« Chantons. Chantons. Chantons ta gloire ô Tout Puissant. Chantons. Chantons. Venez à lui petits enfants. » C’est ce que chantonne sans cesse Harry Powell, un révérend arpentant les routes, incarné par le grand Robert Mitchum. Mais, Mitchum n’est pas le gentil prêcheur qu’il prétend être à tout un village. En réalité, il a les mains recouvertes de sang. Emprisonné déjà une fois pour vol, il fait alors la connaissance en cellule d’un père, un prétendu John Harper, condamné à la peine capitale pour avoir volé une forte somme d’argent au cours d’un braquage, et tué deux personnes sur son chemin. L’argent qu’il a dérobé, et qui était destiné à nourrir ses enfants, il l’a caché. Mais où ? Powell se met à sa recherche. Et rien n’est meilleur que de se faire passer pour un « ange de lumière » pour le trouver. Sournoisement, il approche la femme d’Harper et s’aperçoit que seuls les enfants savent vraiment où se cache le magot. C’est sous la menace qu’il tente de les faire cracher le morceau. En vain, puisque les marmots ne sont pas décidés à vendre le secret de leur père. S’en suit une traque (presque) sans fin entre le beau parleur et séducteur Powell, et les bambins.
La Nuit du Chasseur est donc un savant mélange entre genres. A la fois film à suspense, mais frôlant presque l’épouvante, il se veut avant tout être un film noir. Outre le scénario pervers, la photographie de Stanley Cortez (qui a travaillé également avec Welles) y est aussi pour beaucoup. Il y a, dans ce merveilleux noir et blanc, un jeu formidable sur l’image, les contrastes, les lumières, les ombres et les reflets. Ce qui installe un univers particulièrement sombre. Charles Laughton signe donc pour son premier et unique film, un film noir et inquiétant, tuant l’image du séducteur Mitchum et le transformant en « bad guy » sinistre. Et même si le film a fait un bide total à sa sortie en 1956, aujourd’hui il se classe au panthéon des films cultes. Qui ne connaît donc pas cette image où Mitchum se tient à la rambarde d’une villa, avec pour inscription sur ses phalanges le mot « LOVE » ?
A tous ceux donc qui n’auraient pas encore posé leurs yeux sur ce monument cinématographique, il est maintenant plus que temps de le faire. Alors tous à vos télés et bon film !
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