22 ans sépare le premier opus du quatrième, 22 ans d'attentes insatisfaites. Et ce n'était pas la sortie successive du deuxième et troisième opus qui avaient comblé cette drogue dure qu'est le cinéma dinosaurien. Tout cinéphiles où cinéphages avertis le sait avec une science plus où moins exacte : le premier d'une saga cinématographique reste majoritairement le plus abouti et s'installe comme support immuable de comparaison à ses héritiers. Steven Spielberg avait mit tout le monde d'accord en 1993, il mettra tout le monde d'accord en 2015. Jurassic World est une oeuvre de mauvaise qualité. Je ne prends aucuns plaisirs à le mentionner ni même à l'écrire, c'est même tout le contraire. Comme beaucoup d'entre vous, j'ai été pris dans mon imaginaire collectif des années 90 et comme beaucoup d'entre vous l'enfant qui sommeil en moi est ressorti déçu voir carrément en colère. Je suis donc aller le voir une deuxième fois (le sadomasochisme s'exprime sous toutes ses formes :D ). Pourquoi ? Et bien pour comprendre l'enthousiasme ambiant qui s'empare de ce film, pour édulcorer ma première impression de cinéphile pointilleux, pour le visionner dans une démarche de pure divertissement. Après tout, Jurassic World est d'une certaine façon une entité indépendante. Les producteurs ( Spielberg inclus ) n'ont pas choisi de le nommer Jurassic Park IV où Jurassic Park 2.0 ( s'il on s'attache à la chronologie de la Saga ) mais bien Jurassic Wolrd. Alors oui c'est joué sur les mots, mais les mots n'ont-ils pas un sens ? N'est-ce pas une indication sur son émancipation envers son aîné ? Donc partant de ce postulat, je me décide de l'apprécier pour ce qu'il est et non ce qu'il représente. Commençons par les fondamentaux : la mise en scène, les acteurs, le son, l'éclairage, le montage et son traitement numérique. Sur le dernier rien à dire, c'est beau, c'est propre, l'immersion fait doucement son chemin et remercie le boulot présenté. Toutefois, je reste bloqué sur un détail.... 150 000 000 dollars ! Comment avec un budget aussi conséquent déboucher sur quelque chose de certes stimulant mais horriblement répétitif et tape à l'oeil ? Je suis dans un cinéma, pas dans un cirque ! Un film d'action n'est pas un film de bourrin, c'est un film où les résolutions d'intrigues se font de manière musclée ( nuance ! ). J'ai limite l'impression de voir un nanar haut de gamme ( imaginez le paradoxe ) qui reflète l'action sans interruption mais qui traîne la vraissemblance et l'histoire comme un boulet au pied. C'est un blockbuster ok. C'est du tout public ok. On est pas dans une relecture du naturalisme où un épisode ancêstrale du National Géographic ok. Mais tout de même ! Des raptors dressées. Vraiments ? Un Indominus Rex qui synthétise tout la cruauté et l'intelligence dans un seul animal au point d'être humanisé. On fait dans l'hybride maintenant ? J'ai l'impression de voir un catalogue version tuning de la paléontologie tels que Spielberg nous la présente. On peut s'estimer en droit d'établir un seuil de qualité envers un blockbuster. Les gens ne sont pas stupides ( pas autant qu'on veut nous le faire croire ) et ne sont pas des vaches à lait. Dois-je réellement m'identifier à Chris Pratt et sa version éculée du Badass ( dont on ne connait ni les origines ni les faiblesses vive l'apologie du héros lisse ) où Bryce Dallas Howard dont les blagues de mauvais goûts et le manque de sérieux dans les situations critiques n'offres aucunes crédibilités aux dangers qu'on nous présente ( enlever tes talons et remonter ta chemise, ça fait de toi Rambo poulette ? ). Des enfants ? Des hologrammes de l'enfance rien de plus, aucunes âmes, aucunes relations à la nature ni même une correspondance avec l'absurdité du monde des adultes. Les méchants ? Bah ils sont là pour être méchant, leurs raisons restent évasives et nébuleuses à part l'immuable cliché de l'appât du gain. Qui n'est pas Hammond, Grant, Muldoon où Nedry qui veut ( Désolé j'avais dis pas d'analogie au premier opus ). La mise en scène ? Et bien on visite un parc d'attraction, c'est tourné à la sauce publiciste qui essaye de vendre ses produits dérivés. Des gros plans sur les marques, des rappels du premier opus, des plans d'ensembles qui servent à mettre en exergue la version remixée de la musique de John Williams (utilisée à outrance durant tout le film ). Les dialogues sont indigestes et la plupart du temps indignes d'une production professionnel ( Qui ne voit pas venir certaines phrases toutes faites, c'est limite l'apparition de Chuck Norris facts. Quand aux costumes, le jeu d'éclairage est tellement propre ( virtuel vive l'absence d'éclairage naturel) que les habits font trops neufs, trop pubs pour sac à dos de randonnées. Le constat est sévère c'est vrai mais ne sont-ils pas censés faire partie de l'élite de l'entertainement de qualité ? Nous parlons de la supervision de Steven Spielberg même si Colin Trevorrow est à la réalisation. Où sont les thématiques intimites et intellectuelles sur la place d'une espèce dans un environnement ? Où sont les questionnements existentiels et sentimentaux des personnages ? Avez vous senti que le premier opus était ennuyeux et sans actions ? (Désolé j'y retourne encore ) Non et pourtant, ces éléments étaient présents. Gardez une phrase à l'esprit : Jurassic Park est un film d'aventure qui emprunte les genres ( thriller, comédie, drame, action ) dans un délicieux mélange d'esprit et de muscles alors que Jurassic World est un nanar d'action grand budget qui tend à séduire les cinéphages qui n'ont rien compris aux fondamentaux du mythe Jurassic Park.