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chrischambers86
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5,0
Publiée le 7 mars 2014
Le chef d'oeuvre de Carl Theodor Dreyer! En remplaçant le vampirisme de "Vampyr - Der Traum des Allan Grey" par la sorcellerie dans ce superbe "Dies Irae", le cinèaste danois reconstitua la même atmosphère, et le même hymne à la nature! S'il y a bien un film qui a marquè la production cinèmatographique danoise au cours du conflit mondial, c'est bien "Dies Irae". L'action se passe au XVIIe siècle! La jeune femme d'un pasteur devient la maîtresse du fils de celui-ci! Les deux amants se livrent à leur passion avec ivresse, dans des scènes complètement magiques, comme la promenade en barque! On ne dèvoilera pas la suite de l'histoire par respect pour le cinèphile qui n'a pas encore vu ce diamant brut du 7ème art, l'un des rares films à rèpondre à la dèfinition classique de la tragèdie! Pourtant sans trop en dire, le conflit est posè, le piège tendu, l'issue fatale! On reste estomaquè devant la plastique des cadrages et la beautè lumineuse de Lisbeth Movin! Que dire d'autre, si ce n'est que Dreyer aura poussè plus loin qu'aucun autre cinèaste l'exploration de l'âme de ses personnages dans un clair-obscur à chialer...
D'apres de nombreuses critiques ,ce film serait le chef d'oeuvre de Dreyer ,n'ayant pas vu toute sa filmographie ,je ne saurais confirmer la chose mais en tout cas ce drame beneficie d'une maitrise visuelle époustouflante ainsi que d'une interprétation parfaite.Le rythme est assez lent et l'ensemble possède une certaine lourdeur théâtrale mais chaque plan ressemble a un véritable tableau vivant éclaires par une lumiere extraordinaire qui met en valeur les visages d'excellents comediens déclamant des textes egalement ultra precis.Les quelques scenes d'extérieures dégagent une impression de sérénité qui tranche avec les decors sombres et froid des habitations.Si l'histoire d'amour se devine rapidement ,elle n'en demeure pas moins bouleversante de part la qualité du couple qui l'interprète : le visage angélique de Lisbeth Movin inspire a la fois le desir losqu'elle se trouve amoureuse du fils que la peur lorsqu'elle prend conscience de ses pouvoirs de sorciere : superbe actrice !!
On pense forcément à l'oeuvre de Bergman, la même austérité... Je ne m'attendais pas à autant de violence rentrée, cette mise au bûcher d'une délivreuse de pauvresses, les tortures ultimes qu'on lui inflige, sa projection face contre les flammes qui laisse augurer ensuite du sort d'une autre, plus jeune, jouet idéal des codes sociaux de l'époque. Intéressant de plonger dans le monde des obsédés du péché ! Avec, en contrepoint, des fulgurances champêtres, une manière de donner un peu d'air ! Etonnamment moderne en même temps, à notre époque où les victimes d'un système implacables commencent à être érigées en fauteurs de troubles ! A voir et revoir en version originale par les attachés à la pulsion de vie. Et à préconiser aux jeunes filles qui croient bon de dire la vérité, toute la vérité de leur coeur et de leurs sens dans une société où les vertus mâles régissent l'intimité de tout un chacun. Ce film alerte. Est-on si loin de jubiler à nouveau face à la misère d'autrui pour se rassurer ?
Sublime, génial, extraordinaire... et puis tous les autres. Quand toutes les exigences de l'Art se croisent le temps d'un film, çà nous donne "Dies Irae" de Dreyer. Le film marque tout d'abord pour la qualité inouïe de sa mise en scène. Un arrêt sur image à n'importe quel moment du film permet d'en apprécier l'incroyable beauté; beauté qui fera dire à André Bazin: "La moitié du film est un Rembrandt vivant". On retrouve en effet le style de "l'âge d'or" de la peinture flamande et une ambiance semblable aux oeuvres de Rembrandt, Vermeer (les éclairages obliques et l'opposition des tons dans les costumes, comme sur la toile "Une dame écrivant une lettre et sa servante") ainsi que Franz Hals pour les plans de groupe (voir "Les régentes de l'hospice des vieillards"). Mais cette ressemblance n'est pas due à une volonté de Dreyer d'imiter cette peinture mais plutôt à la rencontre du cinéaste et des peintres dans la représentation picturale d'une époque (le début du 17ème siècle). Les éclairages sont hallucinants, comme ce plan sur le visage d'Anne et ce filet de lumière soulignant son regard, nous laissant entrevoir cette flamme dans les yeux, signe de la sorcellerie dont on l'accuse. Le travail sur le son, d'une grande retenue et d'un précieux raffinement, rendant les moindres cris saisissants, fit définitivement taire tous ceux qui croyaient Dreyer incapable de s'adapter à la nouveauté du parlant. Mais toute cette beauté n'aurait pas autant de force si elle n'était pas au service d'un riche propos, réflexion sur la croyance, l'amour, l'aveuglement et la lâcheté cruelle des hommes. L'approche psychologique des personnages est d'une très grande justesse, si bien que nous nous retrouvons à la fin tout aussi troublés que Anne, dont l'acte d'aveu s'explique aussi bien par les troublantes coïncidences justifiant sa supposée sorcellerie que par sa déception en une caste rigoriste, douloureusement hermétique aux véritables valeurs d'amour et d'humanité. Sublime.
Quelle merveille! «Jour de colère» (1943) est une splendeur dont le visionnage ne peut pas laisser le spectateur indemne. Dreyer nous montre comment les représentants d'un luthéranisme puritain et rigoriste, totalement expurgé de l'amour et de la miséricorde évangéliques, accablent une jeune fille, Anne, qui n'a pas commis d'autres fautes que celle de vouloir aimer et de vouloir être aimée. L'action est située au début du XVIIème siècle, en pleine époque de la chasse aux sorcières, en sorte que Anne, accusée de sorcellerie, se voit finalement condamnée au bûcher. Le réalisateur danois accède dans ce film à un degré tout simplement vertigineux de perfection. Tout peut y être louangé! Les images, d'abord, qui constituent un hommage vibrant à la peinture hollandaise du XVIIème siècle. Pieter de Hooch, Frans Hals et Rembrandt sont conviés pour présider un somptueux banquet visuel. Chaque plan est un tableau dont la composition, les ombres et la lumière brûlent littéralement la rétine du spectateur ébloui. La bande-son est géniale, alternant une partition discrète en forme de variations sur la séquence grégorienne «Dies irae», des dialogues rares, denses et d'une poésie incandescente, ainsi que les cris de fureur de la populace ou de frayeur des victimes. Le jeu des acteurs est fabuleux, avec une mention toute particulière pour Lisbeth Movin qui est bouleversante. Avec ce film, Dreyer a signé une épure d'un classicisme hautain, sans concessions, où forme et contenu célèbrent comme rarement de parfaites épousailles. Regardez la scène ultime! Le regard, radieux et embué par les larmes, de Lisbeth Movin y trahit à la fois toute la détresse et toute l'espérance de l'humanité. «Jour de colère» ou quand le cinéma transmue en la musique de l'âme...
Une uvre dense et âpre, d'une splendeur visuelle à couper le souffle, mais qui laisse avant tout la part belle aux hallucinantes performances des comédiens ainsi qu'à des dialogues ciselés à la perfection. Fascinant, captivant et intemporel.