Eh bah ! Il fut rude à voir ce film ! Et pourtant, au final, je le trouve plus qu’appréciable. Alors c’est vrai, sûrement qu’avec un autre auteur, j’aurais été moins clément. Mais d’un autre côté, comment ne pas voir que ce « Ink » est un premier film fauché (…enfin, dans les faits c’est un deuxième film mais passons !) réalisé par un jeune auteur qui s’efforce de générer quelque-chose d’original avec trois fois rien ? Je ne sais pas vous, mais moi, quand j’identifie ce genre de film, j’ai toujours tendance à passer pas mal de choses parce que je me dis que, dans l’insouciance des débuts, ce genre de démarche peut débouler sur de drôles d’expériences cinématographiques. Or, là, à mon sens, c’est clairement le cas. Certes, le postulat mis en place apparaît rapidement comme assez pauvre voire peu mature (
…parce que bon, pour moi allégoriser les joies et les angoisses, à moins qu’on soit Pete Docter, ça ne vole quand même pas bien haut !
). Mais bon, d’un autre côté, on sent très rapidement que Jamin Winans dispose de bonnes idées de visuels et de mise en scène. Le gars est visiblement préoccupé par l’envie de mettre en place un univers onirique assez riche, composé de figures picturales assez fortes, et le moindre que je puisse dire, c’est qu’il y parvient avec une réelle créativité. Après, le problème c’est que cette créativité est souvent contrebalancée par un côté vraiment cheap pas toujours agréable pour l’œil ; mais aussi par une intrigue inutilement alambiquées et des personnages pas consistants pour un sou. D’ailleurs, je ne vous le cache pas, le premier tiers de ce film fut pour moi très compliqué à regarder. J’appréciais les bonnes idées visuelles et sonores, mais je ne cessais de grimacer face à toutes ces fioritures scénaristiques qui, à mes yeux, étaient bien plus des cache-misères qu’un véritable mystère apportant une plus-value à l’œuvre. Mais fort heureusement, tout cela se révèle vite être des approximations de jeune auteur. Lentement mais sûrement, le film parvient à mettre en place de vrais bons moments (
l’un des meilleurs étant sûrement celui où le « Pathfinder » se met à orchestrer l’accident de John
). Et si enchaînement des scènes s’est révélé très irrégulier dans le plaisir fourni (
les passages de négociations avec les détenteurs de codes, perso, j’ai vraiment pas trouvé ça top
), il s’avère que sur le dernier tiers final prend vraiment de l’ampleur au point de toucher une grâce loin d’être anodine. Et c’est dans ces moments là qu’on se rend compte que le Jamin Winans est loin d’être un empoté. Malicieusement, il parvient à rassembler tous ses fils, parvenant à mettre en place un montage alterné très riche qui, me concernant, fut vraiment riche d’émotion. Du coup, au final, je ne peux m’empêcher de chérir ce film comme le diamant imparfait qu’il est. Certes, ce fut de véritables montagnes russes que de le suivre, mais au final, c’est la sincérité et la générosité de la démarche qui l’emportent. L’air de rien, malgré ses multiples imperfections, « Ink » se révèle être au final une expérience de cinéma bien plus intéressante à vivre qu’un film réalisé par un auteur chevronné mais sans audace. Jaime Winans est un formaliste manifeste et, pour sûr que s’il poursuit à mûrir son art, il pourrait devenir un grand auteur du cinéma.