Bouzi Bouzouf aime « La Nuit du chasseur » de Charles Laughton, deuxième film de la collection « L'Âge d'or du cinéma américain – les grands classiques du film noir », proposé pour la somme modeste de 6€99 chez les marchands de journaux (le premier DVD de la série, « Casablanca », coûtait, lui, 3€99 ; à ce rythme-là, le prix de celui qui accompagnera le dernier numéro devrait faire mal aux fesses). « La Nuit du chasseur » n'est pas un documentaire sur les activités nocturnes de Bouzi Bouzouf consistant à s'introduire tant bien que mal dans les chambres à coucher de collégiennes, mais, comme le dit très justement le fascicule vendu avec le film, un « conte de fées noir et perturbant » (ce livret ira quand même à la poubelle lorsque Bouzi aura achevé cet article). La scène qui illustre le mieux cet aspect féérique et sinistre de l'oeuvre est celle, magnifique, de la fuite des deux gamins sur une barque. La poésie de ce moment magique, résultat des décors, des jeux avec les ombres et de silences entrecoupés de chants tantôt rassurants tantôt inquiétants, donne plus que jamais le sentiment de contempler une pure oeuvre d'art (quand on pense que toi, lecteur, tu ressens une telle chose devant un épisode de « Joséphine, ange gardien ») (en tout cas, Tim Burton a dû prendre beaucoup de notes sur un calepin en matant cette séquence baroque et merveilleuse). Mais « La Nuit du chasseur » est littéralement vampirisé par le personnage repoussant de Harry Powell, que l'interprétation géniale de Robert Mitchum rend franchement flippant. Ce séduisant démon au visage aussi contrasté que les deux inscriptions sur ses doigts, et dont les deux centres d'intérêt sont le fric et la bible (qu'il interprète d'une manière quasi fanatique) peut être vu comme une personnification des États-Unis (ce symbolisme peu glorieux pourrait expliquer l'échec du film là-bas). Après tout, les pièces de monnaie et les billets de banque américains sont tous flanqués de la devise « In God we trust »...
Certes la mise en scène est réussie (même si le tout n'était pas très innovant, même pour l'époque, on sent l'ombre - mot choisi à juste titre - de Fritz Lang dans certains plans), et que la photographie est soignée, ça ne suffit pas à oublier un film poussif où le réalisateur n'arrive pas faire ressentir la tension censée imprégner son long-métrage, sauf pour quelques trop rares scènes. Du coup le spectateur n'est jamais vraiment réellement mis sous tension, et on a l'impression que le film n'arrive pas à vraiment combler les 90 minutes "requises", et enchaine les scènes inutiles.
Un film pour les enfants en fait, avec les inconvénients habituels mais de quoi donner le coup de foudre à vos gosses et vous faire fondre tout entier. Un film très attachant, aussi doté d'images et d'ambiances splendides (de la grande réalisation), et porté très haut par la performance de Robert Mitchum, en l'un des méchants les plus inoubliables et délectables existants
Robert Mitchum signe un de ses meilleurs rôles avec La nuit du chasseur, il ne fait pas que jouer et co-réalise avec Charles Laughton ce très bon film noir. Le scénario est accrocheur, la musique colle superbement et j'ai ressenti par moment une certaine inspiration du western. Malheureusement ce film manque cruellement de tension, c'est dommage parce que pour moi on est passé très près d'un grand chef-d'œuvre.
Un très bon film, à l'ambiance ultra sombre, porté par un Robert Mitchum absolument diabolique. Une mise en scène grandiose et un thriller qui ne nous laisse pas souffler un seul instant.
Avec la nuit du chasseur, je m'attendais à renouer avec les sensations d'un thriller estampillé Hitchcock.Que nenni, car en dépit d'un aspect formel remarquable et particulièrement soigné, on est loin d'une tension, d'un suspense et d'une intrigue tels qu'un Psychose ou Sueurs Froides pour ne citer qu'eux.Néanmoins, le traitement de l'image et l'interprétation de Mitchum confèrent au film un cachet qui lui permet de se démarquer et de tirer son épingle du jeu, sans toutefois couvrir totalement le manque de sensations qui lui aurait permit d'accéder au rang de chef d'œuvre.Un thriller efficace mais à 1000 lieues d'un Psychose, c'est d'ailleurs une hérésie qu'il ait obtenu de meilleures notes.
Grande figure du film noir, "La Nuit du chasseur" est prenant, mais sans plus. La prestation de Robert Mitchum est exceptionnelle, mais contraste trop avec celle des autres acteurs, trop banals dans leurs interprétations respectives pour être véritablement marquants. Ce qu'il faut vraiment retenir du film, c'est cette personnalité de démon qui émane du pasteur noir. Toute la réalisation de Charles Laughton a été de donner à chacune de ses apparitions un côté démoniaque, irréel, comme lorsque l'on l'entend susurrer ses douces comptines sur son cheval au beau milieu de la nuit. On en vient à frissonner devant cet homme (ce diable ?), qui hante les deux enfants pour une sombre histoire de billets verts... Le reste du film n'a pas vraiment d'importance et les seules apparitions de Mitchum suffisent à en faire une réussite de ce point de vue là.