"Le prophète" raconte l'histoire de Pietro Breccia qui, un beau jour, ne supportant plus la pollution, le consumérisme, son travail et son épouse, a quitté voiture et femme en plein milieu d’un embouteillage inextricable, sous le prétexte d’aller acheter des cigarettes. Pietro n’est jamais revenu et il est allé vivre une vie d’ermite sur le mont Soratte, à 40 km de Rome, une vie sans femme, sans alcool, sans tabac, avec Rosina, une chèvre, comme seule compagnie. Une vie où il pense être oublié de tous et qui semble lui convenir parfaitement. Sauf qu’à son sujet est née une espèce de légende et, un beau jour, une équipe de télévision vient faire un sujet sur lui. Un passage à la télévision qui va le jeter dans un engrenage infernal : la justice qui se rappelle à son bon souvenir, une jeune et affriolante hippie qui cherche à le débaucher, un homme sans scrupule qui tient absolument à lui faire profiter de sa notoriété sans, bien sûr, s’oublier au passage.
Dans "Le prophète", sorti en Italie en 1968, on retrouve le duo vedette de L’homme à la Ferrari, le film précédent de Dino Risi : Vitorrio Gassman et la comédienne américaine d’origine suédoise Ann-Margret. Au vu d’un tel trio, auquel on peut rajouter Ettore Scola comme co-scénariste, on est surpris que ce film n’ait jamais eu droit à une sortie en salles dans notre pays. D’autant plus que cette comédie s’avère fort plaisante du début jusqu’à la fin et qu’on peut rajouter, aujourd’hui, 50 ans après sa sortie, que, contrairement à pas mal d’autres comédies sorties à la même époque, elle a très bien résisté à l’usure du temps. En 2017, elle a en plus le mérite de rappeler que nombre des maux dont nous souffrons actuellement dans notre vie de tous les jours avaient déjà commencé à nous agresser il y a un demi-siècle : que, depuis, si peu ait été fait pour nous en débarrasser, là, ça ne fait pas rire du tout !