Turning Gate est encore une fois un vrai beau film. On suit encore une fois un artiste, un acteur, dont le premier film a bidé et qui accepte l'invitation d'un ami à venir lui rendre visite... Et là on deux parties distinctes, puisqu'il va rencontrer deux femmes, ainsi chaque femme a en gros la moitié du film qui lui est consacrée (enfin une moitié consacré à leur relation avec le héros pour être plus exact) et les deux parties vont résonner entre elles comme ça peut être le cas dans d'autres films de Hong Sang-soo au découpage scénaristique plus marqué (la vierge mise à nu par ses prétendants, In another country...)
Et je dois dire que je suis séduit. Séduit par le film, séduit, comme le héros, par ces deux jeunes femmes qui reconnaissent l'acteur et qui entreprennent un petit numéro de charme plus ou moins innocemment. Et c'est ça qui est intriguant dans le film, de voir comment deux relations avec deux femmes différentes mais qui toutes les deux avaient un peu le béguin pour lui peuvent évoluer, se ressembler, mais aussi différer.
Puis, comme souvent chez Hong Sang-soo on ne prive pas le spectateur de l'amertume des relations humaines en général et des relations amoureuses en particulier. Et c'est de là que va naître en partie la beauté du film, nous ne sommes pas une relation idyllique, il y a des non-dits, des promesses non-tenues... Le tout sublimé par la mise en scène de Hong Sang-soo qui commence déjà à faire durer ses plans fixes afin de retranscrire l'intégralité (ou presque) d'une conversation (du moins déjà plus que dans La vierge...). Il naît de son cinéma une sorte de beauté de la banalité, il n'est jamais poseur, mais on a toujours, par exemple, de jolies ruelles qui sont filmées donnant juste envie, nous aussi, d'arpenter ces rues, de prendre le ferry pour aller voir cette fameuse "Turning Gate". Malgré la mélancolie certaine qui peut se dégager de certaines scènes, on sent que l'univers qui nous est peint est agréable.
En somme, j'aime encore une fois la vision des relations amoureuses présentée par Hong Sang-soo, où de belles coïncidences ne font pas nécessairement les belles histoires et surtout il n'oublie pas que ces relations peuvent également être très amères. C'est la force de son cinéma, ici les personnages passent par différents états, états que l'on peut comprendre, il y a une réelle empathie qui se développe.