L'action de Lucky You prend place au coeur du tournoi mondial de poker. Mieux connue sous le nom de World Poker Tour, cette compétition se déroule dans toutes les grandes villes où se joue le poker, Paris ou, comme ici, Las Vegas. Curtis Hanson précise ses intentions : "J'avais envie d'inscrire l'histoire d'une relation filiale et amoureuse dans le monde du poker parce que j'ai toujours été fasciné par le fait que les dons nécessaires à une bonne pratique du poker sont diamétralement opposés à ceux qu'appelle une bonne relation personnelle. La tromperie ou le bluff, qui peuvent compromettre à jamais une histoire d'amour, font partie intégrante du jeu. À la table de poker, il n'y a aucune place pour l'esprit de solidarité : c'est un sport individuel qui se dispute là. Le joueur doit être totalement focalisé sur lui-même. Il ne peut sympathiser avec quiconque, il ne doit pas se demander si l'adversaire peut ou non se permettre de perdre. À l'inverse, une bonne relation amoureuse est basée sur l'empathie, le souci de l'autre, l'honnêteté, voire l'abnégation. Au vu de cette dichotomie, il m'a semblé que le poker pouvait être à la fois la métaphore et le miroir des différentes relations évoquées dans ce film."
Avec Lucky you, Curtis Hanson s'intéresse à une discipline qui connaît engouement sans précédent depuis quelques années. Le cinéaste explique : "Nous avons situé l'intrigue en 2003, année charnière dans l'histoire du jeu. C'est là que le poker a littéralement explosé sur Internet, donnant l'occasion aux amateurs du monde entier de se perfectionner en ligne. Cette année-là, des minicaméras ont fait leur entrée dans les salles de jeu, dévoilant la "main" des joueurs et permettant aux téléspectateurs d'apprécier la stratégie des grands pros. C'est également en 2003 qu'un joueur inconnu, Chris Moneymaker, a remporté les World Series, incitant du même coup chaque amateur à rêver qu'il pouvait en faire autant (...) En 2002, les World Series réunirent 631 joueurs. En 2006, il y en eut plus de... 8000 ! Des joueurs aguerris se trouvent aujourd'hui opposés à des jeunes qui ont fait leur apprentissage sur ordinateur."
Afin de brosser un portrait authentique de l'univers du poker, l'équipe du film a fait appel à plusieurs joueurs renommés, à commencer par Doyle Brunson, dit "Texas Dolly". Double vainqueur des World Series, il a (comme dans le film) un fils qui s'est engagé dans la même voie. A côté de cet éminent conseiller poker, Matt Savage, qui a dirigé plusieurs grands tournois, était le "conseiller tournoi", tandis que Jason Lester (4e des World Series 2003)a été engagé comme consultant pour la séquence finale du championnat. Tous trois jouent aussi leur propre rôle dans le film.
Robert Duvall donne son point de vue sur son personnage... et évoque son ignorance en matière de poker : "Je n'étais absolument pas sûr de tenir ce rôle, tant j'avais de choses à apprendre sur le jeu, au départ, je savais à peine la différence entre un flush et une séquence ! Mais la subtilité et l'authenticité du script, ajoutées au talent de réalisateur de Curtis rendaient le projet particulièrement attractif. J'ai eu moins de mal à décrypter la relation de L.C. et son fils. Leur animosité découle pour une bonne part d'incidents familiaux anciens. Cependant, contrairement à ce que croit Huck, L.C. n'a jamais coupé les ponts entre eux. Et pendant toute la durée du fi lm, il s'efforcera même de lui tendre la main."
Le scénario de Lucky you, Eric Roth, qui a déjà travaillé sur des films aussi fameux que Forrest Gump, Révélations, Ali... mais aussi Munich de Steven Spielberg avec, déjà, Eric Bana.
Le tournage s'est déroulé du 28 mars au 14 mai 2005, essentiellement à Las Vegas et à Los Angeles. La salle de poker de l'Hôtel Casino Bellagio (en rénovation au moment du tournage) a été recréée par l'équipe du film : "Par chance, le Bellagio mettait précisément aux enchères ses anciennes tapisseries, son mobilier, ses tapis, ses chandeliers..., se souvient le chef décorateur Clay A. Griffith. "Nous avons récupéré tout cela et en avons largement profi té dans la fabrication de ce décor très élaboré. Le Bellagio s'est montré très coopératif, allant jusqu'à nous fournir ses plans originaux."
Drew Barrymore, qui joue le rôle d'une chanteuse, interprète elle-même deux morceaux dans le film : They ain't got 'em all et The cold hard truth. "J'étais quand même terrifiée à l'idée de devoir chanter mais Curtis a pensé que j'y arriverais en m'entraînant sérieusement. Stimulée par sa confiance, je me suis engagée à faire de mon mieux", confie l'actrice, qui, après Lucky you a rejoint le plateau de Le Come-back, dans lequel elle pousse également la chansonnette, en duo avec l'adorable ringard Hugh Grant. Signalons par ailleurs la présence dans Lucky you de la célèbre chanteuse de jazz américaine Madeleine Peyroux.
L'intrigue de Lucky You n'est pas sans rappeler celle du film de John Dahl sorti sept ans auparavant, Les Joueurs. Curtis Hanson et son co-scénariste Eric Roth reconnaissent s'être quelque peu inspirés de l'univers de ce long métrage.
Curtis Hanson retrouve ici l'acteur Robert Downey Jr. qu'il avait dirigé six ans auparavant dans la comédie dramatique Wonder Boys. Lucky You donne également au réalisateur l'occasion de collaborer à nouveau avec le compositeur Christopher Young, qui avait signé la musique de Wonder Boys.
Bob Dylan, qui avait déjà composé le morceau Things have changed pour Wonder Boys (Oscar de la Meilleure chanson en 2001) s'est encore fendu d'un nouveau morceau, baptisé, d'après le nom du personnage, Huck's tune.