Fedora
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Gérard Delteil
Gérard Delteil

214 abonnés 1 928 critiques Suivre son activité

3,5
Publiée le 28 décembre 2014
Sans doute, ce film n'est pas à la hauteur du Boulevard du crépuscule, sur le même thème, du même Billy Wilder. Il atteste tout de même du talent du réalisateur de Certains l'aiment chaud. Certaines scènes sont sans doute mauvaises, comme celles de l'hôtelier grec, concentré de paternalisme américano-centriste, où celle où Holden se relève tout guilleret après avoir reçu un coup de barre de fer sur la tête. Mais l'ensemble dégage un parfum de mystère et un charme vénéneux et les dialogues sont féroces. Même si les satires de l'univers hollywoodiens peuvent lasser, celle-ci se regarde avec un certain plaisir, à condition d'entrer dans le jeu.
Top of the World
Top of the World

76 abonnés 153 critiques Suivre son activité

4,0
Publiée le 9 janvier 2017
N'ayant pas vu "Sunset Boulevard", je ne pourrai pas comparer ces deux films de Billy Wilder aux thématiques apparemment voisines. Mais on peut affirmer en tout cas que l'influence de "La comtesse aux pieds nus" (pour sa narration polyphonique et ses personnages) et celle de "Vertigo" ( pour son twist scénaristique) planent sur cette histoire d'une star de cinéma retirée des écrans (un rôle-titre idéalement incarné par Marthe Keller) dont plusieurs flash-backs retracent la vie tumultueuse après son suicide. Un producteur fauché (William Holden, impeccable) se souvient notamment de sa tentative de relancer leurs carrières respectives. C'est ce personnage qui sert de médiateur entre le film et le spectateur : il n'est pas un héros, seulement un témoin de l'histoire du cinéma, du passage de l'âge d'or des studios au Nouvel Hollywood des 70's. Wilder lui-même médite sur sa place dans ce nouveau système alors que ses plus belles années sont derrière lui. Il le fait avec une mélancolie désenchantée mais jamais déprimante. L'oeuvre reste toujours fluide, lumineuse, traversée par une ironie cruelle et un humour satirique. Riche sur le fond, élégant dans la forme, "Fedora", malgré un léger manque d'intensité, est un film à la beauté envoûtante.
 Kurosawa
Kurosawa

606 abonnés 1 509 critiques Suivre son activité

4,5
Publiée le 24 décembre 2014
Un film construit en deux parties: d'abord un suspense étrange où Dutch, un producteur de cinéma américain tente de retrouver la grande actrice Fedora pour lui proposer un nouveau rôle; puis un récit en flashback qui explique le coup de théâtre ayant lieu après une heure de film. Billy Wilder, avec une mise en scène classique et d'une rare élégance, rend à la fois hommage au cinéma et plus particulièrement au métier d'actrice tout en retravaillant le fameux thème de la peur de vieillir. Fort d'une écriture subtile et d'une interprétation remarquable (Marthe Keller et William Holden magnifiques), le film passionne et devient de plus en plus mystérieux. En effet, "Fedora" ne se contente pas d'une simple intrigue qui consisterait à savoir si l'actrice acceptera le rôle, mais se permet de changer de tons en devenant extrêmement sombre et de casser le point de vue principal en même temps que la structure narrative soit malmenée. Fascinant et déroutant, un film à l'atmosphère crépusculaire qui compare Hollywood à la figure du diable, entité qui pourchasse sans relâche ses comédiens pour les hanter et les convaincre que leur gloire est éternelle.
ned123
ned123

171 abonnés 1 715 critiques Suivre son activité

4,0
Publiée le 24 décembre 2014
J'ai vu un film... qui est à lui seul un concentré de l'histoire du cinéma et qui montre la face cachée (et pour cause d'Hollywood...). On est littéralement subjugué par la profondeur de l'histoire et par toutes les pistes par lequel passe le spectateur.Les scénario est brillant et le message puissant. On alterne les époques, les perspectives, les personnages et le tableau qui se dresse est particulièrement troublant, fort et émouvant. La réalisation est brillante et les comédiens littéralement habités par leurs personnages... J'ai vraiment aimé être baladé pendant tout le film... Et le mot est faible. Une vraie fable sur la mise à bas du rêve hollywoodien... A voir et à revoir.
anonyme
Un visiteur
5,0
Publiée le 23 décembre 2014
Je ne me souvenais plus très bien de ce film que j'ai revu hier soir à la télé. C'est un chef d'oeuvre. Tout est parfait : le scénario, la mise en scène et le jeu des acteurs. Billy Wilder est avec David Lean un de mes metteurs en scène préféré. Ces films ne vieillissent pas, contrairement à ceux d'autres cinéastes, pourtant réputés, de sa génération.
claude M.
claude M.

5 abonnés 59 critiques Suivre son activité

4,0
Publiée le 23 décembre 2014
Beau film, bons acteurs, un regret sur les éclairages, plats. J'aurais aimé plus de mystère, des clairs obscurs, des contre-jours... Mais une belle nostalgie et un magnifique William Holden vieillissant, et touchant.
gimliamideselfes
gimliamideselfes

3 162 abonnés 3 979 critiques Suivre son activité

3,5
Publiée le 23 décembre 2014
Ce n'est pas le meilleur Wilder, que je commence à bien apprécier (euphémisme), même si j'avais été dégoûté par la VF de certains l'aiment chaud. Fedora n'est ni la comtesse aux pieds nus ou bien boulevard du crépuscule, mais on retrouve certaines choses qui faisaient le charme de ces deux films. Ce que j'aime avec Wilder c'est qu'il est brillant, et vu qu'il est brillant il peut se permettre quelques petites piques, contre la censure, contre le Nouvel Hollywood... Tout en traitant admirablement bien son sujet : Hollywood, les stars, le jeunisme. Wilder peint une histoire réellement intéressante, intrigante dans un premier lieu et qui parviendrait presque à être émouvante sur la fin.

Je dis presque, parce que c'est ce qui manque au film à mon humble avis : de l'émotion. Tout est là, la montée en puissance, le beau, le tragique... Mais il manque un peu d'humain... Sans doute se concentrer plus longuement sur l'amourette de Fedora avec York aurait été un bon moyen pour que je sois troublé. Peut-être comme dans Tabou de Gomes. Mais le but n'est peut-être pas de faire un film déchirant.

Après le film fonctionne bien, on est intrigué, pris dans cette histoire qui semble n'avoir ni queue ni tête, mais ici la grande révélation n'a pas lieu en fin de film... et pourtant, parce que Wilder est un grand, on a quand même envie de savoir pourquoi, comment... Là où dans d'autres films ça aurait juste été du verbiage.

Un peu déçu, ça ne m'a pas touché comme l'avait fait Ariane ou bien Kiss me Stupid... Mais c'est différent, c'est plus froid, plus noir (et ce n'est pas une comédie romantique). En tous cas ça renvoie une image bien triste du star system, complètement déshumanisé. Il faut lui donner sa chance et le voir. Ce n'est qu'un bon moment à passer.
Grandet C.
Grandet C.

102 critiques Suivre son activité

4,5
Publiée le 19 novembre 2014
Un producteur américain cherche à contacter la légendaire Fédora, actrice de l'age d'or de Hollywood qui vit recluse sur une ile grecque pour lui proposer de jouer Anna Karénine. Fédora a vieilli et ne tourne plus. Elle semble ne pas vieillir. Dans ce film proche de "Sunset Boulevard" du meme Billy Wilder, réalisateur génial, si l'en fut, le scénario diabolique nous emmène derrière les apparences de l'industrie du cinéma et son glamour pour nous déstabiliser. Wilder n' a sans doute pas eu les moyens financiers qu'il aurait fallu pour réaliser ce qui reste une œuvre captivante à la limite de l'étrange sous la lumière grecque ou se joue une dernière tragédie. Puissant.
Caine78
Caine78

7 014 abonnés 7 399 critiques Suivre son activité

5,0
Publiée le 25 août 2014
Mineur, majeur, maudit, testament... Beaucoup de termes ont été utilisés concernant « Fedora », enfin sorti en DVD/Blu-Ray dans une magnifique copie. Mais le mot me venant en premier est « grand ». Peut-être pas aussi grand que « Boulevard du crépuscule », autre chef-d'œuvre sur le milieu du cinéma, mais magnifiquement mis en scène, écrit, réfléchi... On retrouve à chaque instant l'empreinte du génial Billy Wilder, le film prenant même une tournure vertigineuse lors d'une révélation fracassante à mi-parcours. C'est alors un nouveau récit qui commence, tout aussi passionnant , riche et intense que le premier, avec peut-être un peu moins de mots « Wilderiens », mais une intelligence d'esprit, une force qui, elles, ne trompent pas concernant l'identité du cinéaste... Excellente interprétation, William Holden en tête, et conclusion à la hauteur de ce joyau supplémentaire dans la filmographie déjà superbe d'un des plus grands réalisateurs de l'Histoire : et dire qu'il était mécontent du tournage comme du résultat... On aura tout entendu !
Sylvain P
Sylvain P

348 abonnés 1 371 critiques Suivre son activité

3,0
Publiée le 25 août 2014
Après Boulevard du Crépuscule, Billy Wilder livre un nouveau cri de désespoir de star hollywoodienne vieillissante. Fedora est moins crédible que son illustre prédécesseur, malgré un scénario malin, et des flash-backs bien intégrés à la trame principale. La recherche de la jeunesse éternelle est le thème d'un film à la fois grandiose mais qui ne porte jamais l'émotion au sommet.
anonyme
Un visiteur
3,0
Publiée le 8 mai 2014
Un film très particulier. c est un peu dans la meme veine que Sunset Boulevard (Billy Wilder aussi). il faut rentrer dedans rapidement sinon le film est un peu space.

les bonus du Blu Ray sont excellents et les interviews evoquent l echec de ce film à sa sortie.
chrischambers86
chrischambers86

14 517 abonnés 12 584 critiques Suivre son activité

4,0
Publiée le 25 avril 2014
En 1978, personne ne savait que "Fedora" allait être l'avant dernier film de Billy Wilder qui avait derrière lui la carrière extraordinaire que l'on sait! Ici, une star de cinèma est morte! Elle s'est jetèe sous un train comme la pauvre Anna Karènine! Un producteur se souvient de la vie et de la carrière de cette star à l'aura incomparable...C'est le prètexte du brillant scènario ècrit par I.A.L. Diamond et Wilder, d'après une histoire contenue dans un roman de l'ancien acteur Tom Tryon, sur les anciennes gloires d'Hollywood! La construction du film est faite de flashbacks et d'èclatements (on se croirait parfois chez Mauro Bolognini), tel qu'on a parfois l'impression d'un rêve plus ou moins vaporeux autour de la star! C'est William Holden qui joue le producteur, ce qui fait aussitôt rentrer le mètrage dans la succession d'un "Sunset Boulevard". Et c'est la suissesse Marthe Keller qui joue magistralement le rôle de « Fedora » , prisonnière de ce visage à tout jamais! il faut savoir qu'au dèpart, Keller devait tenir les deux rôles de Fedora et Antonia! Et ce filou de Wilder lui a finalement adjoint l'excellente Hildegard Knef dans ce rôle d'Antonia! Mais c'est une comèdienne allemande qui doubla les deux rôles de sa même voix pour homogènèiser le tout! C'est Alexandre Trauner qui signe les dècors, Miklós Rózsa la musique, de cette oeuvre très belle, à la fois lucide et mèlancolique sur le passè perdu d'Hollywood! Il en ressort une rèussite, la dernière de ce boulevardier crèpusculaire qu’ètait Wilder...
Benjamin A
Benjamin A

737 abonnés 1 922 critiques Suivre son activité

4,5
Publiée le 6 avril 2014
Avant-dernier film du géant Billy Wilder, à qui l'on doit des films aussi excellent que variés tel que "Boulevard du Crépuscule", "Certains L'aiment chaud" ou encore "Le poison" et surement pour ma part l'un, si ce n'est mon metteur en scène préféré. Si on s'arrête au synopsis (où l'on suit un producteur Américain qui veut convaincre une ancienne star de revenir sur le devant de la scène pour effectuer un come-back retentissant), on pense énormément à son chef d'oeuvre "Boulevard du crépuscule", mais finalement il n'en est rien de ce point de vue là, c'est un film bien différent qu'il nous livre et c'est surtout un très grand film (une fois de plus). On retrouve le fidèle I.A.L. Diamond au scénario, (associé à Billy Wilder), et ce n'est pas donc pas pour rien que "Fedora" brille par son écriture, que ce soit dans l'histoire et son déroulement, les dialogues ou encore sa galerie de personnages éblouissantes, sombres et surtout fascinantes. Wilder réalise un drame intimiste tout en réglant ses comptes avec Hollywood (devenu celui des "réalisateurs en jeans et barbu où l'on fait des films sans scénario"), et ses représentants, que ce soit les producteurs ou les stars ainsi que la folie où ca peut mener (chirurgie esthétique, isolement, égocentrisme...). Wilder brasse donc plusieurs thèmes et il nous fascine et nous captive tout le long, avec des rebondissements souvent bien pensée et surtout une atmosphère envoutante et fascinante, à l'image des apparitions de Fedora, froide, distante, mystérieuse et fascinante, derrière ses grosses lunettes noires, son chapeau et ses habits blanc. Sa mise en scène est impeccable et il nous offre de belles images. Il filme de très belle manière cette déchéance et il a l'art du détail que ce soit scénaristique ou visuel. La musique signée Miklos Rosza est superbe, colle très bien au récit et ne fait que renforcer l'atmosphère. Wilder multiplie les références (à des films, patron, producteur, acteurs...) souvent excellente. Les interprétations sont impeccable, que ce soit William Holden dans le rôle de ce producteur fasciné par Fedora qui souhaite lui proposer un nouveau rôle, Marthe Keller, envoutante, Hildegard Knef effrayante, Henry Fonda dans son propre rôle ou encore Michael York lui aussi dans son propre rôle. Au passage, William Holden, excédé par le tournage, tout comme Marthe Keller (et notamment de la direction très perfectionniste de Wilder) déclara qu'il continua de tourner avec lui car à chaque fois il était nommé aux oscars (ce qui ne sera pas le cas là, le film ayant été snobé). Il ne fera plus qu'un seul film après celui là, mais assurément "Fedora" est son dernier grand film et au bout de tant d'année de carrière (son premier film date du milieu des années 1930) ainsi qu'une longévité aussi exceptionnelle et notamment sur la qualité de ses films, ca fait toujours bizarre et un petit pincement au cœur d'assister à son véritable testament et son dernier très grand film au parfum aussi envoutant et fascinant et finalement, un parmi d'autres... Chapeau l'artiste et merci...
LALALALALERE
LALALALALERE

18 abonnés 196 critiques Suivre son activité

2,5
Publiée le 16 mars 2014
Le film est un peu raté : peut-on croire à cette histoire abracadabrante ? D'autre part, le style de Wilder ne passe plus la rampe, il accuse les ans, à l'instar d'un Hitchcock à la fin de sa vie. Il livre une espèce de téléfilm mal fagoté avec des élans intéressants.
soniadidierkmurgia
soniadidierkmurgia

1 253 abonnés 4 218 critiques Suivre son activité

4,5
Publiée le 3 août 2018
« Fedora » est l’avant dernier film de Billy Wilder. Certains des admirateurs du grand réalisateur aimeraient qu’il fût le dernier, afin de pouvoir gommer « Buddy, Buddy », le triste remake de « l’Emmerdeur » (Edouard Molinaro, 1973) , qui conclut de manière peu glorieuse sa fructueuse collaboration avec le scénariste fétiche de sa deuxième partie de carrière, IAL Diamond. Il est vrai que voir se refermer la filmographie de Wilder avec cette deuxième réflexion amère sur Hollywood aurait plus d’allure et surtout plus de cohérence. Après la consécration majestueuse que fut « La garçonnière » en 1960, couronnée de trois oscars majeurs dont celui du meilleur film et du meilleur scénario, le duo constitué en 1957 sur « Ariane » va connaître progressivement un déclin que les deux hommes ne sont pas parvenus à s’expliquer alors qu’avec le recul il apparaît évident qu’il se sont trop facilement reposés sur le génie comique de Jack Lemmon qui leur avait tant donné sur « Certains l’aiment chaud » et « La garçonnière ». Une impression de déjà vu a sans doute fini par détourner les spectateurs de Billy Wilder dont le cinéma au mitan des années 1960 a soudainement paru démodé. Pourtant « La vie privée de Sherlock Holmes » où les deux hommes ont semblé se réinventer avait une sacrée allure. Mais nous étions déjà en 1970 et l’heure de Wilder avait sonné, les Penn, Pollack, Scorsese ou Coppola ayant apporté une nouvelle manière d’aborder les sujets et aussi une nouvelle façon de diriger les acteurs. En 1978 après cette série d’échecs, Wilder ne fait plus la pluie et le beau temps au sein d'un Hollywood en pleine mutation. Il devra pour la première fois aller faire de la « retape » pour trouver le financement de ses ambitions. C’est en Europe à travers un deal franco-allemand qu’il finira par obtenir gain de cause et pouvoir mettre en scène une fois encore. Wilder avait en réalité abandonné le vrai drame depuis près de trente ans et « Le gouffre aux chimères » (1951) qui succédait à « Sunset Boulevard » (1950), son film phare qui avait secoué une industrie des studios encore triomphante qui ne lui avait pas pardonné ce miroir tendu à son cynisme . Juste retour des choses , en 1951 l'académie des Oscars l’avait durement sanctionné en ne lui décernant que trois récompenses mineures alors que le film avait été nommé dans toutes les catégories reines. Comment peut-on expliquer autrement l’Oscar accordé à Judy Holliday pour « L’esprit vient aux femmes », alors que Gloria Swanson dont la composition bouleversante en star déchue du muet, tout comme Bette Davis dans « Eve » (Mankiewicz) restèrent sur le carreau ? Prudent et échaudé par l’échec du « Gouffre aux chimères », son film préféré, qui dénonçait la voracité des médias, Wilder ayant bien reçu le message, s’orienta dès 1957 en collaboration avec IAL Diamond vers le créneau de la comédie légère qu’il parvenait malgré tout à teinter systématiquement d’une réflexion acide sur la société américaine. Après une décennie glorieuse suivie d'une autre marquant un lent déclin, Wilder sentant bien que les choses allaient devenir de plus en plus compliquées pour lui et qu’il n’aurait plus beaucoup d’occasions d’exercer son art, a sans doute voulu adresser un dernier message à la Mecque du cinéma qui, il avait pu désormais le vérifier lui-même, brûlait sans vergogne ceux qu’elle avait encensés. William Holden qui avait endossé le costume du scénariste ambitieux qu’avait été Wilder à ses débuts dans "Sunset Boulevard" se transforme pour "Fedora" en producteur réduit à parcourir l’Europe pour donner vie à son projet un peu à l’image de Wilder sur ce même film. Encore le procédé du film dans le film. Jeune ou vieillissant, scénariste assoiffé de réussite ou producteur à la dérive, Holden, alter ego de Wilder est encore une fois le témoin-acteur de la chute d'une icône féminine de l'écran lâchée par les studios après que les spectateurs se soient détournés d'elle. A Hollywood le triste sort des stars glamour, féminines surtout, est comme le dit si bien leur dénominatif, de s'éteindre à leur firmament. Norma Desmond a été conduite au mausolée par une révolution technique (l'arrivée du parlant), Fedora a lutté comme la chèvre de Monsieur Seguin contre les premières atteintes du vieillissement. Dans les deux films, Wilder insiste sur la tentative désespérée d'arrêter le temps, qui ronge celles, qui le plus souvent sorties du néant ont été adulées des foules pour leur plastique magnifiée par l'écran. Pour que la légende demeure elles n'ont souvent d'autres choix que d'accepter une première petite mort. Normand Desmond vivait recluse dans sa villa de Bel Air et Fedora s'est perdue sur la petite île grecque de Corfou. Holden violeur d'intimité dans chacun des deux films va jouer un peu le rôle de l'égyptologue profane qui ignore que l'on ne peut exposer à l'air libre une momie sortie de son sarcophage. Wilder, par les différents métiers qu'il a exercé à Hollywood et les choix qu'il a été amené à faire, sait qu'il a fatalement joué un rôle dans le processus d'entrée et de sortie du statut de star des actrices qu'il a employées. Dans "Fedora" on l'a dit, l'identification est sans doute encore plus forte, Wilder goûtant à son tour aux affres du désamour du public et à la réaction en chaîne qu'il provoque au sein de la hiérarchie des studios . Avec une autodérision qui lui ressemble bien, tel Norma Desmond en quête de revenir sur le devant de la scène grâce à un scénario indigeste et surtout dépassé, Wilder affuble Barry Detweiler (William Holden) d'une nouvelle adaptation d'Anna Karenine qu'il entend proposer à Fedora pour son retour sous les feux de la rampe alors que Garbo l'avait déjà immortalisée par deux fois à l'écran dans les années 1930. C'est sans doute à Garbo que Wilder a pensé en premier lieu en réalisant "Fedora", elle qui prudemment avait choisi la retraite anticipée avant que les moguls ne lui indiquent le chemin de la sortie. Il avait envisagé dans un premier temps confier à son amie Marlène Dietrich le rôle de Fedora vieille, mais la star de 76 ans, elle-même recluse dans son appartement parisien de la rue Montaigne, avait décliné l'offre. Moins limpide que "Sunset Boulevard", "Fedora" propose une intrigue nimbée de mystère qui pousse à son paroxysme la schizophrénie qui peut s'emparer de ceux habitués à se dédoubler. Moins limpide, moins parfait mais tout aussi noir que son glorieux aîné, "Fedora" demeure un film captivant d'un cinéaste de l'âge d'or d'Hollywood échoué sur le rivage qui regarde un peu amer "ces barbus qui secouent leurs caméras" (allusion dans le film de Detweiller aux Coppola, Spielberg et Scorsese nouveaux rois d'Hollywood) lui ravir sa place sur le trône. Les difficultés sur le plateau de Marthe Keller choisie pour le rôle titre, confirme le décalage du cinéaste avec la réalité d'une époque qui n'était plus la sienne. Pour admirer ce chant du cygne d'un des plus grands réalisateurs de l'âge d'or d'Hollywood, les éditions Carlotta ont édité un magnifique Blu-Ray avec en supplément un très bon documentaire où Marthe Kelletr et Michael York témoignent du décalage des méthodes du vieux lion avec celles des rois du nouvel Hollywood.
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