Un très belle chronique du désenchantement dans une Chine rurale et industrielle. Il s'agit d'un jeune couple d'aodolescents à un moment charnière de leur vie. Vont ils se lancer dans la vie où, malgré le manque de moyens (leurs familles sont très pauvres), essayer d'intégrer l'université de Pekin ? Pour poser cette question, lui donner l'importance qu'elle mérite, le réalisateur choisit l'errance sur les routes, symbole à la fois de l'envie de bouger, d'évoluer, et de l'incapacité à décider, à trouver une véritable voie. Nos adolescents errent, donc, d'abord pour rejoindre une ville dans laquelle ils ont l'espoir de faire fortune en rapportant un hypothétique champignon qui, en poussant, pourrait se revendre une fortune. Mais c'était un attrape nigaud. Pourtant, après un passage chez eux, pour se rendre compte qu'on ne les attends pas, qu'ils sont une fois de plus livrés à eux mêmes, il repartent. La fille par desespoir, le garçon parce qu'il lui a promis. Grande est ici la capacité du cinéaste à capter des paysages peu avenants, des friches industrielles, des routes sans âmes, parfois soumise à la lois des bandits. Seul le fleuve, le fameux Yang Tsé Kiang, existe autrement que par des images, pourtant elles aussi assez froides : un batelier chante une simple chansonette qui a pour sujet ce long et majestueux fleuve, ce qui a pour effet de revitaliser le jeune couple. Par petites touches de ce genre, le réalisateur réussit à rendre ces deux personnes, pourtant peu communicatives, poignantes et révélatrices d'une jeunesse un peu déboussolée. Et leur séparation finale est comme une indication, ou un appel : dans une société non communiste, chacun trouve sa propre voie, quitte parfois à de douloureuses séparations.