"Le dîner est prêt ! " Chronique et fresque(un peu trop) étendue de la société bourgeoise italienne des années 70, sous le point de vue de chacun des personnages dans ses tourments personnels. On ne revit jamais cette scène sur la terrasse de la même manière : là se trouve le coup de force d'Ettore Scola.
Au moment de la réalisation de " la terrasse", l'âge d'or du cinéma italien ( années 50 et 60) est déjà loin, mais la plupart de ses principaux acteurs et cinéastes n'ont pas encore tiré leur révérence.
La filmographie d' Ettore Scola est alors parmi ce que le cinéma transalpin propose de mieux.
A l'occasion de la réédition en salle de " la terrasse", il est intéressant de revoir le film pour évaluer quarante après sa sortie, sa pérennité.
Son indéniable point fort, porte sur sa distribution de premier ordre qui réunit la quintessence des acteurs masculins italiens de l'époque. On note aussi la présence de Jl Trintignant et dans un second rôle Marie Trintignant qui sort de l'adolescence.
Cette association de stars fonctionne à merveille dans cet opus de Scola plein de nostalgie.
Film choral , organisé autour d'une réunion entre amis, c'est aussi le champ du cygne d'une époque qui n'est plus, de la confrontation avec la vieillesse qui pointe son nez et qui rend certains choix impossibles.
Certes on n'est pas au niveau de " nous nous sommes tant aimés " , ni d' "affreux, sales et méchants ", ( les deux films du réalisateur que je préfère), mais il me semble que le film s'est bonifié avec le temps et tient parfaitement la distance.
La distribution féminine ( grande spécialité du cinéma italien, toutes périodes confondue) est aussi de qualité, même pour les seconds rôles.
La Terrasse est un modèle de film-choral, et réussit à intéresser au destin de tous ses personnages qui se croisent lors d'une même soirée. Est proposée une vision à la fois critique et sensible d'un microcosme de la société italienne en 1980, soit une forme de bilan des années 1970.
« La Terrasse » d’Ettore Scola est sorti en 1980 alors qu’il est typiquement un film post-68 avec la montée du féminisme et toute la dialectique sur la culture avec son américanisation, l’opposition cinéma/télévision et surtout les « collectifs », les « coopératives » et autres, et les interférences entre le monde politique et les décisions quant aux productions artistiques ! A 5 reprises, la maîtresse de maison dit « E prompto, c’est prêt » avec de judicieux flash-backs pour mieux cerner 5 participants à cette réception : Jean-Louis Trintignant un scénariste en panne d’inspiration qui va même jusqu’à se tailler le doigt ; Marcello Mastroianni journaliste dont l’épouse Carla « règne » sur la télévision ; Hugo Tognazzi un producteur nostalgique des comédies avec Toto ; Vittorio Gassman un député communiste chargé des affaires culturelles et – pour ma part le personnage le plus émouvant – Serge Reggiani chargé à la RAI de la « culture » et dont le bureau sera réduit à son strict minium et qui hanté par son poids et devenu végétarien, va se laisser mourir sur la scène d’une nouvelle adaptation « loufoque » et très onéreuse du Capitaine Fracasse imposée à la Direction via une intervention politique… malgré son veto ! Un film très amer de par les nombreux constats d’échec faits par tous ces amis de longue date qui ont eu leurs heures de gloire. Un film qui est un peu trop long (un peu plus de 2 h 30) et qui a un peu vieilli mais qui reste un « document » sur l’état d’esprit post-68 !
Ettore Scola est capable du meilleur comme du pire. Avec La Terrasse, il s'agit hélas du pire... du pire. Le pire ou le comble du pire est d'avoir entraîné une pléiade des meilleurs acteurs italiens dans son naufrage... ainsi que notre Jean-Louis Trintignant national. Livrés à eux-mêmes et sans direction, il faut les voir pour le croire, déblatérer et s'agiter vainement comme des fourmis alcooliques dans cette fourmilière psychiatrique qui n'est pas sans évoquer les pires fourberies de Fellini.
Deux plombes et demi de conversations sans intérêt de pleurnichards désoeuvrés, de râleurs bipolaires, de bobos de gauche sur le retour et de dépressifs monomaniaques. Au bout d'une heure, on est déjà au supplice et ça ne fait qu'empirer par la suite. La Terrasse est un signe, celui du début du déclin irréversible du cinéma italien dont les heures de gloire se sont perdues à jamais dans des limbes bien navrantes.
Film de fin d’époque, celle des grandes comédies italiennes : ce sera la dernière du genre. Également le film de l’échec, de l’échec d’une frange intellectuelle de gauche. Tous sont désabusés devant le ratage de leur vie, qu’elle soit artistique, politique ou sentimentale. Le ton est mélancolique et d’un humour désappointé mais reste optimiste avec le couple de jeunes qui attend son heure. Trente cinq ans après, on sait que cette génération aura aussi tout raté ! C’est charmant, poignant de par tous ces acteurs magnifiques mais presque tous disparus, hélas sur un rythme un peu lent et mollasson.
Depuis « Nous nous sommes tant aimés » le cinéma d’Ettore Scola est fortement empreint de nostalgie. Encore jeune, le réalisateur et scénariste de la grande période de la comédie italienne a bien compris comme ses confrères (Risi, Monicelli, Loy,..) que la société qu’ils appelaient de leurs vœux derrière les pitreries de leur quintet d'acteurs magique (Gassman, Sordi, Mastroianni, Tognazzi et Manfredi) ne verrait jamais le jour, mangée par l’individualisme, l’affairisme et la corruption des classes dirigeantes mais aussi par la résignation des classes populaires anesthésiées par le consumérisme. Aux abords des années 80, toute cette génération dorée en route pour la soixantaine sentant qu’elle doit passer la main est un peu déprimée. C’est cette désillusion qu’entend incarner « La terrasse », réminiscence des grandes heures du film à sketches au ton désabusé et amer. Réunis périodiquement sur cette terrasse romaine, lieu autrefois privilégié de leurs joutes oratoires à propos de leurs convictions et de leurs projets, ces petits bourgeois n’ont plus grand-chose à se dire si ce n’est des reproches à propos de trahisons ou d’idéaux jetés aux oubliettes. Scola qui a écrit le scénario avec Furio Scarpelli, le plus célèbre approvisionneur avec son compère Agenore Incrocci des cinéastes mythiques de la comédie italienne, dresse cinq portraits successifs qui réunis brossent un panorama assez désolant de ceux qui contribuent désormais à faire l’opinion en Italie. Du scénariste (Jean-Louis Trintignant) en mal d’inspiration qui reproche hypocritement à son producteur (Ugo Tognazzi) de lui avoir ouvert la voie du succès en le cantonnant à la comédie facile, jusqu’au député du PCI (Vittorio Gassman) velléitaire qui se rend compte qu’il n’a jamais su aller au bout de ses convictions qu’elles soient politiques ou sentimentales en passant par le producteur de télévision (Serge Reggiani) devenu un has been refusant jusqu’à la mort l’avènement de la télévision berlusconienne qu’il sent poindre derrière les renoncements successifs de ses chefs ou le journaliste (Marcello Mastroianni) fat et roublard que sa femme abandonne, Scola tire le constat que le moment est venu de tirer le rideau sur une génération au final égocentrique surtout avide de gloire et de plaisir qui ne s’est pas préoccupée des générations suivantes comme en témoigne la présence d'Isabella, la jeune fille (Marie Trintignant) témoin éberluée de leurs échanges grandiloquents et insipides sur cette terrasse devenue le théâtre de leur décrépitude. Sans doute jamais Scola n’a été aussi critique envers une génération et un milieu auxquels il appartient et l’on peut avec le recul tirer notre chapeau à tous ces grands acteurs si lucides à l’heure des premiers bilans sur la fragilité d'une jeunesse éternelle que grisés par le succès, ils ont longtemps cru possible. Une autodérision qui n’appartient qu’au cinéma italien. On peut considérer « La terrasse » comme le film testament d’un mouvement cinématographique flamboyant qui entend mourir avec la même férocité qu’il a vécu. Le jury du festival de Cannes de 1980 présidé par Kirk Douglas a décerné à" La Terrasse" le prix du scénario. C’était bien-là la moindre des choses.
Je vois trois conditions pour découvrir ce film : aimer les films de Claude Sautet, aimer le cinéma italien et surtout aimer les protagonistes qui sont des monstres sacrés dudit cinéma..... après cela, les dialogues, l'humour, le désenchantement et la satire politique et culturelle (la gauche bobo et coco en prend un sacré coup...) peuvent fonctionner et s'apprécier..... sinon.... et bien sinon vous mourrez d'un ennui profond et infini comme dans un mauvais Lelouch..................
Contrairement aux autres films de Scola coécrit avec Scarpelli et Age,d'un ton caustique et avec un regard drôle et vivant.La terrasse sent la naphtaline à plein nez,tout y est terriblement figé.Que c'est long 2h30 dans lesquels il n'y a pas le talent ni le génie de ces trois scénaristes c'est vraiment difficile à faire passer.
Trente années ont passé, c’est vrai. Pour le film et pour moi aussi … Il n’en reste pas moins cette maitrise parfaite de la mise en scène, une grande et magnifique distribution d’acteurs, aussi ... Un scénario béton mais qui parait suranné de nos jours. Et pourtant à l’époque … il fallait oser ! Donc rien que pour ça … je recommande !
On a connu Scola plus inspiré. La désillusion de "Nous nous sommes tant aimés" donnait un film tonique, ici "La terrasse" est un film bavard et parfois long malgré un beau casting.
Si le but était de montrer la fin du grand cinéma italien on dire que c'est une réussite, on retrouve les éléments qui on fait le succés d'un grand nombre de films mais ici tout amène à l'ennui.
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2,5
Publiée le 6 décembre 2013
Ettore Scola dèpeint ici la crise traversèe par des intellectuels de gauche amers et dèsabusès! Pour cette chronique caustique dont le scènario à ètè primè à Cannes, il fait appel à Jean-Louis Trintignant, Serge Reggiani et à des stars italiennes telles que Marcello Mastroianni, Ugo Tognazzi, Vittorio Gassman, la belle Stefania Sandrelli ainsi qu'à Carla Gravina qui reçut le Prix du meilleur second rôle feminin au Festival de Cannes en 1980! Scola allie l'humour, l'intransigeance et sa « terrazza » est un modèle de luciditè! Ce constat dèsabusè passe ègalement par l’humour au fil de sèquences qui se jouent sur la terrasse en question, thèâtre d’un petit monde en dèroute! Un beau jeu de massacre mais au final on s’ennuie quelque peu...