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QuelquesFilms.fr
272 abonnés
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3,5
Publiée le 18 septembre 2013
Industrie en déclin, chômage ou précarité, délinquance, injustice... Via les pérégrinations et les rencontres du personnage principal, Kaurismäki dresse un tableau sombre de son pays, avec un sens tragi-comique bien à lui. Dialogues et montage lapidaires, comique de situation pince-sans-rire, humour à froid, ironie cinglante (Taisto ne trouve du travail qu'en prison)... Le réalisateur a l'art de faire rire (ou du moins sourire) de choses désespérantes. Mais son constat est sans appel : la Finlande est un pays aux horizons fermés. Tout le film est porté par un rêve d'ailleurs (la chanson du magicien d'Oz), un rêve d'Amérique (la voiture, le paquebot en partance vers le Mexique...). Fuir pour survivre. Stylistiquement, l'ensemble est un peu "bricolé", mais l'originalité du regard, cette noirceur décalée et drôle, emporte le morceau. Ariel est le second opus de la "trilogie ouvrière" de Kaurismäki, après Hamlet goes business et avant La Fille aux allumettes.
Kaurismäki est probablement un des seuls cinéastes vivants à savoir dresser des contes aussi concrets, simples et pourtant bouleversants. A partir d'archétypes, de situations quasi-banales, il fait du classicisme un film d'auteur en faisant évoluer son récit avec sobriété et intelligence. Avec la maîtrise et la sensibilité qu'on lui connaît, il met son héros face à diverses embûches pour finalement, et c'est fréquent dans son cinéma, finir sur une touche plutôt optimiste sans que le héros et le spectateur n'oublient ce (et ceux) qui a été laissé derrière.
Le finlandais Aki kaurismaki est pour moi ,de tous les cinéastes en vie ,le plus caractèristique. Dix minutes en sa compagnie et rien qu'aux dialogues et aux silences ,il est démasqué. Quand on ajoute sa magnifique mise en scène ,cela fait de lui un très grand artiste. Mon admiration ne va pas de pair avec mes goûts, car s'il a parfois des moments qui font couler mes larmes ,comme ici lorsque Irméli pose sa tète sur la poitrine de Taisto pour dormir vite, car elle travaille dur;la plupart du temps son humour me déroute. Il a le don de rendre pathétique ses personnages et c'est très douloureux. Heureusement,il garde toujours au fond de lui un espoir caché qu'il manifeste ici par la chanson finale tirée du « Magicien d'Oz » mais avant il faut supporter les scènes dramatiques. Il y a quand même 4 morts dans ce film et des gens absolument ignobles , où qu'ils soient placés dans cette société finlandaise, bien antipathique. Kaurismakie est surement plein de culture cinématographique ,témoin certaines séquences à la ''Bresson '' et le choix du film à la TV locale « High sierra » de Walsh.Comme d'habitude son personnage féminin est bouleversant,il a vraiment le chic pour choisir ses femmes et celle là a en plus un jeune enfant qui est un des meilleurs acteurs pour son age que j'ai eu l'occasion de voir.Un film superbe mais auquel je ne peux mettre 5 étoiles, car je ne suis pas sorti suffisamment enthousiaste de la salle.
Suite & fin de la trilogie du prolétariat de Kaurismäki, un film qui bénéficie plus de l’élan de réputation de son réalisateur que de son intérêt propre. Dans la continuité de Calamari Union & Ombres au paradis, il vaudrait quelque chose pour lui-même si le réalisateur ne poursuivait pas dans une veine infinie, où cette fois la spontanéité & le naturel des gestes passe complètement à la trappe.
Remplaçant l’absurde du premier & la noirceur du second par des piques d’humour qui sonnent à la fois comme une tentative de diversification que comme de la lassitude, Ariel ne choisit pas non plus la constance dans le déroulé. Son personnage s’en va prolétarier comme on butine d’emploi en emploi, mais ni l’avancée fiévreuse initiale ni la passivité des personnages face à une économie qui leur apparaît comme une fatalité ne débouchent cette fois sur les bribes analytiques que Kaurismäki nous avait presque habitué à nous offrir.
Reste l’intérêt de la nature morte, & une immersion tolérable pour un script écrit en deux jours.
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4,0
Publiée le 9 septembre 2018
Excellent road movie tragi-comique à travers la Finlande de 1988 signè par le futur rèalisateur de "Leningrad Cowboys Go America" et "La fille aux allumettes". Le "Ariel" de Aki Kaurismäki n'est pas vraiment une marque cèlèbre de lessive mais plutôt le nom d'un bateau en partance pour le Mexique! Taisto est un mineur au chômage qui, après une ètape à Helsinki, s'embarque après bien des mèsaventures sur le cargo « Ariel » vers l'Amèrique latine! Mais avant de connaître cet idyllique bonheur avec une femme et son fils, les choses n'ont pas toujours ètè simple pour Taisto! Sa religion ? Aucune! Sa profession ? A la recherche d'un emploi! Son lieu de rèsidence ? Nulle part! Son adresse ? Aucune! Sa situation de famille ? Cèlibataire! Des enfants ? Aucun! Un parent proche ? Aucun [...] La rèussite de ce personnage exclu est totale, mais, faut-il le dire, le style de Kaurismäki, lui, est unique où les scènes abracadabrantes (prison, hold-up...) ne comptent pas dans le plaisir que l'on prend à suivre une histoire attachante et originale...
Le destin d'un mineur qui se retrouve gangster avec cette femme au milieu amoureuse malgré tout encore plus désireuse d'une nouvelle vie que l'homme résigné à qui arrivent des événements qui l'empêchent de choisir sa vie. Tragique avec la "famille" qui symbolise le bonheur mais un bonheur qui va forcément de pair avec la fuite.
Un drame social touchant qui dresse le tableau sombre d'un pays aux horizons fermés avec sa pléiade d'anti-héros qui cherchent à fuir la réalité dans la poursuite désespérée du bonheur.
Taisto Kasurinen travaillait au nord de la Finlande dans une mine qui vient de fermer. Avant de se suicider, son père lui fait don de sa rutilante décapotable américaine et l'incite à quitter la région. Taisto suit son conseil et gagne Helsinki. En chemin, deux voyous le délestent de ses économies. Sans le sou, Taisto survit tant bien que mal dans la capitale. Il y fait la connaissance d'Irmeli qui l'héberge. Il retrouve par hasard l'un de ses assaillants, le rosse, mais se fait arrêter pour violence et enfermer en prison. Avec l'aide de son compagnon de cellule, il réussit à s'évader et à quitter la Finlande pour le Mexique à bord du cargo Ariel.
Arte a le bon goût de programmer une rétrospective Kaurismäki. C'est l'occasion de voir ou de revoir les films du plus grand réalisateur finlandais - et du seul dont la renommée ait franchi les frontières. Lorsqu'il tourne "Ariel" en 1988, il est encore inconnu. La célébrité ne viendra que quelques années plus tard avec "L'Homme sans passé", Grand Prix et prix d'interprétation féminine à Cannes en 2002, souvent considéré comme son meilleur film - que Arte a la bonne idée de rediffuser aussi.
"Ariel" est le deuxième volet d'une Trilogie du prolétariat que Kaurismâki consacre au petit peuple de Helsinki. Son cinéma possède déjà les caractéristiques qu'il n'abandonnera pas et constituent sa marque distinctive. Kaurismäki filme en plans fixes des scènes quasi muettes souvent caractérisées par leur humour noir. Ses personnages ne montrent aucun sentiment et échangent parfois d'une voix sans timbre quelques rares paroles : "- Marions nous et faisons des enfants - J'en ai déjà un - Ah bon... autant de temps de gagner". La vie leur réserve bien des avanies ; mais ils montrent face à elles, avant que le mot devienne à la mode, une étonnante résilience.
Listé parmi les 1001 films à voir avant de mourir, "Ariel" est un film emblématique du cinéma de Kaurismäki. Il dure soixante-douze minutes à peine. Il a certes l'image poisseuse et le son grésillant des films qui ont mal vieilli. Mais il n'en reste pas moins l'une des meilleures portes d'entrée dans l'œuvre de ce réalisateur si particulier.
Il ne faut pas plus de 1h10 à Kaurismaki pour réaliser un petit chef-d'oeuvre de réalisme poétique et rock'n'roll. Comme toujours, ses anti-héros luttent pour survivre dans un monde qui les dépasse et, pour une fois, l'amour sera la porte de sortie vers une autre destinée, à bort d'un bateau en partance pour le lointain Mexique. Pour cela, il aura fallu le sacrifice du camarade de cavale, l'iconoclaste Matti Pelompää, dérisoire gangster qu'un apprentissage trop court des règles du métier n'aura pu préserver d'un destin tragique.
Portrait tendre et captivant d'un homme qui connaît une descente aux enfers après une suite d'épreuves et de malentendus dans une Finlande désenchantée de la fin des années 80, Ariel est un film simple mais puissant. Convoquant de nombreuses ambiances cinématographiques – en particulier des États-Unis – ce (court) long-métrage est à la fois drôle, rock'n roll et dramatique, et nous fait suivre un personnage principal totalement attachant. La mise en scène est brillante. Un petit bijou de sobriété volcanique.
Deuxième film de la « Trilogie du prolétariat » dont j’ai apprécié la mise en scène élégante et épurée, faite de courtes séquences rappelant une BD. C’est finalement une belle histoire d’amour vécue par un faux loser dans un monde injuste et d’une logique impitoyable. Malgré les apparences, la psychologie des personnages est plutôt soignée, de même que la BO essentiellement sud-américaine qui trouve pleinement sa justification à la conclusion.
Un film noir avec des situations criantes de vérité. Pas de superflu avec des personnages faits de simplicité et un engrenage, qui semble fatal. On voit également une belle série de portraits faits de désespérance, de brutalité ou d'amour. Réellement émouvant et prenant grâce à une mise en scène empreinte de sobriété.
Court dans la durée et temps mieux. C'est efficace, on ne perd pas de temps. C'est bien fait. L'histoire accroche. C'est un film qui ne s'encombre pas spécialement de ramification donc c'est très fluide. Peut-être que du coup cette apparente simplicité nui à son action et c'est pas le cas. L'ambiance est très propre au film et on n'a pas de quoi dire que c'est un film de bobo sans âme.
Au moment où il a tourné "Ariel", Kaurismaki était encore au début de sa carrière mais il y a déjà dans ce film toute la magie de son cinéma, à la fois si simple et si riche.
Deuxième volet de la tétralogie des travailleurs ( Feuilles d'automne sorti en 2023 fait office de dernier volet à ce jour), on trouve dans "Ariel" plusieurs éléments scénaristiques qui seront repris fréquemment par Aki Kaurismaki.
Ici le personnage principal se retrouve seul, isolé après le suicide de son père, il cherche du travail, rencontre une jeune femme ( pervenche, puis employée dans un abattoir...), est victime d'une agression, d'une injustice, connait l'amitié.
Ici, tout comme dans le premier volet, il y a une espérance (le titre est tiré du nom du bateau à bord duquel elle est possible).
Au plan formel Kaurismaki, utilise des objets de décors tirés de la culture américaine des années 50 ( cadillac, poste radio qui diffuse des chansons tirées du blues, du rockabilly et de la chanson populaire).
Les jeux sur les couleurs ne touchent pas encore les intérieurs, mais se cantonnent aux vêtements des personnages.
La qualité de chaque films du cinéaste est bonifiée par la connaissance d'autres opus de sa filmographie. A mes yeux le meilleur opus de la tétralogie sera le troisième :"la fille aux allumettes", mais "Ariel" ne démérite en rien par rapport aux trois autres chapitres.
On notera que les deux principaux acteurs du film Matti Pellonpaa et son vis à vis décéderont tous deux prématurément.