Macabro ou Baiser macabre en français explore à sa façon un fait divers (le film s'appuie sur un vague fait divers américain) et la thématique de la nécrophilie qui connaissait alors un petit boom (on songe à la même époque au fameux Blue Holocaust). Autant dire que pour un premier film en tant que réalisateur Lamberto Bava s'attaque à un épineux sujet ! Il faut le dire, Macabro n'a pas un scénario tonitruant. Avati qui a filé l'idée à Bava en la prenant dans un journal ne l'a pas vraiment tortillée de fameuse façon. L'histoire reste relativement plate, pour ne pas dire minimaliste, et elle avance au gré d'invraisemblances pour certaines assez énormes. Je n'ose même pas parler de la toute dernière image d'ailleurs en guise de cerise sur le gateau des invraisemblances. C'est dommage, car il y avait sûrement mieux à faire que d'enquiller de la sorte les énormités qui forcément gâchent un peu le plaisir que le film sait procurer par ailleurs. En effet, si l'on accepte le rythme très lent et le scénario chaotique, le métrage est visuellement très réussi. Les décors sont beaux, la photographie raffinée, on sent que Bava a travaillé sur Inferno peu avant car on retrouve un peu de cette patte visuelle. Bava maitrise d'ailleurs très bien son huis-clos, il déambule à l'aise dans cette vaste demeure et il distribue plus d'une fois des images envoûtantes et très élégantes qui confère à Macabro une ambiance fort réussie. Cette ambiance compense d'ailleurs une horreur graphique peu présente en dépit du sujet, et le film est plus dérangeant que vraiment horrifique. A noter aussi la bande son, soignée, menée notamment à l'harmonica, qui sans valoir les meilleurs bandes sons du cinéma bis italien s'avère très dans le ton et favorise l'ambiance.
Côté casting le film joue la carte du minimalisme avec pour ainsi dire trois acteurs, et principalement le duo Stegers-Molnar. Ils accaparent quasiment toutes les scènes et s'avèrent franchement très convaincants. Non seulement ils jouent bien mais ils ont la tête de l'emploi pour ainsi dire, entre un Molnar froid, anguleux, inquiétant somme toute, et une Stegers qui alterne entre froide folie et sensualité charnelle.
Vraiment, Macabro est un bon petit film de genre qui rappelle que Bava n'est pas un mauvais artisan, loin de là. Dommage que son travail visuel très soigné et son bon casting soient mis au service d'un scénario franchement incohérent car Macabro aurait pu être une référence du cinéma de genre italien. 3.