Depuis plus d'un an nous attendons, fébriles et avec un certain scepticisme, le nouveau dinosaure de la firme Jurassic Park, s'imaginant le pire, au fur et à mesure que les vidéos promotionnelles s'enchaînent. Et pour cause, Spielberg ne revient pas dans la course aux T-Rex, l'ancien casting, à l'exception de B.D. Wong, s'est abstenu et les relents amers de l'ancien Jurassic Park 3, grande parodie qui s'ignore, a fini de nous convaincre que tout ceci n'était pas une idée formidable... Et pourtant ! Les applaudissements retentissent dans la salle de cinéma, les gens de tous âges s'exclament de peur, de rire et de rêves: Jurassic Park vient de renaître et notre enfance aussi !
Alors, il faut l'avouer, le combat mené semblait plutôt perdu d'avance. Evidemment, le dinosaure allait faire un carton plein, en cette période pré-estivale, où le spectateur ne recherche que la sensation forte, mais le risque était de voir surgir, du fond de l'enfer dantesque des stéréotypes, les erreurs les plus inacceptables, face au spectateur fanatique qui vénère encore, dans les abîmes de son incorruptible esprit, les indomptables raptors, intelligents et cruels et l'indétrônable dieu des dinosaures, le royal T-Rex ! La réponse ne s'est pas fait attendre, puisqu'en effet, le sacrilège a eu lieu ! Chris Pratt chevauche une moto (ouf pas un dinosaure!), combattant, à l'aide de ses loyaux raptors, une plus grosse bébête encore que le monde n'aura jamais connu avant, une femelle créée pour tuer, pour annihiler et pour nous ennuyer... A présent tout semble s'expliquer : les vidéos promotionnelles tentent de nous sur-vendre un film, Spielberg paraît inexistant de ce projet, dont il est, pourtant, le producteur exécutif. Enfin, la clause de confidentialité imposée aux critiques avant le jour J révèle, comme l'a fait 50 nuances de Grey, un désastre à venir !
Rassurez-vous ! Les pires moments du film sont bel et bien, et seulement dans les extraits, qui, loin de nous raconter toute l'histoire, nous dévient totalement de la véritable essence du film, une belle réussite imparfaite et profondément honnête. Alors, cette promotion, est-elle un aveu anticipé de toutes les faiblesses du film ou un formidable coup marketing ? Assurément les deux ! Le spectateur se retrouve, à l'arrivée, devant un bon film qui remet à l'ordre du jour la sagesse des anciens, la force du retour aux sources et l'immense hommage au cinéma catastrophe des plus grandes époques, que le premier et le deuxième opus avaient magnifié. C'est pour la première fois, qu'un ensemble de trailer, teaser et extraits nous ment, à de nobles fins, pour notre plus grand plaisir ! Ainsi, le bouche à oreille ne pourra qu'en être meilleur !
Comme un bon film pour grand public, la panoplie des personnages archétypaux, ne fait que rajouter à notre délectation et l'on pardonne, sans problème, les moments plus « faciles », provocateurs d'émotions excessives, typique du blockbuster familial. De même, à certains moments, la réalisation use de ressors clichéiques, dont l'usage parfois exagéré du ralenti, et l'entrée du grand sage au centre de l'image (souvent Chris Pratt) qui prononce une vérité profonde sur les rapports entre l'homme et le divin.
Malgré tout cela, Jurassic World s'en sort avec les honneurs et se permet même de réaliser de vieux rêves enfouis que Steven Spielberg n'avait jamais osé tenter. Le bonheur de voir le parc enfin vivre, même pour un moment, est au delà de toutes les espérances du fan nostalgique, du public adulte averti et de l'enfant, dans ses premiers pas de spectateur candide et sensible !