Antoine Dumas, qui aurait pu être un grand photographe, mais n'est plus, à presque 50 ans, qu'un pigiste abonné aux mariages, baptêmes et autres photos de classe, désabusé, fumant comme un sapeur et buvant comme un trou, jouant les voyeurs, "fenêtre sur cour", assiste à la chute du toit de sa voisine d'en face, Elena Morin, 25 ans. Aux premières loges, ce soir de St-Valentin, il va sauver la désespérée, et.... n'arrivera pas forcément ce à quoi on s'attend, entre l'artiste raté et la thésarde en archéologie (et pianiste amateur), "triste de la tristesse des autres".
Le récit n'est pas un conte de fées moderne, même pas revisité à la façon d'Antoine pour Matéo, son seul ami, un gamin d'une dizaine d'années aussi atypique que lui, qui aime à s'habiller en princesse, un petit voisin dont il est la nounou bénévole. C'est une histoire simple, un conte moral sans morale, un film délicieusement mélancolique, alors qu'il aurait pu rapidement tourner au banal mélo. Illuminé par un Poelvoorde qui n'aura jamais été aussi bon, aussi touchant. Ariane Lebed (Elena), à début de carrière grec autant que français, au théâtre comme au cinéma, tient parfaitement sa partie, et le déjà chevronné Max Baissette de Malglaive (13 ans - 5 films au compteur, depuis le bouleversant "Versailles" de 2004, avec Guillaume Depardieu) également.
La réalisation est à l'unisson de la distribution, belle et modeste. Une jolie "Place sur la terre", faite à petites touches et grands sentiments.