Votre avis sur Jour de colère ?

5 critiques spectateurs

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Publiée le 13 juillet 2017
Encore une histoire de sorcière pour Dreyer qui pourfend la religion et filme en une suite de tableaux (on pense parfois aux tableaux de groupe de Rembrandt) une histoire où les personnages se croient cernés par le pêché et où la mort (ici, la croix du Christ est un gibet) est plus forte que l'amour. Sa maitrise formelle est éclatante. Voir ma critique complète sur mon blog : newstrum.wordpress.com
4,0
Publiée le 10 décembre 2019
Le diable est le personnage central du film. Et toute la dramaturgie tente de lui échapper. Il y a un refus du bonheur assumé par le pasteur comme s'il fallait maintenait le danger à merci. La jeune femme pourtant va sortir de son ennui et révéler son côté obscur.
"J'ai souhaité 100 fois ta mort".
Le récit est tendu et sobre à l'excès mais on y trouve un moment de grâce dans les champs lorsque la femme se met à rire.
C'est ironique et prémonitoire. C'est un rire sarcastique dont elle ne semble pas être l'auteur.
anonyme
Un visiteur
4,5
Publiée le 28 août 2015
Jour de colère est beau, très beau, très très beau. Dreyer y travaille un noir et blanc sublime, allié à des cadrages incroyables. Jour de colère est donc une sorte de tableau théâtralisé (le film est l'adaptation de la pièce « Anne Pedersdotter », et cela se sent peut-être un peu trop) où tout concorde : la fatalité du destin, la beauté de la nature (et du diable). Bref. Tant par la maîtrise esthétique que par sa direction ou son jeu d'acteurs, Jour de colère est un classique absolu. Reste à parler du sujet du film, qui se déroule au XVIIe siècle. On y brûle une présumée sorcière en son début. L'alliance de ces femmes avec le diable nous est montré dans toute son absurdité. En contraste, Dreyer peint une nature luxuriante où deux amants filent un amour enflammé (jeu de mot) mais très courtois, ce qui tend à prouver l'existence d'un Eden terrestre. Cet Eden, hélas est en total contradiction avec la vision des hommes (et des femmes, puisque c'est la mère du prêtre qui accuse sa femme de connivence avec le diable) qui voient le mal partout et implorent le seigneur. A cheval entre cette société diablophobe et la connivence avec le Malin, Anne, la femme du prêtre et l'amante de son fils, explore ses sentiments et tombe peu à peu dans la terreur d'elle même jusqu'à sombrer dans la schizophrénie... L'alliance d'une esthétique très léchée, et d'un scénario introspectif achève de nous convaincre que Jour de colère est un quasi chef-d'oeuvre.
5,0
Publiée le 28 septembre 2017
L'insuccès de "Vampyr" sorti en 1932 obligea Dreyer à interrompre pendant plus de dix ans son activité cinématographique pour se consacrer au journalisme non sans avoir tenté en vain de mener à bien plusieurs projets dont une adaptation de "Madame Bovary". C'est sous l'occupation nazie qu'il développe "Jour de colère" tiré d'une pièce de Hans Wiers-Jenssen ("Ann Pedersdotter") qu'il avait vue en 1925. Il s'agit du premier véritable film parlant de Dreyer, "Vampyr" étant presque exclusivement muet. Comme Benjamin Christensen, autre cinéaste danois, l'avait fait avec "La sorcellerie à travers les âges" en 1922, Dreyer remonte jusqu'aux temps reculés où l'obscurantisme induit par l'ignorance scientifique légitimait la toute puissance des institutions religieuses pour régir les comportements humains à partir de leur propre définition du bien et du mal. En 1623 au Danemark, la chasse aux sorcières est à son comble et comme l'expliquait si brillamment Benjamin Christensen dans son film, les femmes en payaient à elles seules le lourd tribut. Il faut admettre que la Bible en attribuant le péché originel à Eve avait grandement aidé à trouver le bouc émissaire idéal à tous les maux de la vie sur Terre. Une pauvre femme sans doute guérisseuse est la nouvelle victime désignée de ces tribunaux religieux que Dreyer avait largement dénoncés dans "La passion de Jeanne d'Arc" (1925). Deux cent ans après la mort de Jeanne sur le bûcher (le 30 mai 1431 à Rouen), on continue donc à travers toute l'Europe de brûler vives de pauvres femmes après les avoir torturées pour leur faire avouer leur prétendu lien avec Satan. Même procès mais style très différent pour le réalisateur qui délaisse la surabondance des gros plans empruntés à Griffith et à Eisenstein pour une esthétique picturale inspirée des grands maitres de la peinture hollandaise du XVIIème siècle (Rembrandt, Pieter de Hooch, Emmanuel de Witte, Frans Hals, Ter Bruggen). Le noir et blanc utilisé par Dreyer autant qu'il transcende le conflit entre le bien et le mal qui habite chacun des personnages, amplifie la rigidité des rapports humains fondés sur la culpabilité. Le procès est instruit par Absalon (Thorkild Roose) un prêtre luthérien d'âge mûr encore sous la très forte influence de sa mère (Sigrid Neillenda) qui supporte mal son remariage avec la très jeune Anne dont la séduction est à ses yeux déjà en soi un péché. Le retour du fils d'Absalon va sonner le glas pour Anne qui va naturellement tomber dans les bras de cet homme plus jeune. A travers l'opposition entre les deux femmes se confrontent l'intolérance et la soif de liberté. Une intolérance symbolisée par le procès inique que mène Absalon contre une vieille femme dont le corps sans défense est livré au bourreau. Images insoutenables que Dreyer alterne avec celles idylliques des deux jeunes amoureux qui unissent leurs corps et leurs âmes au sein d'une nature bienveillante sublimée par la musique extatique de Poul Schierbeck. Courts moments de félicité et de rêverie pour Anne qui sera rattrapée par la détermination de la mère d'Absalon, gardienne farouche de l'ordre établi. Comme il le fait depuis ses débuts au temps du muet ("Le maitre du logis"1925), Dreyer fustige la lâcheté de l'homme qui ne sait que masquer ses faiblesses et ses turpitudes derrière des institutions construites par lui dans ce seul but. Film somptueux, sans doute le plus maitrisé de Dreyer, "Jour de colère" tout comme "La Passion de Jeanne d'Arc" dénonce la perversion de la religion chrétienne par ceux qui la représentent.
5,0
Publiée le 12 février 2022
En 1625, au Danemark, un pasteur est remarié avec une femme presque de l'âge de son fils. Ces deux derniers tombent amoureux l'un de l'autre. La mère du pasteur qui est jalouse de sa brue la désigne comme responsable de la mort du pasteur, maudit par une soit disante sorcière qu'il n' avait pas tenté de sauver du bûcher. Dreyer réalise ici ce qui est considéré parfois comme son film le plus accompli. Cinéma d'auteur proche de celui de Robert Bresson, le film est une réussite totale. La lecture du livre de Bergson "les deux sources de la morale et de la religion" peut permettre de proposer ici une hypothèse à propos des thèmes traités par le film. La morale close ( celle qui se traduit par l'exclusion de son champs d'application de l'étranger, ou de celui qui pense ou vit autrement ) conduit la "sorcière " au bûcher et n'est que l'illustration de la façon dont la société tente de protéger inconsciemment sa survie. Quand à la religion et à ses représentants décrits ici, ils sont les faux mystiques d'une conception statique de la croyance. Ils ne sont pas du côté de la vie qui aurait conduit le pasteur à sauver la "sorcière ". La description des comportements humains illustrés, indique que l'idée de la paix et de l'ouverture sont les seules valeurs qui respectent la vie. La véritable conception de la religion, celle des hommes de bien, est celle qui permet de laisser s'épanouir les différences. Les " jours de colère " sont peut-être finalement ceux ou l'amour, la paix et le respect de l'autre culture ou de l'autre croyance n'ont pas obtenu toute la place qui leur revient. Celle ou l'élan vital ne souffre pas de limite. C'est ce que les personnages du film, à l'exception celui d'Anna, sont incapables de comprendre. Destiné aux spectateurs exigeants, aficionados du cinéma d'auteur.
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