Une merveille! Le chef-d'oeuvre oublié de Masaki Kobayashi est sans conteste l'un des sommet du cinéma japonais! Il a puisé dans les racines ancestrales de l'art nippon (estampes, kabuki, nô,...) pour donner vie à ces 4 contes fantastiques, véritables rêves (ou plutôt cauchemars) éveillés, adaptés de l'oeuvre de Lafcadio Hearn. Ces 4 contes font écho aux mythes occidentaux moyenâgeux tant les thématiques se rejoignent : il est toujours question d'amour perdu, de courage et de lâcheté, de fantômes, de monstres, de vie et de mort... Et leur illustration est absolument envoutante! Les décors sont sublimes, la mise en scène est, comme toujours chez Kobayashi, maîtrisée à la perfection, l'interprétation est impressionnante, la photographie, nuancée à l'extrême, est magnifique... «Kwaidan» constitue un véritable plaisir pour les sens, à la fois sur un plan visuel et sur un plan auditif : la partition du grand Tôru Takemitsu vient en effet porter le film avec puissance et subtilité, secondée par une excellente bande-son. Les 3 heures passent très vite, non seulement car la contemplation des images se suffit à elle-même, mais plus encore parce que l'on est véritablement happé par ces histoires extraordinaires, où l'on suit avec fascination les héros se débattre avec les esprits qui les menacent. Kobayashi n'est décidément pas (re)connu à sa juste valeur, éclipsé par ses confrères Ozu, Mizoguchi ou Kurosawa. On pense d'ailleurs à l'oeuvre de ce dernier en visionnant «Kwaidan» : les expérimentations chromatiques rappelant «Dodes'kaden», mais surtout ces 4 contes préfigurant les 8 «Rêves» d'Akira. Un long métrage d'une beauté irréelle, à voir absolument! [4/4] http://artetpoiesis.blogspot.fr/