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Eowyn Cwper
119 abonnés
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3,0
Publiée le 26 janvier 2021
Réalisé par le gang Risi-Scola-Cecchi-Gori, Il Gaucho est réversible : presqu'aussi regardable en Italie qu'en Argentine, c'est un de ces films qui bénéficient de l'âge d'or où les stars faisaient fleurir les pendants non politiques d'une globalisation en marche. Quelques moqueries mises à part (équilibrées d'ailleurs, puisqu'intervenant aussi bien envers l'Argentine "restée au temps des caravelles" que contre les starlettes italiennes s'attendant à voir l'Équateur peint en jaune lors de son survol), on en oublierait presque que la caméra marche toujours aux côtés de la classe la plus haute, du sommet de laquelle on contemple un précipice social et économique inquiétant.
Tout est là pourtant, derrière l'humour résolument pertinent de Risi et l'effervescence constante du choc culturel qu'il met en scène. Quelle perte de ne pas comprendre la myriade de moments où les langues se mêlent et sèment la complicité au détour d'une incompréhension ou d'un jeu de mots. Argentin, Italien, Français... : qui que l'on soit, on ne peut plus rien faire aujourd'hui que s'accrocher aux branches de ce titanesque arbre couvrant le cinéma d'une canopée de lucidité, et portant les graines aussi critiques que conciliatrices d'une collaboration rendue possible par une période très courte, mais brillante, où l'embryon du monde contemporain se costumait innocemment.
Quand ils partent en Argentine pour tourner "Il Gaucho", Dino Risi et Vittorio Gassman sont en pleine euphorie et sans doute un peu grisés par le succès comme le dira lui-même Gassman. Les deux hommes qui se sont rencontrés sur "Il matamore" en 1959 ont depuis accumulé les succès. Après "La marche sur Rome", "Le fanfaron" et sa suite "Il successo", ils ont enchaîné avec "Les monstres", joyau de cruauté satirique qui relança le film à sketches, spécialité italienne. "Nous étions tous un peu pressés. Nous nous moquions un peu de tous. Nous avions un peu perdu la mesure...". C'est sans aucun doute ce climat de folie décrit par Gassman qui donnera ce ton si particulier à ce film quasiment inconnu en France (une ressortie toute récente DVD est à signaler) dont il se dit qu'il fait l'objet d'un véritable culte en Italie. Dino Risi avait été récompensé deux ans plus tôt du prix de la mise en scène au Festival de Mar del Plata pour "Le fanfaron". Nul doute que ce voyage de l'équipe d'un film autour d'un attaché de presse hableur et macho lui a été inspiré par cette récompense venue du pays des gauchos. Il n'a qu'un mois pour écrire le scénario avant que le tournage ne commence à Buenos Aires. Il traverse donc l'Atlantique avec Ettore Scola pour rejoindre la capitale argentine où séjourne comme en Uruguay une importante colonie italienne. La continuité scénaristique du "Gaucho" souffrira un peu de cette précipitation. Mais Dino Risi parviendra à masquer ce manque grâce à l'abattage de Vittorio Gassman très bien épaulé par Amadeo Nazzari et Silvana Pampini. La description de l'effervescence qui règne autour du festival et de la folie qui l'entoure fera le reste. Fidèle dans un premier temps au ton habituel qui fait tout le sel de la collaboration entre les deux hommes même si les mimiques de Gassman sont un peu moins efficaces pour les raisons citées plus haut, le film prend avec l'arrivée de Nino Manfredi dans son dernier tiers une couleur automnale rappellant que les deux compères ont aussi une face mélancolique qu'ils avaient déjà exposée dans "Le fanfaron". La folie qui entoure cette escapade argentine retombe donc pour laisser place aux retrouvailles de l'attaché de presse un peu groggy avec un ancien camarade d'université venu en vain chercher fortune dans la pampa, symbole du destin de ce petit peuple d'émigrés vivant chichement dans les faubourgs de Buenos Aires à l'écart de tout le faste déployé par le milliardaire interprété par Amedeo Nazzari qui n'a en réalité d'amour pour son Italie natale que le clinquant et le frivole. Petite farce anodine écrite à la va-vite, "Il gaucho" recèle dans son écriture grâce à la finesse d'Ettore Scola et à la sobriété qui habite parfois Risi, quelques scènes magnifiques entre Gassman et Manfredi qui en font un film très curieux se dévoilant au fur et à mesure que les personnages se fatiguent de la frénésie festivalière. On le sait, Risi est tout à la fois capable de moquer un nostalgique du fascisme portant la moustache d'Hitler (allusion à peine voilée à la grande migration des dignitaires nazis vers l'Amérique du Sud au sortir de la Seconde Guerre Mondiale) que de s'émouvoir de ce compatriote déraciné qui a compris que nulle part il ne pourra se sentir chez lui. C'est là tout le charme de la comédie italienne qui tourne en dérision les émotions humaines sans jamais faire de ses personnages de simples pantins. Ajoutons enfin que la description des femmes faite par Scola et Risi serait pour eux aujourd'hui l'assurance de ne pas pouvoir exercer leur art. Autres temps autres mœurs.
1963 est un bon millésime pour Risi avec Les monstres et Il giovedi. Le gaucho souffre de la comparaison, tant cette pochade est bavarde est pas très drôle. Attaché de presse en grosses difficultés financières, Mario accompagne une équipe de cinéma à un festival cinématographique en Argentine. La communauté italienne de Buenos Aires ne leur laisse pas un moment de répit entre visites d'estancias et fêtes "al dente". Le film manque de chair et ressemble parfois à un dépliant touristique. Gassman, déchaîné, est l'unique raison de voir cette oeuvre sans relief.
Un film a voir pour la culture générale italienne. En prime, on visite Buenos Aires des années 60 avec Vittorio Gassman(Marco) accompagné de magnifiques créatures. L'histoire traite de la superficialité des relations dans certains milieux(ciné, industrie) mais aussi de la nostalgie des italiens a l’étranger. Vittorio le grand est magnifique, il est a son top, il a du beaucoup s'amuser, on comprend que sa relation avec Dino Risi, le réalisateur, est fantastique car il se permet tout ce qu'il veut et ça marche. Un film qui s'adresse donc a tous les amoureux de l'Italie. Un passage que j'adore, Marco téléphone a sa femme d'un restaurant de Buenos Aires ou il fait la fête et lui demande juste le résultat de l'AS Roma, sa femme lui et répond qu'elle ne le connait pas...incompréhension totale homme/femme... Un autre ou il se retrouve dans la propriété du milliardaire italien dont le jardinier allemand est en argentine depuis 1945 et est accessoirement le portrait crache d'Hitler. et tant d'autres moments mémorables...