L'alliance Martin Scorsese / Leonardo DiCaprio, qui avait porté ses fruits dans le monstrueux Gangs of New York, revient en force. Le réalisateur new-yorkais signe donc deux ans plus tard un long biopic retraçant vingt ans de la vie de Howard Hughes, cinéaste-producteur engagé, aviateur maniaque et célébrité tumultueuse, qui enchaîna les succès et les déboires au cours d'une existence que l'on sait pleine de rebondissements. Aviator scotche le spectateur à son siège, le transportant dans l'univers féérique et chaotique de Howard Hughes à travers un biopic frôlant la perfection. Martin Scorsese signe donc aisément ici l'un de ses plus beaux films. D'une incroyable beauté visuelle, doté d'un scénario passionnant et d'un casting cinq étoiles, le long-métrage alterne efficacement entre séquences de dialogues poignantes et scènes d'action de blockbuster, omettant forcément certains passages de la vie mouvementée du businessman mais n'oublie jamais les évènements importants et encore moins les points essentiels façonnant la personnalité de cet être ambigu. Charmeur aux multiples conquêtes (et non des moindres) mais homme torturé terriblement seul, paranoïaque entouré de nombreux sujets, richissime cinéaste pointé du doigt par ses collègues, talentueux pionner de l'aviation... On peut dire que Howard Hughes fut un homme à plusieurs facettes, facettes que le réalisateur américain parvient à contenir et à dévoiler avec une touchante profondeur. Au niveau de l'interprétation, c'est du tout bon, tous les acteurs étant extraordinaires dans leurs rôles respectifs, en particulier Leonardo DiCaprio, saisissant dans le rôle de Hughes, qui nous prouve qu'il est bien l'un des meilleurs acteurs de sa génération, capable de jouer des rôles de composition avec une intensité époustouflante. Il est accompagné de l'extraordinaire Cate Blanchett, méconnaissable dans le rôle de Katherine Hepburn, de la magnifique Kate Beckinsale, véritable sosie de cette peste d'Ava Gardner ainsi que du génial John C. Reilly en comptable dépassé par les évènements ou encore d'Ian Holm, ici truculent en météorologue allemand. Pour le reste, nous faisons face à un un long-métrage de qualité où photographie éblouissante, effets spéciaux réussis (la séquence du crash est à couper le souffle), décors fantastiques dans l'ahurissante représentation des années 30 et musique envoutante : la perfection n'est vraiment pas loin... Seul et unique bémol : une fin un peu trop survenue mais dans l'ensemble Aviator est l'une des pièces maîtresses d'un réalisateur qui ne finira pas de nous surprendre.