Pour sa seconde réalisation, l’ex vilain des Goonies, Steven Antin nous revient avec de l’entrain et nous sert une comédie musicale, malheureusement anecdotique. Loin de décevoir sur tous les aspects, le metteur en scène possède bien du renfort et c’est évidemment dans les démonstrations les plus dynamiques qu’il mise, tout comme les figures montantes ou permanentes d’Hollywood. Mais à l’instar d’un « Moulin Rouge », « Chicago » ou insurmontable « Cabaret », le film se perd dans sa démarche académique et trop anglée sur ce qui fait du bon spectacle avant de se pencher sur ce qui fait un bon film. Bien que les success stories font le bonheur d’un public averti, certains esquivent les clichés et la simplicité d’un scénario bon marché. Ce n’est pas le cas de cette œuvre qui souffre inévitablement d’une tendance, comme tout ce qui est commercialisable aujourd’hui.
Mais alors que trouve-t-on dans cet univers qui fait l’impasse sur les nuances ? En regardant attentivement sur scène, nous pouvons y trouver une Christina Aguilera ambitieuse, délicieuse, mais un peu trop naïve. Si le parcours de son personnage, Ali Rose, constitue le reflet d’une carrière cinématographique grandissante, ce film lui sert uniquement de tremplin afin de promouvoir ses talents vocaux et de danse. L’ode à la femme ne fait aucun doute et cette ambassadrice au premier-pan ne se relâche jamais, prend les meilleurs risques possibles et concrétise l’affaire de toute une vie. Difficile de ne pas le reconnaître assez tôt dans le film afin de se laisser surprendre par des spectacles rythmés et chorégraphiés avec la finesse du décor, de l’éclairage et du ton rouge qui rappelle bien des souvenirs. Ce sera au goût de chacun pour en juger, mais le plaisir de la lingerie a amèrement été troqué par un sens du rythme qui justifie de nombreuses maladresses.
À force de répéter les surcuts et en insistant sur l’art du clip, le récit devient difforme et ne progresse que grâce à son élan musical à en décevoir tout cinéphile et adepte d’une comédie musicale plus soignée. Tout ne repose que sur les courbures des femmes pour séduire l’audience, mais c’est avant tout la présence des divas, nommée Cher et Aguilera que le doute s’efface le temps d’une contemplation pertinente. Ce qui est le cas avec la première, qui laisse transparaître toute la puissance de son parcours, au détriment d’un passage de flambeau laborieux. Quant à la seconde, son jeu s’avère monotone tout le long d’une intrigue qui envisage dans un premier temps de renouveler le style du cabaret, allant même à y rendre un hommage à Marylin Monroe. Il est bien là le problème, car le manque d’identité et de risques laisse le spectateur seul, face à un univers qui n’a plus de secrets. Le fan à tout à y gagner, mais le reste perd tout dans ce faux divertissement.
Loin d’être recommandable, « Burlesque » illustre avec une dérision douteuse le cliché du show-business. La fougue est mal maîtrisée et ne donne pas de souffle à une aventure convenable d’une étoile montante dont la destinée importe peu. C’est dans les conflits que la narration essaye de se construire. On le voit et on le ressent subtilement chez le personnage de Kristen Bell, injustement mise au placard, comme pour Stanley Tucci, ou pire encore avec un Alan Cumming littéralement laissé à la porte. Si l’ensemble ne tient que sur la ligne de la facilité, la gloire des femmes n’est qu’un maquillage, aussi futile qu’un love interest, rigide, impatient et sans magie.