Quand vous n'avez plus rien à raconter sur l'Amérique, il faut commencer à déterrer des histoires "exceptionnelles", limites film d'horreur. Car c'est bien la vie d'un homme à graves problèmes psychologiques à laquelle on est convié.
Il y a beaucoup de choses sympathiques, le jeu de De Caprio, très à l'aise dans un rôle plus âgé que lui, et particulièrement doué dans les échanges psychologiques, en état normal ou proche de la folie.
La reconstitution d'une période où malgré le strass, les méthodes de travail étaient déjà très immondes dans les hautes sphères. Les vies et caractères très trempés de Hepburn et Ava Gardner, et les délires visuels des trois
carrières simultanées du "héros". La caméra est de toute façon irréprochable, même si elle est parfois fatigante.
On peut être plus réservé quand le réalisateur cherche à tout expliquer (surtout la scène de la mère à l'enfant) aux limites de la psychologie de bazar, et abîme le mystère où l'on pouvait rester sur l'histoire de cet homme exceptionnel.
Le vrai problème, c'est qu'à force de vouloir faire des économies sur tout, on obtient un film où tout est en toc, des incrustations dans les cockpits à effets d'optiques rajoutés, aux amerrissages d'Hercules entièrement en compositing trop lisse, bref, toutes les scènes d'action sentent à plein nez la synthèse d'image, et ça devient très artificiel. Non pas que le département Sony ait fait du mauvais travail, il en ont surtout fait trop. Le plaisir est un peu gâché en somme. Tout comme Bach est un peu de trop pour un simple essai d'avion à une
époque où il ne s'agissait plus que d'améliorations d'un concept, et non de la révolution des premiers envols.
Bref, c'est sur vitaminé, pour un résultat qui frise le kitch, l'exagération permanente, l'overdose quoi.
Mais c'est vrai que Scorsese, à force de montrer par la force la genèse d'un état américain basé sur des êtres libres et individuels, passionnés et sûr du "rêve américain", ne s'aperçoit même pas qu'il le dessert. En montrant ce qu'est la véritable Amérique des puissants, et que l'exception "télégénique" montre surtout la règle. L'administration Bush a définitivement enterré cette période artisanale pleine d'enthousiastes et le réalisateur nous donne juste une impression nostalgique de ce que pourrait être les Etats Unis si toutes les bonnes volontés s'unissaient, ce n'est malheureusement plus le cas depuis longtemps. Un peu vain, sinon prétentieux, tout simplement.