Douze ans après Batman & Robin, Joel Schumacher retrouve Jim Carrey à l'occasion d'un thriller noir, s'intéressant de prés au nombre 23 et à ses mystères qui ont souvent fasciné l'Homme. Si la première collaboration du réalisateur et de l'acteur de The Mask n'a pas été des plus brillantes (Schumacher a quand même massacré le mythe de l'homme chauve-souris), mon goût pour les films psychologiques et mon affection pour Jim Carrey m'ont finalement décidé à me lancer. Si le scénario de Fernley Phillips peine à démarrer, on finit par rentrer dans le vif du sujet à mesure où l'obsession de Walter grandit. On le voit sombrer progressivement au fil des pages de cet étrange bouquin, se trouvant d'étonnantes similitudes entre lui et le personnage principal, Fingerling, un détective qui va voir sa vie basculer à cause de sa fascination pour le nombre 23. Certain que sa vie est étroitement lié à celle de ce personnage fictif et au nombre 23, Walter craint de voir son destin le rattraper et redoute lui aussi de commettre un meurtre. Il se met alors à voir le nombre 23 partout, dans les prénoms, les dates, les adresses... Malgré ses doutes, ses peurs, et sa méfiance vis à vis de ses proches, il va tenter de percer à jour le mystère de ce nombre qui semble régir sa vie, et ainsi changer son destin morbide. Si le sujet de la paranoïa est réellement riche et intriguant, il faut néanmoins savoir le manipuler habilement. Malheureusement, le scénario apparaît comme bancal, fouillis, et peine à être réellement accrocheur. Même l'obsession de Walter manque de crédibilité, souffrant de pertinence et de finesse dans la manière dont elle a été introduite. Pire, on finit par avoir du mal à compatir à la détresse et l'isolement du personnage, tant on peine à être, comme lui, entraîner par cette obsession du nombre 23. Le tout manque de profondeur, et on reste finalement sur le bas côté, attendant pourtant désespérément que le film parvienne enfin à nous prendre aux tripes, sans succès. Néanmoins, impossible de blâmer Jim Carrey, qui livre une performance pourtant bluffante et exemplaire dans la peau de ce personnage à contre-emploi et torturé, qui est jusqu'ici le plus sombre de sa carrière. J'ai été également surprise, et enchantée, par la mise en scène originale et inspirée de Joel Schumacher, et en particulier en ce qui concerne les scènes de rêves à l'esthétisme et à l'ambiance parfaite, aux allures de polar noir. Parfois violent, angoissant, sauvage, et brutal, on plonge dans un univers instable qui souligne la folie obsessionnelle du personnage. Dommage donc que le script ne soit pas à la hauteur de l'interprétation et de la mise en scène. Néanmoins, il faut admettre que le suspens tient bien, puisque même avec un effort, on ne parvient pas à imaginer le sort qu'attend notre sympathique Walter. Faut dire qu'en même temps, on a un peu de mal à se retrouver dans ce scénar' un peu casse-gueule. Et puis viens le twist-final, surprenant et satisfaisant, assemblant avec adresse toutes les pièces du puzzle, clarifiant au passage toutes les incohérences du récit. Et chose plutôt inattendue, au bout du chemin nous attend une morale, certes simpliste, mais qui fait tout de même son petit effet. Un long-métrage inégal donc qui, malgré de bonnes idées, souffre d'un manque de finesse scénaristique et d'un petit quelque chose qui fait qu'on ne parvient pas, même avec de la bonne volonté, à être vraiment entraîner dans l'énigme que renferme le nombre 23. De quoi rester sur sa faim.