Dans les années 80, David Cronenberg, c'était quelqu'un; maître de l'horreur, on lui doit le fameux Scanners, dont La nouvelle génération est une sorte de suite/remake à l'intérêt peu discernable. Banale reprise de ce qui avait fait le succès et le talent du premier, la maîtrise de l'horreur et le budget en moins, cette première suite se perd dans un scénario qui tente de reprendre la complexité du premier, avec la même pléthore de personnages et de complots pharmaceutiques.
Christian Duguay, réalisateur canadien à qui l'on doit notamment le très sympathique Planète Hurlante, Jappeloup et L'art de la guerre, signait ici sa première mise en scène; cela se sent évidemment, le film ne parvenant pas à dépasser le classicisme de ses plans, leur platitude et leur stabilité sans faille. Il y a aussi parfois quelques erreurs de cadrages, des acteurs mal placés dans le cadre ou des angles mal travaillés.
Bien sûr, c'est pardonnable; la volonté de faire bien sans comprendre qu'on n'en a pas les moyens, un peu moins. Certes appréciable et, quelque part, admirable, cette démarche démontre une propension à se prendre au sérieux tout de même importante, et s'il avait pour envie de faire de son premier film un bon film, c'est qu'il aurait du s'armer de meilleurs chef de la photographie : beaucoup trop sombre, Scanners 2 joue n'importe comment avec les lumières, se limitant à des environnements intérieurs éclairés mollement et des zones d'ombre surexposées à des projecteurs éblouissants (on se souviendra de l'horrible scène de combat en début de film, où le personnage, futur antagoniste du film), fuie dans un immeuble sous des lumières qui s'affichent en suivant les pales de ventilateurs géants.
C'est insupportable, plutôt laid et affreusement sérieux, d'autant plus que Duguay nous rebalance tout le bestiaire d'effets dégueulasses du film original et de l'oeuvre de Cronenberg en général, l'invention et le génie plastique perdus. On comprend bien qu'il y a justement une modification des pouvoirs et des stades d'exposition pour limiter le budget, que les corps, plutôt que de subir directement l'explosion de la tête, sont propulsés par télékinésie; les fils étant moins chers et moins longs à mettre en place que tout le processus d'explosion d'un crâne (l'effet étant au moins reproduit une ou deux fois), il faudra donc s'attendre à moins de spectaculaire et plus de parlottes, le scénario se pensant aussi intelligent, quand il n'est qu'ettirement en longueur et dialogues stupides.
Des dialogues d'ailleurs comiquement interprétés par des acteurs sans grand talent, entre la passivité fascinante et le surjeu le plus total (l'antagoniste du film en est presque fascinant). C'est finalement si cliché, si ridicule, grotesque, qu'on n'a presque plus envie de le prendre au sérieux, et que le seul plaisir à y trouver sera de l'ordre de la moquerie, tant Scanners 2 est un nanar intéressant, qui n'atteint certes pas des sommets de stupidité mais permet de se détendre sans trop se prendre la tête. C'est mauvais, forcément, mais pas dégueulasse non plus.