présence de Vicki Vale jouée par Kim Basinger qui, à l’époque, était encore auréolé du succès de 9 semaines ½.
Tous ses aspects positifs sont renforcés par la musique. Celle-ci est co-écrite par Prince et Danny Elfman. Prince s’occupe d’écrire plusieurs chansons (contenue dans un album qu’il composera pour l’occasion) soulignant notamment l’aspect showman du personnage du Joker. Mais c’est la musique symphonique de Danny Elfman, à la fois héroïque et sombre, qui reste la plus marquante : elle devient automatiquement synonyme du personnage à cette époque (la série animée sortie peu après la réutilisa dans son générique) et fit exploser la célébrité de son compositeur.
Scénario sans temps mort, scènes d’action et effets spéciaux réussis, humour très présent, réalisation efficace, musique marquante, qui associée à un générique de début très puissant, pose l’ambiance dès le début : Batman est un excellent blockbuster même si Burton n’y met pas tout son cœur, chose qu’il fera 3 ans plus tard avec Batman : Le Défi.