Si Claude Berri réalisateur est nettement moins important que Claude Berri producteur, il a toutefois su, notamment au début de sa carrière, signer quelques œuvres réussies, dont « Le Pistonné » fait relativement partie. Ce dernier fait preuve d'un peu moins d'académisme que par la suite, privilégiant un style certes classique mais propre, soigné. Ni pro (quoique) ni antimilitariste, le film s'efforce avant tout de décrire le parcours d'un jeune homme peu motivé par son engagement obligatoire, faisant ni plus ni moins le travail qu'on lui demande avec, quand même, une poignée de saillies qui lui vaudront quelques sanctions. On peut préférer la partie française à celle marocaine, un peu longue
(la parenthèse « médicale » exceptée)
, mais pouvant aussi se justifier par l'attente quasi-interminable vécue par les soldats. Les dialogues ne sont pas mal, parfois assez drôles bien qu'un peu forcés, moins savoureux qu'ils ne voudraient l'être. De façon générale, ce ton doux-amer souhaité par Berri manque de piquant, de mordant, même si, contrairement à ce que je pensais, le but n'était donc pas d'offrir une satire de l'armée, le récit étant, au passage, on ne peut plus autobiographique. Le plus vient sans doute des acteurs : l'occasion rêvée de rendre hommage à Guy Bedos, mais ce sont surtout les seconds rôles qu'on retient : Georges Géret, Claude Melki, Yves Robert ou encore un certain Coluche, et surtout l'inénarrable « duo » Claude Piéplu - Jean-Pierre Marielle, tous deux mémorables dans leur registre si singulier. Une des relatives réussites de son auteur, et l'occasion de saluer une dernière fois l'un des grands humoristes français : adieu, monsieur Bedos.