Après un deuxième épisode perfectible mais sacrément encourageant, on ne pouvait attendre de ce troisième opus que plus de sang et encore moins de sérieux. Une poursuite de la dynamique du précédent opus en somme. Monumentale erreur, car Jack Bender, réalisateur habituellement confiné au monde télévisuel ("Lost", "Alias"), nous livre ici le parfait exemple de ce qu’il convenait de ne pas faire. Croyant encore que la poupée rousse pouvait faire peur, Jack Bender nous livre les sempiternelles scènes d’angoisse, musique à l’appui et tout le tremblement. Sauf que lesdites séquences sont menées avec moins de brio que celles du sieur Holland et que la mise en scène fébrile du réalisateur flanque d’emblée toute possible angoisse à plat. Le film est donc emballé dans le plus grand sérieux et respect de ses pairs. On retrouve Andy, toujours aussi insupportable, joué par le jeune premier Justin Whalin (rappelez-vous "Donjons et Dragons"), devenu adolescent et placé dans une école militaire. Bien entendu la méchante poupée, vraie star du film, même si Jack Bender a souvent tendance à l’oublier, revient comme par miracle par le truchement d’un nouveau tour de passe-passe scénaristique drôle à défaut d’être cohérent. Si le cadre du film pouvait se révéler original (une école militaire, avec des jeunes soldats et des chefs acariâtres), celui-ci est sous-exploité au profit d’une trame simpliste et codifiée. "Chucky 3" n’est qu’un archétype du slasher comprenant son jeune héros innocent, son benêt de service, sa jolie demoiselle et son méchant très vilain qui finira par se faire tuer. Mais Jack Bender va plus loin, prouvant du même coup son incompréhension du ton de la saga. En plus du personnage d’Andy, il nous rajoute un nouvel enfant naïf, reprenant ainsi le refrain usé du premier épisode pour tomber dans un sentimentalisme précaire (ou dans un indigeste contournement des clichés, c’est selon). Le scénario est donc complètement raté, les rares apparitions de Chucky sont très loin de l’aura du personnage. Pas de meurtres sanguinolents, pas de blagues à deux balles, et juste quelques rires diaboliques pour contenter quelques fans. Le comble du ridicule revient à une scène de "meurtre", où la victime meurt d’une crise cardiaque en voyant Chucky, incarnation séquentielle de la culture de l’à-peu-près du réalisateur (on a rarement fait mieux dans l’horreur). Même les fans les plus virulents de la poupée vont se retrouver désemparés devant ce bis qui accumule les défauts de la saga et en détruit le mythe sans jamais retrouver son souffle. N’exploitant jamais son sujet, ni même le mythe de Chucky, Jack Bender nous livre un slasher lambda, sans âme ni conviction, et ainsi un film d'horreur vraiment pas terrible et totalement dispensable. Dommage