Pour sa nouvelle apparition sur nos écrans, Monsieur Box Office s’est assuré les services d’un Frenchman prometteur. Bruce Willis le comédien est en effet tombé sous le charme du Nid de Guêpes de Florent Siri.
Il lui a fallu ensuite convaincre Bruce Willis, le producteur, de confier une partie de ses ressources au jeune metteur en scène français. A l’en croire, ce fut chose aisée, tant la tension se dégageant de l’atmosphère confinée du premier long-métrage de Florent Siri l’avait impressionné. Alors voilà les deux compères embringués dans la même aventure, laquelle fait elle aussi la part belle aux lieux clos.
Après Mathieu Kassovitz (Ghotika) et Jean-François Richet (Assaut sur le Central 13), c'est désormais au tour de Florent Siri de se mesurer aux grosses machines américaines. Dans la banlieue de Los Angeles, un preneur d'otages éreinté nous convie à un drame annoncé. Le négociateur, Jeffrey Talley, vit là un des moments clés de son existence. Un tournant radical, qui marquera pour lui un nouveau départ, et le fera s'éloigner de la frénésie de la mégalopole.
Une nouvelle vie commence, le « héros » étant désireux de se mettre au vert. Mais est-il besoin de le rappeler, le personnage-clé du film est tout de même interprété par Bruce Willis. Il serait donc dommage de le cantonner à jouer les utilités.
La petite existence réglée au quart de tour de Jeff Talley va donc se trouver bouleversée par sa rencontre avec trois petites frappes au départ peu crédibles. Les jeunes malfrats vont avoir dans l'idée de voler le véhicule rutilant d'un riche banlieusard, à l'intérieur de sa magnifique demeure. Cela va mal se passer, et Jeffrey Talley ne sera pas loin. Sa rédemption pourra alors véritablement débuter.
Le film de Florent Siri est sympathique à plusieurs égards. Non dénuée d'un certain réalisme, il est parsemé de petits éléments essentiels à la cohérence de l'ensemble. Ça et là des revirements de situation assez habiles viennent régulièrement relancer la dynamique de l'histoire. L'hystérie des jeunes preneurs d'otages est pour beaucoup dans le caractère imprévisible de certaines scènes. Car le trio de mauvais garçons est composé de personnalités aussi disparates qu'on peut les imaginer. Le réalisateur a tenu à donner une certaine épaisseur à ses personnages, il a donc fouillé leur psychologie plus que le genre ne le fait d'ordinaire. D'un côté, le jeune chien fou survolté, hyperactif, qui alterne les moments d’euphorie et le plus profond désespoir, de l'autre, le jeune paumé tendance gothique (et semblant tout droit sorti de The Crow, ça ne peut décemment pas être le hasard !!!), malsain et rêveur à souhait, et pourtant terriblement efficace dans la poursuite de ses idées noires. Et au milieu, le jeune frère du premier, le seul à posséder une once de bon sens, mais qui ne parvient jamais à l'imposer tout à fait, tant il est influençable.
À côté de cela, il y a bien sûr les inévitables gunfights, aussi bon qu’on peut les faire lorsqu'on est occidental, et un sens des décors indéniable.
Avec Otage, Florent Siri confirme ce que l'on avait pu sentir avec Nid de Guêpes, à savoir que sa nervosité s'exprime au mieux lorsqu’elle s'inscrit dans le cadre exigu de milieux confinés. Là encore, l’obscurité et l’unité de lieu font merveille, et permettent au réalisateur français de renforcer la première bonne impression qu’il avait pu susciter.
À l'issue de la confrontation entre Jeffrey Talley et les malfrats en tous genres se dressant sur son chemin, le héros ressortira vainqueur, bien que sévèrement blessé, grandi par ce concept si typiquement hollywoodien qu'il n’y avait rien d’autre à faire, et que les méchants ne peuvent que connaître un sort funeste. En somme, le destin réservé à tout méchant qui se respecte, en particulier lorsqu’il se mesure à l ‘inoxydable Bruce Willis. On sera ainsi tenté de pardonner ce dénouement un chouïa prévisible, dans la mesure où ce qui précède se situe dans la moyenne haute du genre.