Première et dernière réalisation du Cubain Andy Garcia, "The Lost City", rebaptisé en France "Adieu Cuba" est directement perçu comme un film personnel. On sent qu'Andy est proche de son film et c'est sans doute pour ça qu'après plus de dix ans, il n'a jamais lâché l'affaire pour le réaliser. Et niveau réalisation, Andy ne se démerde pas trop mal avec ce film. Il fait même un meilleur boulot que certains réalisateurs que je ne citerai pas pour ne pas critiquer injustement Uwe Boll. Mais bon, malgré que ce soit Andy Garcia, malgré qu'il y ait Hoffman et Murray à ses côtés, on observe plusieurs carences et c'est ce genre de film qui me dégoûte parfois de la bouffe cubaine puisque le film est fade, gras et bourratif à défaut d'être saisissant et émouvant.
Tel "Le seigneur des anneaux" où l'on se tape deux nains marchant pendant neuf heures, "Adieu Cuba" nous expose un pauvre gérant mollasson poisseux pendant la révolution de Che qui passe son temps à se lobotomiser la boite crânienne avec des spectacles de salsa, le problème c'est que si le personnage principal s'obstine à se mater ces spectacles, le téléspectateur est obligé de les suivre aussi. En bref, Andy, un film n'est pas un PUTAIN de concert ! Alors certes oui, c'est beau de visiter le Cuba, c'est beau de voir les couleurs locales et de voir un travail personnel qui ne manque pas de bonnes idées et d'implication, mais est-ce bien raisonnable (dixit Desproges), de nous donner l'impression de nous taper l'intégral de Arsenio Rodriguez en 2h20 ?
Autre problème de ce film, c'est le casting. Quand on voit l'affiche, on en a la bave aux lèvres, que ce soit la famille fondée par Andy Garcia avec entre autre le petit Nestor que j'ai découvert dans "Lost" et qui me décroche toujours un petit sourire sur mon visage rabougri par la haine du cinéma facile moderne. Ensuite, il y a Dustin Hoffman, présent au maximum 8 minutes dans la totalité du film. Et Enfin, dans le rôle du concubain de Andy (c'était facile), on retrouve Bill Murray, alias "l'écrivain", un personnage intéressant avec une belle personnalité qui restera Fidel à Andy jusqu'à la fin (c'est la fête). Encore de la musique Cubaine … ça n'est pas un putain de concert ! Mais le problème avec tout ce beau roster, c'est qu'aucun personnage n'est exploité. Hoffman est quasiment inutile, Murray n'aide en rien au dénouement de l'histoire, c'est juste un personnage détaché qui nous fait passer de bons moments.
Ami communiste, le film parle tout de même bien peu Castro, Batista ou du Che, d'ailleurs je me demande bien de quoi l'on parle dans ce film. C'est difficile de s'y mettre dedans, et à partir du moment où l'on tombe tête la première dans le mielleux, alors là, on ne sait plus quoi penser. Entre la musique cubaine, les cocktails exotiques, les moments philosophiques, les bisous, le beau regard d'Andy, la Révolution, on s'y égare (cubain … mouais …) un peu. On a également de belles citations de la Rochefoucauld "Y a trois choses qu'on ne peut pas regarder en face : le soleil, la mort et le dentiste" … à moins que ce soit ce plaisantin d'Alex Metayer … bref … et des phrases sans queue ni tête "Je n'aime pas les fins, sauf si ta fin est ton début ce qui fait que ton début est ta fin, dans ce cas là j'adore les fins".
J'avoue avoir apprécié d'avoir vu tous ces acteurs réunis, le film est à moitié divertissant, Andy Garcia joue son rôle de façon assez percutante sans pour autant m'émouvoir (mais c'est sans doute parce que je suis psychopathe, la dernière fois j'ai regardé "le Tombeau des Lucioles", j'étais plié en deux), le film est dépaysant et le sujet, même si mal exploité, est intéressant. Malheureusement, les longueurs et ces spectacles cubains ont réussi à m'envoyer loin de l'histoire alors que j'y étais bien installé dedans pendant la première heure. J'ai appris que quand un corps explose, il reste intacte (c'était le petit chose utile du film).
Bon Film :)