Quatrième opus de la populaire saga Jurassic Park et rebaptisé pour l’occasion Jurassic World afin de marquer le renouveau de cette mythique franchise hollywoodienne, le film de Colin Trevorrow était l’un des plus attendu de l’année et surtout l’un des blockbusters évènements de cette saison estival 2015. Gros divertissement destiné à remplir les salles obscures et à vendre des tonnes de pop-corn, Jurassic World remplie en effet très bien son cahier des charges de film à grand spectacle mais souffre tout de même de certains défauts qui vont venir limiter sa réussite de gros divertissement d’été. L’Indominus Rex, une nouvelle espèce de dinosaure génétiquement modifiée, pure création des chercheurs de Jurassic World supervisés par la scientifique Claire Dearing, réussit à échapper au contrôle de ses créateurs et sème la terreur dans le nouveau parc d’attraction, ouvert il y a vingt ans grâce à son rachat par l’héritier spirituel de John Hammond, le milliardaire indien Simon Masrani. Les espoirs de mettre fin à cette terrible menace qu’est l’Indominus Rex se portent alors sur le dresseur de Velociraptors Owen Grady, un ancien militaire reconvertit avec succès dans le dressage de dinosaures. Cela faisait quatorze ans que les célèbres dinosaures de la franchise Jurassic Park n’étaient pas revenu ravager les salles de cinéma après le décevant troisième épisode sorti en 2001 sous la direction de Joe Johnston qui fut à la fois un échec critique et commercial faisant de lui l’épisode le moins lucratif de la saga. Et surtout, Jurassic Park III fait figure de vilain petit canard dans cette saga car étant l’épisode le plus mal aimé et décrié des fans notamment à cause de cette défaite du T-Rex face à un Spinosaure redoutable. Ce quatrième opus se devait donc de surpasser le troisième film, moins bon que les précédents tout en ayant un sympathique côté divertissant, mais surtout, Jurassic World devait avant tout relancer cette franchise populaire tout en la modernisant et effectuant une réinvention de l’histoire sans faire oublier le mythique premier volet mis en scène par Steven Spielberg et qui fit un carton lors de sa sortie en 1993. Le film de Colin Trevorrow n’est donc ni un reboot ni un remake du classique de 1993 car il lui fait hautement référence à travers des clins d’œil savoureux et c’est surtout que l’histoire se situe vingt ans après la catastrophe du premier parc qui tourna au massacre. Jurassic World est donc une suite directe du premier film tout en étant une réinterprétation moderne de cet univers cinématographique qui permettra de lancer une nouvelle trilogie avec de nouveaux enjeux et personnages à condition que le film soit un succès au box-office mondial. Et aux vues de ses premiers chiffres de démarrage aux Etats-Unis c’est fort probable, plus de 204 millions de dollars de recettes pour son premier week-end d’exploitation, Jurassic World réalise ainsi le meilleur démarrage de la saga et le deuxième plus gros démarrage de tous les temps juste derrière Avengers, de quoi officialiser la mise en chantier d’une suite et même d’une troisième. Et donc une fois l’avoir vu je peux dire que oui, Jurassic World est en effet plus réussi que Jurassic Park III sans malheureusement égaler en termes de scénario et de charme le premier film, décidément inégalable, et même le deuxième opus intitulé Le Monde Perdu : Jurassic Park également mis en scène par Steven Spielberg. En fait Jurassic World est un film assez inégal puisqu’il remplit d’un côté parfaitement son quota de scènes spectaculaires, de dinosaures terrifiants et d’effets spéciaux impressionnants pour faire de lui le bon divertissement à voir pour se changer les idées et en prendre plein la vue mais d’un autre côté il déçois sur certains éléments et inquiète (légèrement bien sûr) pour l’avenir de la franchise. Le film est donc d’abord ce divertissement codifié du XXIème siècle auquel je m’attendais, à savoir une grosse machine gonflée aux effets spéciaux destiné à cartonner et à rapporter des sommes astronomiques dans les box-offices du monde entier. Et même en percevant de plus en plus les limites de ces blockbusters que je continue encore d’adorer, Jurassic World possède d’abord des qualités qui m’ont permis de l’apprécier pour ce qu’il est et ce qu’il veut être. Ce film n’est ni un grand film d’auteur ni un chef-d’œuvre qui marquera l’Histoire du Septième Art, il est tout simplement ce qu’il montre aux visiteurs du parc : une attraction. Nous avons donc pendant deux heures un gros divertissement moderne plein d’action et d’effets visuels superbes le tout empreint d’une belle nostalgie de son aîné sorti en 1993 auquel Colin Trevorrow, tel un enfant rêveur de dinosaures et fasciné par le chef-d’œuvre de Spielberg, fait référence à travers différents clins d’œil savoureux et n’essais jamais de faire mieux que Jurassic Park premier du nom et heureusement. Accompagné d’une mise en scène dynamique et puissante, Jurassic World est un film qui prend d’abord le temps de s’installer pour présenter le parc, les nouveaux personnages et l’orientation que va prendre l’histoire. Et grâce à la réalisation de Colin Trevorrow et au travail de toutes ses équipes, le rêve de nombreux fans est enfin devenu réalité avec ce film. Le parc est ouvert ! Dans la trilogie originale jamais le parc n’a réussi à ouvrir car tenu en échec par ses attractions et donc désormais c’est chose faite avec Jurassic World : des hôtels, des restaurants, des boutiques de souvenirs, des milliers de touristes, des attractions démentes avec Tyrannosaure-Rex, Mosasaure, Brachiosaures ou encore des mini-Tricératops trop mignons. Le parc en lui-même est juste génial et rien que pour ça je dis merci ! Ensuite ce qui permet aux spectateurs de ne pas s’ennuyer pendant le film c’est bien grâce aux impressionnants morceaux de bravoures shootés avec intensité par Colin Trevorrow qui nous met au centre d’affrontements intenses entre dinosaures, à l’image du combat final, et les diverses attaques sur les touristes notamment avec les Ptéranodons échappés de la volière. Mais ce qui restera comme la meilleure scène du film selon moi c’est tout simplement celle où Chris Pratt, chevauchant sa moto au milieu des Raptors lancés sur les traces de l’Indominus Rex, traverse la jungle tel un chasseur de monstres avec ses « chiens de chasse ». Franchement il n’y a pas plus cool que cette scène-là. Et c’est ce qui me permet d’en arriver aux acteurs, car si j’ai trouvé le film divertissant ce n’est pas seulement grâce à son sens du spectaculaire dans sa mise en scène et le fait de retourner dans l’univers mythique de la saga Jurassic Park. Car si le film a réussi à me convaincre malgré ses défauts c’est bien grâce à ses acteurs et notamment ses deux stars principales que sont Chris Pratt et Bryce Dalles Howard. D’abord je trouve que le duo fonctionne parfaitement bien et même si leur histoire sentimentale est ultra-clichée et qu’on la voit venir dès le début, ça marche plutôt bien car les deux acteurs dégagent un capital sympathique très agréable qui fait qu’on s’attache très vite à leur personnage. Chris Pratt confirme ainsi son statut d’acteur le plus cool d’Hollywood avec son rôle d’Owen Grady, dresseur de Raptors et ex-militaire qui dégage un tel charisme dans ce film qu’il m’a tout de suite convaincu. Armé d’un fusil de chasseur, d’une tenue d’aventurier digne d’un Indiana Jones des temps modernes, d’une moustache telle les héros des vieux films américains des années 1950/1960 dans la veine d’un Clark Gable dans Mogambo de John Ford, mais en plus badass et cool bien sûr, Chris Pratt est d’une classe et d’une coolitude géniale, apportant au passage un peu d’humour au film. Quant à Bryce Dallas Howard, la jeune actrice qui campe ici la scientifique Claire Dearing est tout simplement parfaite elle-aussi dans son personnage. Plein de charisme et tout simplement très séduisante, l’actrice est la touche glamour du film et convainc totalement avec son personnage qui s’impose petit à petit comme une aventurière courageuse qui fait face aux maîtres de l’île : les dinosaures, et en talons en plus ! Et d’ailleurs les héros du film qui sont sans aucun doute ces fameux dinosaures, ils sont toujours aussi impressionnants, notamment le T-Rex qui est définitivement LE roi des dinos, les Raptors sont eux, encore plus aboutis que dans les précédents films et enfin le fameux Indominus Rex impressionne car plus gros, plus grand, plus de dents et d’écailles, plus intelligent et donc forcément plus terrifiant, cette créature hybrides va semer la terreur comme jamais dans le parc d’attraction qui avait pourtant l’air de bien se porter jusqu’à ce que les scientifiques ne deviennent trop ambitieux. Jurassic World est donc un film très sympathique à regarder, surtout au cinéma pour le grand écran, le son et l’image plus impressionnante que d’habitude, mais comme je le disais plus haut, le film n’est pas absent de défauts et c’est ce qui fait qu’il ne se démarque pas plus que ça du reste des productions hollywoodiennes. En somme, le film souffre du même problème qu’Avengers : L’Ere d’Ultron : un scénario trop simpliste et banal. Quand on regarde Jurassic World on ne peut qu’être accablé devant la simplicité abyssale du scénario face à tous les superbes effets spéciaux, décors et moments d’humour bienvenue du film. Et voilà le problème principal des blockbusters d’aujourd’hui, les histoires ne sont plus assez fouillées et originales, elles sont même quasiment identiques pour certains films. Ce genre de cinéma est uniquement fait pour rapporter de l’argent et divertir, et le pire c’est qu’il y arrive avec une histoire très simple grâce à tous ses moyens techniques et son casting de stars. Le problème c’est qu’un film qui possède une histoire d’une banalité comme celle de Jurassic World risque de lasser les spectateurs au point qu’on ne soit plus surpris par certains rebondissements et dénouements de l’histoire. Le film ne possédant donc pas un scénario plus approfondis qu’une grosse chasse au dinosaure dans un parc d’attraction, le suspense et l’angoisse ne sont plus au rendez-vous, jamais on ne craint pour la vie des héros puisqu’on se dit qu’ils vont forcément s’en sortir et qu’ils ne se feront jamais dévorer par un Raptor ou un T-Rex car on est dans un film destiné à lancer une franchise et que les codes, on commence à les connaître. En y repensant c’est tellement énervant de se dire qu’aujourd’hui les scénaristes ne sont même pas foutus de pondre des histoires plus originales que ça quand on voit tous les moyens technologique qu’on possède pour faire des films encore plus impressionnants visuellement. La clef pour la survie de ces films résidera dans la capacité aux scénaristes à trouver de nouvelles idées pour intéresser encore plus de spectateurs mais vu qu’actuellement des films avec des histoires très simples cartonnent au box-office ce n’est pas près de s’arrêter. Finalement des films comme Jurassic World ou Avengers : L’Ere d’Ultron sont plus intéressants lorsqu’on nous les vend avec des trailers géniaux que quand on est devant le film et qu’on découvre que l’histoire ne peut se résumer qu’en seulement quelques lignes. Là où ces films sont parfaitement réussis, et c’est ce qui expliquera leur immense succès, c’est dans leur promotion et leur longue attente des spectateurs. Après je ne dis pas que Jurassic World n’essaie pas de développer de nouvelles orientations scénaristiques. Au contraire, le film le fait mais d’une manière qui n’est pas assez poussée, ce qui fait donc intervenir la nécessité d’une suite, encore une stratégie marketing. Mais donc là où le film développe des sujets intéressants c’est d’abord sur les dérives technologiques avec des créations qui échappent toujours à notre contrôle comme c’est le cas ici, d’ailleurs Jurassic Park abordait déjà ce thème mais de manière plus subtile avec le personnage de Ian Malcolm qui critiquait le projet d’Hammond et faisait intervenir des réflexions sur le rôle qu’exerçait la nature dans l’évolution de la vie et que l’Homme ne devait pas s’approprier ce rôle en choisissant de redonner la vie au dinosaures qui avaient eu leur chance par le passé, qu’il fallait aller de l’avant, laisser la vie évoluer et pas retourner dans un passé qui n’a plus sa place dans notre monde. Mais le sujet qui est à la fois le plus intéressant mais le plus improbable c’est celui
d’utiliser les Velociraptors comme arme de guerre, d’en faire des sortes de « soldats » capable de traquer l’ennemi et de l’éliminer
. Ce sujet est fort intéressant mais un peu nanardesque dans le fond, imaginez ne serait-ce qu’une seconde
une scène d’action où l’on ferait sauter d’un avion militaire un commando de Raptors en parachute pour qu’ils éliminent des sentinelles
, cool et badass oui mais un peu bizarre sur les bords. En espérant que les suites du film utilisent et justifient encore plus cette idée et surtout par pitié que les scénaristes fassent l’effort de trouver une histoire plus originale pour y ajouter un vrai suspense pour qu’on soit pris aux tripes car clairement dans Jurassic World même en étant captivé par le spectacle qu’on a sous les yeux et la nostalgie de la saga, le spectateur n’est jamais pris aux tripes, sauf s’il découvre pour la première fois un film de cette saga et qu’il ne connaît pas du tout les histoires des précédents films. Car si les suites de cette nouvelle trilogie s’orientent sur une invasion de dinosaures dans New York ou Los Angeles et que Chris Pratt est obligé de mettre fin à cette invasion avec
des Raptors dressés et entraînés par l’armée à combattre sur le terrain et s’infiltrer partout
, j’espère que cet éventuel « Jurassic Invasion » sera bien réalisé car j’irais quand même le voir même si l’histoire est banale, c’est plus fort que moi mais le film pourrait certainement se planter au box-office si le public commence lui aussi à se plaindre de ces histoires toujours minimalistes et identiques quand on compare les blockbusters entre eux. Donc s’il fallait faire la liste des défauts de Jurassic World, cela serait la suivante : scénario simpliste qui semble similaire au premier Jurassic Park, le film met du temps à démarrer quand même, il y a un manque de suspense et d’angoisse, quelques dialogues lourds, des situations et personnages clichés, des idées qui manquent de développement,… bref de quoi faire de lui un ratage total mais ce n’est heureusement pas le cas grâce au réalisateur Colin Trevorrow qui fait de ce Jurassic World un divertissement très sympathique à regarder où l’on retrouve de multiples références au Jurassic Park de Steven Spielberg, il y a de l’humour, des effets spéciaux impressionnants, des scènes de rythme puissantes grâce à une bonne réalisation, une bande-originale de qualité, des acteurs charismatiques et un casting globalement réussis avec des acteurs appliqués comme Vincent d’Onofrio, Nick Robinson, Ty Simpkins, Irfan Khan et notre Omar Sy national qui s’en sort assez bien en dresseur de Raptors même si j’ai toujours du mal avec des acteurs français dans les grosses productions américaines comme celle-ci car étant trop habitué à les voir dans des films français et pas dans des longs-métrages d’une ampleur comme celle de Jurassic World. Voilà, ce quatrième opus de la mythique saga la plus jurassique du cinéma est un divertissement de qualité où l’on voit que les studios ont, à l’image de John Hammond, dépensés sans compter dans les moyens techniques mais peut-être pas assez dans le scénario et l’originalité, malheureusement, pour y privilégier le grand spectacle et le fan service.