Sicile, début du 19ème. La Révolution Française fait parler d'elle. Des combattants libertaires italiens prennent la tête des mouvements de la paysannerie en colère. Un de ces combattants, arrêtés puis libérés, tentent de rendre ses illusions auprès de sa famille aristocratique. Mais les temps de l'engagement le ra trappe...Si allonsanfan est un très grand film, c'est d'abord parce qu'il est d'une liberté bien importante, se detournant de l'heroïsme exemplaire, le film avance en decà des espérances de chacun. Il ne suppose aucun rêve, aucune fierté, mais une beauté formelle remarquable, à l'esthétique baroque se supperpose la lassitude de la rigueur, et on sent les cinéastes prompte à l'immédiateté plus qu'au spectacle. Les moments ou s'intercalent les données d'un cinéma populaire sont plus là pour rappeler l'humanité de la tragédie, son encrage constant et boueux dans le coeur des personnages, et n'offrent aucun réconfort à la douleur qui sous tend le film. Rare la dimension nihiliste d'un personnage comme celui incarné par mastroianni aura atteint un tel éclat d'amertume. Le remarquable du film tient autant en la parabole enchantée, à l'attrait livresque et épique, qu'à la démesure de l'interprétation, tout est merveille des sens, et le mot beaux arts (pervertis par l'extrait charnel) retrouve son sens le plus juste. La fête du corps et de l'esprit, la jouissance des deux. Rare sont les films qui offrent un éventail aussi plaisant, les frères taviani ont construit un grand film anti conformiste et ils ne monnayent pas leur originalité.