Si Luis Buñuel reste peu connu malgré une filmographie riche, son œuvre aura marqué l’histoire du cinéma, du célèbre Un Chien Andalou (1929) à Cet Obscur objet du désir (1977). Durant sa période mexicaine, il réalisera des films tout aussi importants, notamment Los Olvidados (1950) et un autre film, moins connu mais hautement symbolique, L’Ange exterminateur.
Toujours accroché à ses thèmes à savoir choquer et provoquer, le cinéaste va s'en donner à cœur joie en attaquant une classe, la bourgeoisie et ses travers, et une institution, l'Eglise. A travers ce groupe de personnages coincés dans un salon par une sorte de mur invisible, Buñuel rend l'enfermement vivant et l’invraisemblable d’une réalité éclatante, que ce soit par le jeu des acteurs, nous emmenant naturellement dans ce schéma tortueux et tragique, que par l’utilisation d’un humour noir qui pourra en énerver certains. Le libre arbitre des domestiques, qui sont partis à temps, a eu raison des conventions bourgeoises de l'autre groupe. Tout ce qui font d’eux des hommes, va s’effriter au fur et à mesure dans une absence de liberté, où la colère et la violence vont éclater. C'est alors que toute leur vie va se jouer, pendant plusieurs jours, dans ce lieu clos.
Un film très fort, peut-être le meilleur de sa période mexicaine, qui mérite d’être vu, tant pour le cinéaste qui reste incontournable et pas assez exposé, que pour sa portée symbolique et sa satyre bourgeoise à la fois déroutante et étonnante.