Cette comédie musicale avec Christina Aguilera et Cher, d’une naïveté affligeante, s’inscrit comme un divertissement gentillet sans aucune ambition. L'histoire est celle d'Ali, une jeune rebelle de l’Iowa, qui débarque à Los Angeles sans le sou pour tenter sa chance dans le show-business. Elle se retrouve très vite engagée comme serveuse dans le cabaret "Burlesque", tenu par la charismatique Tess, au bord de la faillite... Franchement, "Burlesque" est un film romantique regardable. Il se suit. Mais non sans ennui ! Dépourvue d’intérêt, l’intrigue de cette comédie musicale américaine n’a cependant rien à raconter, en tout cas rien qui n’aurait déjà été dit mille fois ailleurs. Cette success story de cabaret d’une bouseuse de l’Iowa dotée de rage, de talent et d’un joli minois cumule un autre handicap, ses dialogues. Tous d’une naïveté affligeante dans leur philosophie de comptoir, ils s’accompagnent en plus de personnages sans zone d’ombre, unilatéralement mous et sans aspérité. La palme revient au serveur tombeur qui devient l’ami de la nouvelle venue en ville, la peu farouche Christina Aguilera, et qui gravit, lui aussi, bien vite les échelons : il passe de meilleur pote au statut de petit ami officiel. Il faut dire qu’à s’exhiber en débardeur ou torse nu, il ne pouvait en être autrement. Pour son grand retour à l’écran, la chanteuse Cher vient cachetonner sans effort devant la caméra de Steven Antin avec lequel, pour la petite histoire, elle a partagé le même homme... David Geffen ! En vieille tenancière de cabaret respectée et respectable, elle auditionne, regarde ses recrues sur scène d’un air complice... Elle chante deux fois, notamment un slow sirupeux qui devrait faire l’objet d’un single. Elle ne fait rien d’autre, rien qui puisse en tout cas la remettre sur la voie des Oscars... Cette ancienne actrice dramatique ("Mask" de Peter Bogdanovich en 1985) tombe bas alors que face à elle, Christina Aguilera, en ce moment en pleine guerre avec Lady Gaga pour s’imposer comme la nymphette (avec voix) trashouille de sa génération, ne vaut guère mieux. Elle s’agite souvent comme une grue, oubliant qu’à bientôt 30 ans, elle a passé l’âge de jouer à la jeune fille paumée qui découvre la grande ville et ses pièges. L’audacieuse chanteuse célèbre minaude et se croit souvent dans l’un de ses clips. Ce n’est pas comme cela qu’on devient comédienne. Mais il y a beaucoup de choses à dire sur "Burlesque", et contrairement aux apparences, y compris des choses tout à fait positives. Si "Burlesque" ne bénéficie pas d’un scénario solide et original, on sent derrière ce film un vrai travail de mise en scène avec de la personnalité. Peu importe, le plaisir (coupable) que procure le film vient d’ailleurs, au propre comme au figuré. L’illusion que "Burlesque" allait rendre hommage avec sérieux au genre de la comédie musicale s’envole au loin dès la première scène, où tous les enjeux et les dialogues sont balayés à vitesse grand V pour permettre au plus vite à Christina Aguilera de faire ce qu’elle fait de mieux : non pas jouer la comédie, mais pousser la chansonnette toute en coffre et octaves. Ces premières vocalises forcément "over the top" arrivent tellement rapidement et abruptement qu’elles provoquent involontairement un rire stupéfait. Leur réitération par la suite à de nombreux moments clés du film les rendent progressivement de plus en plus difficiles à prendre au sérieux (le public finit par rire à chaque fois), à l’image du film tout entier. Nous voilà prévenus. Et ravis. Car si presque tout dans le film est aussi accéléré et expédié, la vraisemblance des situations comme la profondeur des personnages (qui, à la fin, peut résumer la personnalité du personnage de Christina Aguilera ?), cette accélération se fait heureusement au profit du fun et du clinquant, d’un côté too much permanent, et surtout d’une superficialité pas vraiment maîtrisée et un peu loufoque qui rend "Burlesque" irrésistiblement cool. Que le film provoque le rire, ça n’est en effet peut-être pas intentionnel, mais la présence de Cher, elle-même une allégorie de self-ironie, place dès de le départ le film dans une certaine ambiguïté. En pygmalion des faubourgs avec son perpétuel sourire en coin, elle trouve ici son emploi le plus évident et adéquat après son interprétation de Dieu dans "Will and Grace". Du coup à qui "Burlesque" s’adresse-t-il, sa double tête d’affiche improbable s’adressant chacune à une cible différente ? Soyons clair : Christina et Cher n’ont pas l’air de jouer du tout dans le même film, et au final, on passe quand même un bon moment devant ce film vraiment pas mal, grâce à des très bonnes scènes de comédie musicale et des belles chansons, un acteur charismatique, Cam Gigandet, dans le rôle du beau mec, Jack, qui
finit par avoir la fille à la fin
. Cela dit, sa romance avec Ali est assez expédie, niaise, superficielle, pas crédible et vraiment pas intéressante. Par contre, la réalisation est assez recherchée, la mise en scène vraiment cool et les décors et costumes sont kitsch mais passent vraiment bien et contribuent bien à nous immerger dans cet univers hollywoodien de strass et de paillettes. Un film musical vraiment pas mal, mais un très mauvais film de romance par contre. Un film qui reste cependant vraiment pas mal et relativement divertissant