Le plus surprenant dans ce film est la métamorphose subie par Charlize Theron pour incarner ce rôle de la première tueuse en série d'Amérique exécutée, Aileen Wuarnos. Charlize Theron, qui fut top-modèle au début de sa carrière, n'est vraiment pas à son avantage dans le film (prise de poids, fausses dents, visage déformé par le maquillage, lentilles de couleur pour cacher ses beaux yeux bleus, etc.) et c'est vraiment une performance de sa part.
Charlize Theron mérite son Oscar. Cependant, je me suis toujours demandé pourquoi Hollywood aimait tant les métamorphoses d'actrices et d'acteurs (Robert de Niro pour son rôle d'Al Capone dans "Les Incorruptibles" (The Untouchables), Renee Zellweger pour son rôle dans "Le Journal de Bridget Jones" (Bridget Jones's Diary) ou ici Charlize Theron) alors qu'il serait tellement plus simple pour Hollywood de directement prendre des acteurs qui ont le profil de l'emploi ! C'était ma petite note humoristique destinée à détendre l'atmosphère dans une critique relative à un film au climat assez lourd ;-)
Le film est vraiment bien joué (Charlize Théron, bien sûr, mais aussi Christina Ricci) mais ce genre d'histoire trop négative où on voudrait nous faire prendre position pour la criminelle en lui donnant des circonstances atténuantes
(terrible enfance de l'héroïne où elle subit des sévices sexuels, prostitution dès le plus jeune âge, viol par un client, personne ne lui donne un travail quand elle en recherche un pour tenter de changer de vie, etc.)
ne m'attire guère. Je l'ai vu le même jour que "Printemps, Eté, Automne, Hiver et Printemps" et le contraste entre cette merveilleuse fable poético-philosophique coréenne et cette abominable histoire vraie américaine dramatiquement obscure était peut-être trop important pour moi.
On prend bien sûr conscience de la détresse de l'héroïne qui, en se donnant une mission de bras armé de Dieu pour légitimer ses actes
- débarrasser le monde de toutes les personnes qu'elle juge indigne de rester sur terre -
, essaye de donner un sens à sa vie et de retenir, par l'argent qu'elle ramène de ses méfaits, la seule personne - Selby - qui ne l'ait jamais aimée et qui ne lui ait jamais tendue la main.
Il y a, par ailleurs, à travers le rôle de la femme chez qui dort Selby, une bonne représentation de l'Amérique WASP - White Anglo-Saxon Protestant - homophobe et raciste et, plus généralement, à travers les différents personnages secondaires du film, une vision réaliste de l'Amérique conservatrice, bien pensante et puritaine où il est désormais interdit aux télévisions toute émission en direct (suite au fameux "Nipplegate" de Janet Jackson lors de la mi-temps du Superbowl) et où on censure désormais les épisodes de séries télévisées aux scènes trop explicites.
Côté traitement de l'histoire, la réalisation est on ne peut plus académique avec un scénario assez concis et linéaire, façon Road Movie, qui n'épargne pas aux spectateurs quelques longueurs inutiles.