anonyme
Un visiteur
5,0
Publiée le 21 février 2012
Deuxième volet de la trilogie sur l'Amérique, en espérant que le troisième opus voit le jour (personnellement je parlerais plutôt de trilogie EN Amérique, car finalement que ce soit Dogville ou Manderlay, les histoires me semblent trop universelles, dépassant largement le cadre étasunien dans leurs réflexions). Manderlay reprend le concept de Dogville, un huis clos théâtrale, avec des décors - bien que plus sophistiqués et imposants - épurés au maximum. Quelques éléments ici et là, un pan de mur, une table, un cheval etc... en bref, le minimum syndicale. Perso, je suis un convaincu de ce procédé, ça fait toujours son petit effet, à savoir recentrer l'attention du spectateur sur l'histoire, les personnages et le message. On regrette un peu l'absence de Nicole Kidman, Bryce Dallas Howard ne parvient pas vraiment à nous la faire oublier...
Et au niveau du fond, c'est tout aussi réjouissant. Pertinent, provocant et politiquement incorrect, Manderlay tente de poser la question de savoir si la démocratie est toujours légitime si elle est forcée et contraint aux autres. On pense forcément à la guerre en Irak mais aussi en Afghanistan qui sont de véritables échecs. Les gens doivent se sentir prêt à l'accepter. C'est là que le film tourne autours de la servitude et de la dépendance que l'on peut avoir envers un système. Un message qui se vérifie quotidiennement et encore récemment avec le printemps arabe où l'on voit un peuple qui vient de se libérer de la dictature pour une autre.
Le personnage de Grace est absolument merveilleux, ambigu, complexe et paradoxale. Elle est un peu cette incarnation de l'hypocrisie US (et plus généralement occidental) qui entend libérer un peuple contre sa volonté, ou du moins d'une bonne partie.
Toujours aussi puissant que troublant, vraiment pas déçu par ce deuxième épisode, Lars von Trier est un des réalisateurs actuels les plus intéressant et les plus plaisants à suivre...
1,5
Publiée le 6 avril 2015
Alors que "Dogville" pouvait surprendre par sa mise en scène minimaliste mais efface, "Manderlay" en reprenant les mêmes recettes que son prédécesseur, ne nous étonne plus. Son propos anti-conventionnel peut séduire par son originalité et son culot, mais dans les mains de Lars Van Trier apparait parfois ambigu. Même si son film est un peu plus accessible et moins violent et gratuit qu'à son habitude, le réalisateur filme un peu au nombril et même si le minimalisme accentue et concentre sur le propos, l'ensemble est un peu radin, tourné sur lui même, et nous plonge, à défaut de nous concerner, vers un ennui profond. Nécessitant un certain courage pour le mener jusqu'au bout malgré un sujet intéressant, "Manderlay" est plombé par son égocentrique réalisateur.
4,5
Publiée le 22 juillet 2023
On retrouve dans « Manderlay » le personnage de Grace vu dans « Dogville ». On retrouve aussi le dispositif scénique, théâtral, de ce film : tout se déroule un plateau dans des décors (moins) minimalistes. Mais si la place laissée aux dialogues est importante, il s’agit bien ici de cinéma, de mise en scène (rythme et choix des plans), de création d’ambiance par une superbe photographie (importance des éclairages), avec utilisation d’une voix off. Les questions centrales du film, à partir d’une situation d’esclavagisme, portent sur le racisme, la domination, l’exploitation, les responsabilités individuelles et -surtout- collectives, les difficultés de la démocratie. Et plus encore sur les formatages culturels et la complexité de ces formatages : celui des esclaves, celui de Grace, l’oie blanche idéaliste qui va être confrontée à sa propre réalité, celui de son père, droit dans ses bottes et ses certitudes. Le film, qui est le contraire d’un film militant, s’attache à tous les points de vue. Il est constamment prenant, et sa dernière demi-heure est de haut vol, entre révélations, rebondissements, contradictions et ambiguïtés. Au-delà de la fascination qu’il produit, il invite intelligemment à la réflexion et à la discussion.
4,0
Publiée le 29 septembre 2006
Après Dogville, Manderlay. Même parti-pris artistique (décors réduits à leur plus simple expression, option qui se justifiait parfaitement en cours de film sur le premier épisode, et qui, sur cette suite, permet certes quelques petits plaisirs visuels comme le plan d'ouverture, mais ne dépasse jamais le stade du gimmick), troupe d'acteurs remaniée (Bryce Dallas Howard remplace sans démériter - mais pas pour autant avantageusement - Nicole Kidman, Willem Dafoe, pourtant excellent acteur, n'a pas la stature de James Caan, Jean-Marc Barr et Udo Kier reprennent chacun leur rôle de figurant de luxe, Lauren Bacall hérite d'un personnage différent et, pour ce qui est de la nouveauté, Danny Glover et Isaac de Bankolé font des merveilles), même structure narrative (fable en plusieurs chapitres), même musique, même manipulation macchiavellique du candide personnage principal et du spectateur, et même ressenti : le récit démarre mollement (on n'a en outre plus l'effet de surprise visuelle), prend vraiment son temps avant d'offrir quelques scènes intéressantes (la découverte de la classification, l'offre de services du tricheur professionnel), pour rattrapper le coup et finir en beauté dans un maelström de révélations et retournements de situation s'appuyant sur des faits apparament anodins disséminés ça et là tout au long du récit, ainsi que sur la faculté d'aveuglement de l'héroïne, donc du public. Au final, Lars Von Trier, au-delà de l'évidente condamnation de l'esclavage, va plus loin en foulant du pied la plus sacrée des valeurs américaines (et européenne par extension) et jette ses fautes à la face de l'occident en se bornant à exposer les problèmes sans pour autant proposer une réponse à la situation. Le ton ironique et complètement désabusé - pour ne pas dire misanthrope - avec lequel l'auteur dépeint la société semble indiquer avec fatalisme qu'il n'en existe pas...
4,0
Publiée le 29 septembre 2006
Le nouveau crachat à la face de l'Amérique vient d'être lancé par ce nouveau volet de Lars von Trier, suite directe de son déjà controversé "Dogville". Utilisant le même procédé que dans ce dernier, le cinéaste se tire une fois de plus parfaitement des contraintes qu'il s'impose : c'est à dire une fois de plus une quasi absence de décors. Les murs sont encore dessinés à la craie sur le sol et tout est filmé sur un fond noir ou blanc. Sans doute moins désappointé par ce dispositif formel, le spectateur entre plus directement dans cette histoire hautement polémique sur l'esclavage, l'apprentissage de la démocratie et finalement l'échec d'un système. Il est évident que le discours du cinéaste va une fois de plus déranger, car il n'hésite pas à prendre le contrepied du politiquement correct en assénant quelques vérités premières à nos démocraties si sûres d'elles-mêmes et de leurs valeurs. Il n'est pas interdit de voir dans le personnage magnifiquement interprété par la jeune Howard, une sorte de conscience de l'Amérique qui veut libérer l'Irak (ici les esclaves) contre sa propre volonté. Forcément, le propos est provocateur et la forme va déplaire à beaucoup (on ne compte pas le nombre de gens qui sortent de la salle au bout d'une heure en râlant). En gros, les détracteurs de Trier ne changeront pas d'avis avec ce nouvel opus, mais ses défenseurs (dont je suis depuis fort longtemps) seront ravis de retrouver le cinéaste en pleine forme.
3,5
Publiée le 15 janvier 2012
Un bon film qui aborde des sujets complexes tel que l'esclavage et la démocratie. Très bien mis en œuvre et surtout avec beaucoup de réflexion, ce film exploite et maîtrise parfaitement son sujet avec de multiple rebondissement et retournement de situation. En particulier le final bien réussi bouscule le déroulement habituel de l'intrigue. Manderlay est la suite de Dogville et on reconnait parfaitement la mise en scène qui y est similaire. Cela reste une bonne suite bien que différente et abordant d'autres thèmes. Néanmoins Dogville pour comparer possède une réalisation plus habile, un scénario plus riche et beaucoup plus de charisme donc meilleur que celui-ci. Au passage, dommage que ce ne soit pas Nicole Kidman qui est eu le rôle principal même si Howard s'en sort plutôt bien. Manderlay est une bonne suite qui ne fait pas défaut à son prédécesseur et qui marque les esprits dans son approche sur la manière de penser.
anonyme
Un visiteur
2,0
Publiée le 5 décembre 2013
Le pari était déjà risqué (et le sera encore plus si la trilogie se complète) puisque le système de mise en scène n'était pas nouveau. En effet Manderlay reprend totalement la forme "théâtrale" de Dogville, et à aucun moment le réalisateur s'en départit. Ce qui peut être louable en soi (faire une trilogie basé sur un esprit unique, particulier), mais assez dommageable à mon sens ; je suis plutôt partisan du "une idée, un film". Réitérer un même système plus tard, la découverte disparue pour laisser place à un (relatif) ennui, cela déçoit. Puis j'aime l'idée que tel décor convient à telle histoire (en ce sens le décor de Dogville me paraît plus "serré", petit, donc plus légitimement adapté à ce style, que Manderlay, plus "large" dans l'espace occupé).

Sur la forme également - je ne me rappelle plus si c'était le cas dans Dogville, même dans ses autres films - j'ai été stupéfait (négativement parlant) par l'impossibilité de la part de Lars von Trier de laisser tourner sa caméra. Même pour deux dialogues il se sent obligé de couper la prise, cela m'a gêné (en tout cas à l'époque en visionnant Dogville je ne l'avais pas remarqué, ou bien oublié).

Au-delà de ces considérations purement "esthétiques" (peut-on parler d'esthétisme, enfin le côté positif et élogieux que ce mot laisse croire), le fond, finalement, suit une trajectoire assez similaire que mon constat sur la forme : une originalité et cruauté perdues, puisque déjà connues dans Dogville, peut-être tirées encore plus loin ici... (ce qui pose la question du : doit-on aller encore plus loin ? Est-ce utile pour l'histoire ? C'est peut-être le problème fondamental de Manderlay pour moi

L'idée d'utiliser le thème de l'esclavage ne m'avait au début pas vraiment séduit. Car contrairement à Dogville où, sur un terrain commun d'individus tous égaux de "base", des déchirements se créaient (chose qui me plait en temps normal, surtout au cinéma), ici on part déjà sur un pitch de base l'inégalité (avec volonté de la transformer en égalité). Sauf que là, avec Von Trier aux commandes, dans un besoin maladif et régulier de surprendre (quitte à tomber dans le grotesque - ceci étant Dogville n'y avait pas échappé non plus à quelques reprises), on passe du politiquement correct à l'incorrect, et certes on peut vouloir aimer voir sa propre morale autant mise à rude épreuve, seulement que ressort-il de tout ça ? Que doit-on penser, concrètement, du message, et de tout ce que cela évoque, implique, au-delà de la trame pure ?

Von Trier se heurte à une absence de réponse et/ou de réflexions pertinentes sur le sujet, pire encore selon moi, il ne fait même pas poser de questions (ou alors très peu). Pourtant, il y a énormément de dialogues, l'écriture reste d'une qualité indéniable chez Von Trier. Comme si son maniérisme et son style (dans le discours), très accentués sur la fin, prenaient le pas sur tout l'intérêt "philosophico-métaphysique" de l'oeuvre, si l'on peut parler comme ça, que semblait avoir a priori Manderlay. C'est du gag, quelque part, Von Trier fait mal, surprend, mais j'ai l'impression, intellectuellement parlant, de ne strictement avoir rien appris, alors que, pour 2h20 de dialogues sur un tel sujet, et même sur le déroulé du film en lui-même (jusqu'au dernier quart d'heure grosso modo), on y croyait sincèrement.

Pas mal de bonnes idées semblaient s'accumuler au fur et à mesure qu'avançait le film (construction d'un "Etat" dans une petite communauté par exemple - et les contraintes qu'il engendre, l'idée de l'oppression (nécessaire ?) à ce style de vie, et autres), et, au fur et à mesure que Lars Von Trier nous fait du Lars Von Trier (tous les personnages sont des connards finis et ça y va de mal en pis), voilà qu'un dernier soubresaut vient, comme surenchère extrême, asséner le coup de grâce, saisissant le spectateur (niveau surprise) mais délivrant le film lui-même de tout intérêt possible (peut-on prendre une telle chose au sérieux ?).

Quant à la toute fin et l'apparition du générique... Je ne suis même pas certain d'avoir compris le message et, quel qu'il soit, je préfère ne pas y penser, en tout cas cela m'a semblé vulgaire - au regard déjà de la mise en scène sobre qu'avait décidé d'utiliser le réalisateur.

Si on apprécie le radicalisme de Lars Von Trier, on aimera, et on attendra impatiemment la troisième volet. Si l'on commence à s'user de ce jusqu'au-boutisme du réalisateur, on espérera, quoique sur un sujet similaire, cela ne pose aucun problème, que le réalisateur fasse enfin la part des choses, entre ses fantasmes propres (que je trouve parfois ridicules dans leur extrémisme) et la réalité concrète de ses histoires, pour nous servir une fable maladive et réflexive telle que Melancholia. Il en a les moyens (et il l'a prouvé), c'est déjà 50% du chemin de parcouru.
2,5
Publiée le 20 mai 2009
Lars von Trier nous offre une réflexion intéressante sur la démocratie, et sur l'intégration des noirs aux Etats Unis. L'ensemble est mis enn scène impeccablement dans un style qui n'apporte pas grand chose de nouveau à Dogville. Et puis il manque cette profondeur, cette puissance, cette émotion qui nous déroutait dans ses films précedents
anonyme
Un visiteur
5,0
Publiée le 5 octobre 2011
Ca ne vaut pas Dogville, mais le film est pas mal non plus. Il montre que il ne faut pas refuser toute les mains tendu mais aussi savoir surveiller à qui on l'accepte. Les acteurs sont géniaux. L'image est moyenne mais c'est pas important. Lars von Trier est un bon.
anonyme
Un visiteur
5,0
Publiée le 13 octobre 2007
Un Lars Von Trier très troublant, en parfaite maîtrise de son discours, d'une portée exceptionnelle, soulevant beaucoup d'ambiguités. A voir. C'est mental, c'est intelligent, c'est très stimulant.
anonyme
Un visiteur
4,0
Publiée le 12 octobre 2006
Si Manderlay n'atteint jamais l'intensité brûlante de Dogville, ni Bryce Dallace Howard, bien que sensible, l'ambiguité de Kidman, Von Trier y conserve tout de même une beauté audiovisuelle, une qualité scénique et une force évocatrice des maux humains qui en font un petit grand film.
anonyme
Un visiteur
4,5
Publiée le 13 février 2010
Un film dédié à tous ces bons chrestiens qui veulent aider les autres; à tous ces occidents qui croient encore à la colonisation; à tous ces biens pensants qui feraient bien de s'occuper de leurs propres culs plutôt que de celui des autres.
anonyme
Un visiteur
5,0
Publiée le 28 novembre 2011
Evasion garantie, réflexion très intéressante, concept du decors qui se construit au fur et à mesure, tout est parfait. Du grand Lars Von Trier- et ici on peut dire, que pour un provocateur qui y'a pas longtemps a été qualifié de raciste, dépunt ici l'idée de condéscendence, et de dépendance à l'oppression, magnifique.Après, je sais pas ce que ferais ce type de cette description assez sociologique de la condition de l'esclave... A voir absolument.
2,5
Publiée le 14 février 2024
Après avoir adoré être finalement récompensé par ‘Dogville’ après un visionnage compliqué, j’étais prêt au même combat pour ‘Manderlay’. Mais cette fois, ça n’a pas fonctionné. Je pense que ce qui m’a vraiment accroché dans ‘Dogville’, c’est le personnage/performance de Paul Bettany, une présence incertaine/fascinante qui m’a donné un point de référence dans le film. Je n’ai pas retrouvé ça dans ‘Manderlay’. Ce qui s'en rapproche le plus, c'est Danny Glover dans le rôle de Wilhelm, mais on ne le voit pas assez pour que le personnage exerce le même genre de fascination. Reste un film complexe et profond, mais n'apportant pas beaucoup de plaisir.
anonyme
Un visiteur
4,0
Publiée le 14 juillet 2012
Film qui traite plus de la liberté que de l'esclavagisme en lui meme. L'idée est interessante mais par contre le choix de la grece romaine ou le servage russe aurait été moins polémique sur la question raciale. Car la dernière phrase du film, avec la sensibilité de chaque personnes peut etre pris a double sens.
Le doute de la démocratie (sans que le réalisateur partage la dictature) est vraiment exellent.

Un réalisateur très interessant mais mais moins de polémique et de double sens serait le bienvenu. Ces deux volets sur l'amérique sont très caractéristique.
Les meilleurs films de tous les temps