Pour le coup je ne sais pas trop ce que je trouve à cette histoire somme toute banale, quoique caricaturale, mais j'aime les personnalités exacerbées et les imbroglios émotionnels qui s'y démêlent lentement mais sûrement, les âmes trop pleines qui s'épanchent,...
A partir d'un simple divorce entre deux personnalités complexes, « Les Bergman se séparent » développe une kyrielle de situations extrêmes et passablement glauques aux milieux desquelles se débattent deux enfants mutilés par l'histoire de leurs parents.
Une page se tourne, en grinçant comme une vieille charnière mal huilée, pour chacun des personnages. C'est une sorte de lente agonie pour chacun d'eux, la purge salvatrice d'une famille flétrissante.
Le père, ennuyeux, dérangé, écrivain avarié, pédant pathétique, nombriliste et mortifère pour ces enfants, grippe-sou de surcroît, apprendra à ses dépens qu'il n'est pas l'être solaire qu'il s'était figuré et sans doute, comme un château branlant, s'en relèvera-t-il.
La mère, quant à elle, affronte l'image dans laquelle elle s'est laissée claquemurer par son mari oppressant.
Pour Walt, l'ainé des deux enfants, c'est l'histoire de la réappropriation d'une identité spoliée par son « salaud » de père ; pour Franck, le cadet lucide, insurgé contre le pater - j'aime bien mettre pater parce que ça sonne comme « pathos », ce père est le « pathos familias » - , c'est une perdition : livré à lui-même, autodestructeur, il doit trouver son équilibre dans tout le foutoir parental et se définir par lui-même.
C'est produit par Wes Anderson, superbement joué, Laura Linney et Jeff Daniels sont tout bonnement incroyables, très sobres, et Jesse Einsenberg s'en sort vachement bien ainsi que le petit qui joue Franck.