Si la plupart des films de guerre américains des 50’s étaient positifs envers l’armée, ce ne fut pas le cas de tous. En particulier, ceux tirés de romans de vétérans, généralement plus caustiques. Dans « Between Heaven and Hell », on suit ainsi un sergent qui, après avoir frappé un officier sur le front Pacifique, se retrouve dégradé et muté dans un avant-poste sordide. Le film se structure en fait en deux parties. La première, une série de flashbacks évoquant notre protagoniste à la vie terne, à qui la Guerre lui donne des amis et un sens… avant de tout lui reprendre. La seconde, des rebondissements militaires alors que notre héros est au service d’un capitaine infect. Un récit riche en péripéties diverses, condensées en à peine 1h30, qui n’ennuie donc jamais. D’autant plus que le scénario est intelligent, et offre des réflexions intéressantes… ou un antagoniste poisseux et dangereux à souhait, malheureusement sous-exploité. Broderick Crawford n’a que quelques scènes, mais campe cet officier détestable, dont la mise en scène sous-entend fortement qu’il est un « dépravé » sexuel.
Non marié, il est accompagné de deux « mignons » suants qui le soutiennent en permanence avec un grand sourire, tout en brandissant des mitraillettes phalliques. Le capitaine aime par ailleurs s’enfermer avec eux dans sa hutte… Des choix de mise en scène fortement implicites, à une époque où l’homosexualité était vue comme péjorative, et surtout interdite de représentation explicite par le code de censure Hays.
A côté, Robert Wagner est très convaincant en protagoniste de plus en plus marqué par le conflit. Tandis que la réalisation de Richard Fleischer est généreuse en passages guerriers, filmés efficacement. Détail amusant, les deux compositeurs s’étant basés sur le même morceau classique, le thème musical de « Between Heaven and Hell » ressemble fortement à celui de … « The Shining » !