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    Le Moment de la vérité
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    3,0
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    traversay1
    traversay1

    3 570 abonnés 4 860 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 4 août 2016
    Entre le formidable Main basse sur la ville et le médiocre La belle et le cavalier, Rosi tourne un film entièrement espagnol autour de la tauromachie. Surprenant ? Pas tant que cela étant donné que le cinéaste napolitain a un peu de sang hispanique dans les veines et qu'il réalisera plus tard Carmen puis Chronique d'une mort annoncée. Le moment de la vérité ne brille pas par son scénario, assez basique -une jeune paysan monte à la ville, se révèle doué pour toréer, gagne argent et gloire avant de finir comme on l'imagine- et est assez proche d'un documentaire dans sa description de l'environnement des corridas et des fêtes de Séville et San Sebastian. Une grande partie des images a été tournée lors de véritables corridas et donne au film un côté réaliste très fort. Un film apolitique donc, ce qui est rare chez Rosi, ni apologie ni plaidoyer contre le spectacle des arènes, et pas davantage une oeuvre anti-franquiste. On retrouve les qualités de Rosi essentiellement dans le montage pour un film qu'on qualifiera faute de mieux de mineur et d'atypique dans sa carrière.
    Fêtons le cinéma
    Fêtons le cinéma

    687 abonnés 3 011 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 11 mars 2024
    Il momento della verità s’inscrit à la fois dans le cinéma de Francesco Rosi et dans la tradition du roman d’apprentissage développée notamment par le réalisme français du XIXe siècle : le voyage entrepris par Miguel Romero à travers l’Espagne, depuis le Sud rural et désolé vers le Nord en pleine révolution industrielle, quoique lui aussi défini par la grande précarité des ouvriers qui s’y activent, rejoue les déplacements d’immigrés ou de populations représentés dans I Magliari (1959) et La Sfida (1958), tout en réactualisant le parcours du jeune ambitieux balzacien soucieux de réussir ailleurs que dans province. Le néoréalisme cher à Rosi repose ici sur des immersions dans des processions religieuses et au sein de l’arène : au moyen d’une optique 300 millimètres, il place sa caméra au plus près de l’homme et de l’animal, donnant lieu à de remarquables séquences de combat durant lesquelles s’accentue la violence à mesure qu’elles se répètent.
    Car la corrida n’est abordée ni sous un angle romanesque ni sous un angle nationaliste ; elle incarne seulement un tremplin social similaire aux femmes séduites par Georges Duroy pour s’élever en société (Bel-Ami, Guy de Maupassant, 1985). Notre protagoniste évolue dans des milieux qui considèrent son métier comme un art tantôt profane – c’est le point de vue bourgeois, celui qui exige des cérémonies mondaines où se montrer et flirter avec la vedette du moment – tantôt sacré, en témoigne la longue procession inaugurale de la fête de la San Fermín ; lui au contraire pratique la corrida comme la meilleure alternative aux seuls corps de métiers qui s’offrent à lui, à savoir la bâtiment, la prostitution et la contrebande. Rosi brosse ainsi un portrait hagiographique d’un martyr moderne qui se sacrifie sur l’autel de l’ascension sociale et de la réussite économique, inséré dans le paysage sans concessions d’une Espagne franquiste régie par les inégalités et la précarité. Un immense film rigoureusement mis en scène dans un technicolor magnifique.
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