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JR Les Iffs
80 abonnés
1 151 critiques
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1,5
Publiée le 28 octobre 2017
Film de 1936, et ça se sent. En effet, le film a beaucoup vieilli, non seulement par la photographie qui tire sur le flou, par un scénario biscornu qu'on a du mal à suivre, mais aussi par une technique assez pauvre malgré des décors (intérieurs) qui se veulent impressionnants. En effet, beaucoup de studio, peu d'extérieur, une intrigue faible, des acteurs moyens (même Harry Baur), le Golem arrive les 5 dernières minutes du film, une musique trop présente; donc beaucoup trop de défauts en fin de compte. Un Duvivier moyen.
Réalisé en 1936, « Le Golem » est un des rares films faisant un parallèle à peine transposé avec les persécutions de l’Allemagne nazie vis à vis des juifs. Le Golem devient donc un personnage symbolique qui vient au secours de ces opprimés. Inspirés par une légende juive et un film allemand sorti en 1920, Duvivier hésite entre plusieurs styles. En premier, le ghetto et la densité des ombres, font justement penser à un hommage au cinéma allemand des années 20. Mais l’empereur paranoïaque (Harry Baur dans tous ses états) et les tortures de pacotilles (pas une goutte de sang) nous font comprendre que tout cela n’est pas très inquiétant. L’arrivée de l’antiquaire français et de son serviteur (Raymond Aimos qui appelle son maître « patron » !!) et la relation qu’il entreprend avec la Comtesse Strada (Germaine Aussey lumineuse et volontaire) à la fois vénale, aimante et garce, donne une tournure inattendu à ce qui est supposé être un film d’horreur. Comme cette dernière encourage son petit français à chaque mois que son empereur d’amant batifole avec des jeunes filles ou menace d’épouser l’infante d’Espagne, le ton par moment, rappelle plus celui de Marivaux que de Frankenstein, auquel la légende du Golem avait servi de modèle. Le tout est accompagné par une musique aussi hésitante que le style du film. C’est dommage, car entièrement filmé en studio, les intérieurs du palais de la Comtesse comme de la cour impériale ne manquent pas de grandeur, comme une remarquable et impressionnante reconstitution de la Alt-Neu synagogue de Prague. De plus, en tenant compte d’effets spéciaux honorables pour cette époque et le couple Rabbi Jacob (Charles Dorat qui rappelle son copain Le Vigan dans Golgotha) et Rachel (Jany Holt excellente) très attachant on peut vraiment regretter le côté inégal du film, surtout dans la volet comique (je ne ferai pas de comparaison facile).
Tourné en studio à Prague et inspiré d'une légende juive déjà mis en scène par Paul Wegener et Carl Boese en 1920, le Golem est un film qui adopte tout naturellement une esthétique proche de l'Expressionnisme allemand, à travers les décors, la lumière, soignés, et l'incursion dans le Fantastique - ce qui fait du Golem, une rareté dans l'Histoire du cinéma national. La touche française vient ici d'un certain humour que Duvivier insuffle à une histoire sombre à travers les personnages de Français justement Roger Duchesne, le joli coeur et Aimos, son serviteur rigolard). Le sujet : un monstre d'argile crée par un rabbin vient délivrer les Juifs du ghetto du Prague du joug d'un empereur à la fois psychotique, lubrique et paranoïaque (sorte de Caligula du XVIe siècle joué par un Harry Baur excessif). Dans le climat de 1936, il n'est difficile de voir dans cette légende une parabole de la situation du moment avec un Hitler et un Himmler martyrisant les juifs dans l'Allemagne des années 30. Avec peut-être le rêve incantatoire de Duvivier qu'un Golem moderne vienne casser le sombre dessein nazi
La légende du Golem est un peu l'histoire de toujours du peuple juif. Cette créature fantastique qui vient au secours de la communauté juive de Prague, persécutée comme ailleurs, est l'incarnation du Dieu vengeur du peuple élu. Aussi, l'élimination finale des ennemis des Juifs par le puissant Golem prête largement le flanc à l'antisémitisme des années 30. Quant au film de Duvivier, doit-on le considérer comme un film engagé, une réaction à l'antisémitisme hitlérien? Si on s'en tient au cinéma, on n'est pas surpris de retrouver dans "Le Golem" la noirceur de la mise en scène de Julien Duvivier. Cette sombre et hiératique évocation, associé au mysticisme juif, donne le ton d'un film un peu simple dans sa démonstration de l'oppression des Juifs suivie de leur révolte. On cerne mal l'opposition et la relation entre les Juifs et l'Empereur Rodolphe, cet homme obsédé par la création artificielle de la vie et comme persécuteur malgré lui. Il y a sans doute un sens plus profond dans cette légende juive, probablement philosophique et humaniste, mais celui-ci reste obscur, si tant est que Duvivier, préoccupé par la forme et l'atmosphère fantastiques du film, ait tenté de le suggérer.
Belle version du mythe juif pragois du Golem. On a une curieuse superposition de styles : les décors du ghetto rappellent irrésistiblement le cinéma expressionniste allemand, certaines scènes sont par contre typiques du cinéma français des années 30 (l'antiquaire français et son valet). Duvivier a le sens du surnaturel et est visiblement imprégné de la religiosité de l'Ancien Testament (les bêtes féroces accompagnant le Golem). Harry Baur fait une composition intéressante d'empereur fou. Le plus remarquable est peut-être qu'il s'agit d'un film des années 30 philosémite.