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Pascal
163 abonnés
1 694 critiques
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5,0
Publiée le 12 février 2022
En 1625, au Danemark, un pasteur est remarié avec une femme presque de l'âge de son fils. Ces deux derniers tombent amoureux l'un de l'autre. La mère du pasteur qui est jalouse de sa brue la désigne comme responsable de la mort du pasteur, maudit par une soit disante sorcière qu'il n' avait pas tenté de sauver du bûcher. Dreyer réalise ici ce qui est considéré parfois comme son film le plus accompli. Cinéma d'auteur proche de celui de Robert Bresson, le film est une réussite totale. La lecture du livre de Bergson "les deux sources de la morale et de la religion" peut permettre de proposer ici une hypothèse à propos des thèmes traités par le film. La morale close ( celle qui se traduit par l'exclusion de son champs d'application de l'étranger, ou de celui qui pense ou vit autrement ) conduit la "sorcière " au bûcher et n'est que l'illustration de la façon dont la société tente de protéger inconsciemment sa survie. Quand à la religion et à ses représentants décrits ici, ils sont les faux mystiques d'une conception statique de la croyance. Ils ne sont pas du côté de la vie qui aurait conduit le pasteur à sauver la "sorcière ". La description des comportements humains illustrés, indique que l'idée de la paix et de l'ouverture sont les seules valeurs qui respectent la vie. La véritable conception de la religion, celle des hommes de bien, est celle qui permet de laisser s'épanouir les différences. Les " jours de colère " sont peut-être finalement ceux ou l'amour, la paix et le respect de l'autre culture ou de l'autre croyance n'ont pas obtenu toute la place qui leur revient. Celle ou l'élan vital ne souffre pas de limite. C'est ce que les personnages du film, à l'exception celui d'Anna, sont incapables de comprendre. Destiné aux spectateurs exigeants, aficionados du cinéma d'auteur.
D'apres de nombreuses critiques ,ce film serait le chef d'oeuvre de Dreyer ,n'ayant pas vu toute sa filmographie ,je ne saurais confirmer la chose mais en tout cas ce drame beneficie d'une maitrise visuelle époustouflante ainsi que d'une interprétation parfaite.Le rythme est assez lent et l'ensemble possède une certaine lourdeur théâtrale mais chaque plan ressemble a un véritable tableau vivant éclaires par une lumiere extraordinaire qui met en valeur les visages d'excellents comediens déclamant des textes egalement ultra precis.Les quelques scenes d'extérieures dégagent une impression de sérénité qui tranche avec les decors sombres et froid des habitations.Si l'histoire d'amour se devine rapidement ,elle n'en demeure pas moins bouleversante de part la qualité du couple qui l'interprète : le visage angélique de Lisbeth Movin inspire a la fois le desir losqu'elle se trouve amoureuse du fils que la peur lorsqu'elle prend conscience de ses pouvoirs de sorciere : superbe actrice !!
Sublime, génial, extraordinaire... et puis tous les autres. Quand toutes les exigences de l'Art se croisent le temps d'un film, çà nous donne "Dies Irae" de Dreyer. Le film marque tout d'abord pour la qualité inouïe de sa mise en scène. Un arrêt sur image à n'importe quel moment du film permet d'en apprécier l'incroyable beauté; beauté qui fera dire à André Bazin: "La moitié du film est un Rembrandt vivant". On retrouve en effet le style de "l'âge d'or" de la peinture flamande et une ambiance semblable aux oeuvres de Rembrandt, Vermeer (les éclairages obliques et l'opposition des tons dans les costumes, comme sur la toile "Une dame écrivant une lettre et sa servante") ainsi que Franz Hals pour les plans de groupe (voir "Les régentes de l'hospice des vieillards"). Mais cette ressemblance n'est pas due à une volonté de Dreyer d'imiter cette peinture mais plutôt à la rencontre du cinéaste et des peintres dans la représentation picturale d'une époque (le début du 17ème siècle). Les éclairages sont hallucinants, comme ce plan sur le visage d'Anne et ce filet de lumière soulignant son regard, nous laissant entrevoir cette flamme dans les yeux, signe de la sorcellerie dont on l'accuse. Le travail sur le son, d'une grande retenue et d'un précieux raffinement, rendant les moindres cris saisissants, fit définitivement taire tous ceux qui croyaient Dreyer incapable de s'adapter à la nouveauté du parlant. Mais toute cette beauté n'aurait pas autant de force si elle n'était pas au service d'un riche propos, réflexion sur la croyance, l'amour, l'aveuglement et la lâcheté cruelle des hommes. L'approche psychologique des personnages est d'une très grande justesse, si bien que nous nous retrouvons à la fin tout aussi troublés que Anne, dont l'acte d'aveu s'explique aussi bien par les troublantes coïncidences justifiant sa supposée sorcellerie que par sa déception en une caste rigoriste, douloureusement hermétique aux véritables valeurs d'amour et d'humanité. Sublime.
Rigueur des mœurs et rigueur de la caméra : histoire d'une incroyable intensité sur les travers religieux et sociaux d'une époque intransigeante, où l'on brûlait sans état d’âme celles qui était soupçonnées de sorcellerie, histoire d’une jeune femme qui mourra sur un bûcher, punie d'avoir cherché à aimer et à être aimée, dans un monde puritain obsédé par le péché, filmée avec une maîtrise totale des cadrages, de la lumière, une mise en scène remarquable où chaque plan est digne d’un peintre hollandais du XVIIè. Pur chef-d'œuvre.
Magistral! «Jour de Colère» est l'intense dénonciation d'une époque intransigeante, où l'on brûlait allègrement quiconque était soupçonné de sorcellerie, où la rigueur des danois puritains n'avait d'égale que la froideur et l'austérité de leurs sentiments, et par là même leur peu de compassion à l'encontre de leurs prochains. «Jour de Colère» est aussi l'histoire d'une femme courageuse mais meurtrie, Anne, cherchant en vain le réconfort auprès d'un mari plus préoccupé par son ministère de pasteur que par son devoir d'époux, puis auprès d'un amant (son beau-fils) qui finira lui aussi par l'abandonner. Elle quittera alors cette vie sans amour en finissant sur un bûcher, auquel les hommes l'ont lâchement condamnée, punie d'avoir cherché à aimer et à être aimée. Si l'on s'arrêtait là dans la description du film, on se « contenterait » d'une histoire d'une incroyable intensité, se suffisant amplement à elle-même tellement elle s'avère pleine d'enseignements et terriblement lucide sur les travers religieux et sociaux d'une époque pas si lointaine de la nôtre. Mais ce serait sans compter avec le génie de Carl Theodor Dreyer. Car au-delà de son grand talent d'adaptateur de pièces de théâtre, il est probablement l'un des plus grands maîtres du cinématographe, et «Jour de Colère» constitue avec «Ordet» l'apogée de son style. Maîtrisant à la perfection le clair-obscur (les références aux peintres hollandais du Siècle d'Or sont plus que justifiées!), les perspectives, les déplacements de caméra, dirigeant avec humanité et rigueur à la fois ses acteurs, Dreyer parvient ici à synthétiser tout un pan de l'art occidental pour l'insérer dans une oeuvre affirmant sans conteste l'art cinématographique comme l'un des plus importants du siècle passé. «Jour de Colère» est un pur chef-d'oeuvre du cinéma, un long métrage riche et dense, esthétiquement incomparable. Bien rares sont les films qu'on pourrait honnêtement qualifier de « parfaits », «Jour de Colère» est l'un d'eux. Une merveille. [4/4]
Une uvre dense et âpre, d'une splendeur visuelle à couper le souffle, mais qui laisse avant tout la part belle aux hallucinantes performances des comédiens ainsi qu'à des dialogues ciselés à la perfection. Fascinant, captivant et intemporel.