Ah... le look de Keith Carradine. Son personnage se transforme peu à peu, au fil de l'intrigue, en voyou rock-star des années 1980. Yeux cernés de noir, coiffure invraisemblable, costume aux couleurs pétantes... Un ersatz de David Bowie plongé dans un univers mafieux, bizarre et grotesque. Face à lui, Kris Kristofferson, ex-flic ténébreux et classe, la joue plutôt old school. L'opposition entre ces deux personnages résume le film et ses grands écarts. On est à la fois dans l'hommage et dans la parodie de film noir, entre drame et comédie, désenchantement mélancolique et dérision bouffonne. Le résultat est étrange, tantôt séduisant, tantôt vaguement ridicule. On se laisse bercer par les ambiances nocturnes, quelques airs jazzy/bluesy et la belle chanson-titre interprétée par Marianne Faithfull. En revanche, l'esthétique clipée, typique des eighties, a franchement vieilli et tient aujourd'hui du kitsch tape-à-l'oeil. De la réalisation, on retiendra plutôt la façon d'organiser les destins croisés des personnages, héritage - avec l'esprit de dérision - du cinéma de Robert Altman dont Alan Rudolph fut l'assistant. Le rôle central de Wanda, trop vite esquissé, laisse toutefois une frustration. Comme le film. Singulier, certes, mais à moitié convaincant.