Film culte de 1969 mettant en scène l’un des couples mythiques du cinéma français : Alain Delon / Romy Schneider. Culte au point que La Piscine aura prochainement droit à un remake (oui, il n’y a pas que les Américains qui ne savent plus quoi faire !), bien que le projet ne se concrétise pas plus depuis quelques années (et quelque part, c’est tant mieux !). Culte jusqu’à devenir le film de toute une génération, le jugeant comme incontournable si l’on s’intéresse à notre cinéma national. Qu’à donc La Piscine pour posséder un tel titre ? C’est ce que nous allons voir !
Car, en regardant sur le papier, La Piscine n’a rien d’un film exceptionnel. Bon d’accord, nous avons le couple Delon / Schneider (qui devait attirer les foules à l’époque). Mais si l’on regarde le synopsis de plus près, on peut commencer à se demander quel est l’intérêt du film. Soit un couple libre en vacances dans une villa de la Côte d’Azur qui voit sa tranquillité bouleverser par l’arrivée imprévue de l’ami (et peut-être ancien amant) de la femme, en compagnie de sa fille dont tout le monde ignorait l’existence jusqu’à ce moment-là. Ce qui aura comme conséquences crises de jalousie et rapprochement envers la fille de la part du personnage principal. Bref, raconter une histoire de doutes et vraisemblablement de tromperies pendant 2h, cela parait fort ennuyeux ! Mais il faut bien admettre que le scénario s’intéresse tout particulièrement au personnage d’Alain Delon. Le rendant glacial, antipathique, fort mystérieux et compliqué (pourquoi s’intéresse-t-il à une jeune comme Jane Birkin alors que ça compagne est Romy Schneider, très belle femme !), l’air brutal, prêt à exploser à tout moment. Une histoire qui trouve son ampleur dès la mythique scène de la piscine (on va éviter de spoiler pour ceux qui ne la connaitraient pas), le film valsant quelque peu dans le genre policier, où le personnage de Delon, toujours aussi glacial, se verra chambouler par le soutien de Schneider dont il commençait à ne plus vouloir. Montrant qu’avant tout, La Piscine est une histoire d’amour et d’amitié qui prend son ampleur dans la dernière partie du film. Pas original pour un sou mais beau à suivre.
Non, si La Piscine possède le statut de long-métrage culte, c’est pour son couple vedette (oui, je sais, je me répète) ! Un couple qui évite tout dialogue (il faut dire que le film ne se montre pas vraiment bavard) pour user plutôt du sex-appeal des deux acteurs pour créer une atmosphère des plus chaudes, des plus sensuelles. À l’époque, le cinéma (qu’il soit national ou international) n’était pas friand de scènes de sexe. Et quand on voit La Piscine, on se rend bien compte que c’est inutile de montrer de tels moments, tant les acteurs se prêtent au jeu : la plupart du temps en maillot de bain, corps humidifiés (par l’eau de la piscine et le climat de la Côté d’Azur), Schneider se mettant souvent à nu et prenant des poses sexy (le haut du 2 pièces retirés, allongée nue sur le lit…), des plans qui s’intéressent aux corps des acteurs, des scènes sensuelles explicites bien que ne dépassant jamais la limite pour devenir film classé X… Ajoutez à cela une interprétation digne de ce nom (de la part de Delon / Schneider mais également de Maurice Ronet et Jane Birkin) et vous obtenez des personnages attachants. Des acteurs qui arrivent sans aucun mal à mettre en valeur les relations et ambigüités qui les unis juste par leurs regards, faits et gestes.
Et n’oublions pas la mise en scène ! Si elle se montre banale (des acteurs filmés comme ça, sans imagination), elle arrive pourtant à nous emporter. Nous emporter là où Delon / Schneider sont : sous le soleil méditerranéen ! Pas de musique. Que le chant des cigales. D’éclaboussures provenant de la piscine. Le soleil qui tape fort sur le décor et la peau des personnages. Un film qui nous projette littéralement en vacances estivales, arriva nt à relaxer le plus stressé des spectateurs. Sans oublier le décor : une somptueuse villa, spacieuse et chaleureuse, qui donne franchement envie d’y séjourner ! Un cadre qui renforce la sensualité du couple et de l’histoire.
Film culte ? Et bien oui ! Quand le résultat se montre aussi sensuel que son couple vedette et que le long-métrage arrive à nous emporter et à nous compter une histoire finalement prenante en ne misant que sur cet atout, il y a de quoi mériter amplement ce titre ! Pas besoin d’être bavard, d’écrire tout un tas de dialogues qui, parfois, ne possèdent aucun sens. Ici, on joue avec le corps des acteurs, leurs regards, et c’est largement suffisant. Et du coup, il en devient difficile d’imaginer que Delon / Schneider seront remplacer par des acteurs récents, qui n’ont certainement le même charisme, la même prestance. La Piscine est sensuel comme il faut, n’entrant jamais dans le osé. Une chose que le remake ne respectera sûrement pas (il n’y a qu’à voir les premières images du remake d’Angélique, bien plus cul et dénudé que l’original).