Livre que j'ai eu le plaisir d'étudier en classe de 6eme ou de 5eme, je ne sais plus trop, on avait visionné derrière l'adaptation de Jacques Doillon que je viens de me repasser 15 ans plus tard et l'impact reste le même. Pour bien comprendre, à la base, l'auteur, Joseph Joffo, raconte sa propre enfance fuyant les Nazis durant l'Occupation à travers la France en compagnie de son frère Maurice de 2 ans son aîné. C'est ce jeu du chat et de la souris qui nous est narré à la fois avec humour et gravité de sorte que l'on s'identifie rapidement à Joseph en éprouvant les mêmes sentiments que lui. Doillon a bien respecté le roman bien que Joffo lui-même s'est élevé dans la postface contre certaines libertés prises avec son livre. Exemple, le curé dans le train qui se fait convaincre par Maurice de les aider alors que dans le livre il le fait spontanément ou alors le père qui paraît un peu dépassé, dépressif alors que dans le roman il est tout à fait sûr de lui, rassurant, lui qui en a vu d'autres, ayant dû fuir le tsar quand il était petit. Un sac de billes permet de se replonger dans cette période trouble de l'histoire de France mâtinée de haine, de peur, de délation, dont on doit se réjouir de ne plus connaître. Joseph Joffo insiste justement sur l'importance de ne plus jamais connaître cela, la rafle de l'hôtel Excelsior est son souvenir le plus marquant, et d'avoir eu l'impression qu'on lui avait volé sa jeunesse. L'astuce et la débrouillardise de ces gosses épatent, leur instinct de survie également. Pour les parents, c'était naturel de laisser filer leurs enfants à 12 ans car c'était comme ça qu'il fallait s'en sortir. Doillon et Joffo mettent donc en perspective la fin de l'enfance, l'adolescence et tout ce qui va avec (l'éveil au sentiment amoureux et à la sexualité) avec la guerre en toile de fond et toute son absurdité (l'auteur posant la question : c'est quoi être juif ? le gosse, dont ce n'est pas la priorité, n'hésite pas à échanger son étoile jaune contre un sac de billes). C'est sans doute ça qui a séduit le réalisateur qui a montré plus tard son aisance à tourner avec des enfants. Un livre et un film qui devraient être étudiés dans tous les collèges à la fois drôle et poignant au vu des ravages de la guerre, et à la fois leçon d'histoire, de tolérance, de courage et de vie.