Chers lecteurs et chères lectrices, soyez les bienvenus à Venise, capitale de la Vénétie, du romantisme, et accessoirement terrain de jeu du plus célèbre bourreau des cœurs féminins, j’ai nommé Giacomo Casanova. Venise est réputée pour son patrimoine culturel et architectural, et offre ainsi un environnement superbe pour le cinéma qui constitue presque une alternative à la visite des nombreux canaux vénitiens s’articulant autour des somptueux bâtiments qui encadrent la célèbre place St-Marc. En effet, les décors proposés ici sont très beaux, même si parfois on voit bien que certains d’entre eux ne sont ni plus ni moins que des maquettes. Les costumes sont également superbes, retranscrivant à merveille les tenues festives encore utilisées aujourd’hui à l’occasion du carnaval et autres événements d’importance. Grâce aux décors et costumes, l’immersion en l’année 1753 est réussie, bien portée également par les différentes compositions glanées un peu par-ci par-là chez Antonio Vivaldi, Francesco Durante et Jean-Philippe Rameau pour ne citer qu’eux. Faire un nouveau film sur l’homme à la luxure libidineuse était un pari risqué, du fait que ce personnage a été porté à l’écran à plusieurs reprises. Avec cette version, vous constaterez que certains fustigent ce film parce que la psychologie du personnage n’a pas été respectée. Franchement, je n’en sais rien puisque je ne connais pas personnellement Casanova ; nous n’avons même pas été en classe ensemble ! Normal, me direz-vous, puisque deux siècles et demi nous séparent… Mais ce que j’en dis, c’est que si c’était pour faire la même chose que les films précédents, je n’en vois pas l’intérêt. Il fallait un peu de neuf, et cela a été bien fait. "Casanova" est donc une petite variante quant à cette légende de l’amour, offrant au spectateur une vraie leçon de séduction. La "courtiserie" n’est pas donnée à tout le monde, alors prenez-en de la graine. Pour cela, le futur réalisateur de "Hatchi" a réuni un casting superbe, avec en tête de liste le très regretté Heath Ledger, celui-là même qui en marquera plus d’un à travers son rôle du Joker dans "The dark knight". Son talent est tel qu’il impressionne dès les premières images : un regard d’une rare intensité, brûlant à souhait, résolument troublant pour un personnage flanqué de son valet (Omid Djalili, savoureux) avec qui fait il fait vraiment la paire, que nous avons peine à dissocier tant leur complicité semble évidente et bien réelle. Sienna Miller va lui donner du fil à retordre à travers Francesca, permettant plus ou moins de casser le mythe de Casanova, poussant cet invétéré séducteur à faire preuve de plus de roublardise et d’opportunisme qu’à l’accoutumée. Avec le concours de Natalie Dormer qui n’en peut plus d’attendre, le trio va nous offrir des situations rocambolesques, dont le point d’orgue va se passer autour d’une table lors du bal du carnaval. Une scène carrément désopilante. Bien entendu, rien n’aurait été possible sans les autres rôles secondaires, comme Oliver Platt très inspiré avec ses postures royales et ses grands moments d’embarras, qu’on pourrait qualifier aussi de grands moments de solitude. Ou comme Jeremy Irons, dans le rôle de l’évêque inquisiteur vraiment effrayant, mais qui prête à sourire aussi
, surtout lorsqu’il demande des explications sur la situation alors qu’il vient d’envoyer se faire dévorer ceux qui étaient en charge de l’affaire
; malgré cela, il glisse doucement dans la caricature au fur et à mesure que le film avance. Citer l’ensemble du casting serait long, mais à vrai dire, l’ensemble des comédiens s’est visiblement beaucoup amusé sur ce scénario, à la fois frais et léger. Et c’est ce qui ressort de cette réalisation de Lasse Hallström : de la fraîcheur, de la légèreté, et beaucoup d’humour savamment distillé par des situations cocasses provoquées par une pléiade de quiproquos, les quiproquos étant l’arme absolue des pièces de théâtre résolument tournées vers la comédie. Je ne vois rien à redire sur le film jusqu’au procès, et je m’apprêtais à donner la note maximum malgré le fait que j’attendais des dialogues au vocabulaire un peu plus soutenu. Mais à partir de ce fameux procès, j’ai senti une nette baisse d’intensité, due certainement à une perte de crédibilité dans l’histoire. Cependant cela a permis aux scénaristes de nous offrir un dernier coup de théâtre qu’on ne voit pas venir, amené très habilement par un court prologue également utile pour encadrer l’histoire et la psychologie du rôle-titre version 2005. "Casanova" millésime 2005 est une bonne farce théâtrale très divertissante, et c’est ainsi qu’il faut le prendre au cours de laquelle on nous donne une très jolie définition de l’amour
: "L’amour, (…) c’est de trouver qu’il fait beau tous les jours. Parce que le vent et la pluie sont toujours beaux quand on est amoureux"
. Une définition qui sera mis en application en fin de film.