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    La Porte du paradis
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    162 critiques spectateurs

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    Redzing
    Redzing

    1 148 abonnés 4 498 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 23 février 2015
    A la fin du 19ème siècle, dans le Wyoming, de riches éleveurs de bétail sont victimes de vols de la part d'immigrés est-européens affamés. Ils engagent alors des tueurs pour abattre les malheureux. "Heaven's Gate" est connu pour être l'un des échecs commerciaux les plus retentissants du cinéma. Entre les très nombreux dépassements de budget, causés par un Michael Cimino réputé exigeant et mégalomane sur le tournage, et une version amputée, suivie d'un massacre critique et public à sa sortie, le film a presque anéanti la carrière du réalisateur, et a fortement contribué à couler la United Artist. Tout cela est bien dommage, car en elle-même, cette version complète de 219 minutes est un chef-d’œuvre. Les paysages naturels sont sublimes et parfaitement maîtrisés, les décors sont majestueux, la mise en scène inspirée, le tout accompagné par une jolie BO de David Mansfield. Cimino n'écrase pas pour autant ses personnages, avec un charismatique trio amoureux, qui donne lieu à plusieurs scènes émouvantes, et de solides seconds rôles. Après cette poésie, le film bascule dans la cruauté. La dernière heure s'avère particulièrement spectaculaire, riche en fusillades intenses, à la violence graphique prononcée. Elle met une énorme claque à l'idée du rêve américain, et montre que ce système se base sur des inégalités sordides. Ainsi, "Heaven's Gate" est western alliant avec adresse beauté et mort, et qui ose s'engager sur un sujet très délicat. A voir.
    weihnachtsmann
    weihnachtsmann

    1 189 abonnés 5 197 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 21 janvier 2015
    Il faut être patient et aimer le temps que les choses s'installent. Étonnamment, la première vision peut être déroutante, mais le film reste en vous et vous rappelle à son souvenir. C'est très très bien
    Shaigan
    Shaigan

    89 abonnés 131 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 10 novembre 2014
    Formellement, il y a de nombreuses choses magnifiques dans ce film. Certains plans sont vraiment superbes. La plupart des scènes rassemblant de très nombreux figurants (la scène d'ouverture, de la valse du début, de l'arrivée en ville du héros, de la danse en patin à roulette) sont de véritables chefs-d’œuvre de réalisation, on en a rarement vu d'aussi bien faites même chez les plus grands réalisateurs. De plus, la direction des acteurs est impeccable. Malheureusement, il y a un gros problème de rythme. Ce n'est pas tant parce que le film serait trop lent (un film peut être à la fois lent et parfaitement rythmé) mais plutôt parce qu'il n'y a pas de variation d'intensité entre les scènes scénaristiquement importantes et les scènes plus anecdotiques. Du coup, cela donne l'effet d'un film très "plat". Au niveau du fond maintenant : sans être une catastrophe, ça manque quand même cruellement de finesse et de subtilité. D'un côté on a les méchants riches, sans cœur, arrogants, tueurs d'innocents, avec leurs mercenaires sanguinaires; et de l'autre côté, les gentils pauvres, immigrés, au grand cœur, courageux, sympathiques, un peu bêtes mais si adorablement pittoresques..(tellement pittoresques d'ailleurs que c'en est presque méprisant). Le film aurait beaucoup gagné à un peu plus de nuances et de complexité. Sans compter ce triangle amoureux qui ne réussit jamais à être passionnant et ce personnage si cliché de la "prostituée indépendante et courageuse". En conclusion, La porte du Paradis est un film avec beaucoup de défauts, néanmoins c'est tout de même un film à voir car il faut admettre que ce qui est réussit atteint vraiment un niveau exceptionnel.
    maxime ...
    maxime ...

    250 abonnés 2 069 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 29 août 2016
    On ne se lance pas dans La Porte du Paradis sans quelques appréhensions. Ces peurs s’estompent assez rapidement pour laisser place à la beauté et aux lyrisme de ce film. Le romantisme et le regard de Michael Cimino m'avais déjà attendrit dans Le Voyage aux bout de l'enfer qui était jusqu'à ce jour l'unique long métrage dont j'avais eu la chance de voir. Cette sensation ne m'a pas quitté tout au long des 216 minutes du film, bouleversant !
    nikolazh
    nikolazh

    63 abonnés 1 060 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 17 septembre 2014
    Vu dans sa version définitive restaurée de 3h40.
    Une histoire d'amour banale (vague triangle amoureux) dans un contexte historique difficile et complexe, celui de l’après Guerre de Sécession, où les plus pauvres se font chasser (voir sont victimes d'une vraie purge - les indiens ayant été exterminés ce sont eux qui ont pris leur place) par l'avidité de quelques riches propriétaires bovins, véritable mafia au dessus des lois. Si l'histoire elle même est simpliste, le film brille surtout par la richesse de son contexte (et l'originalité de l'approche) et le réalisme de sa reconstitution. On n'a jamais l'impression d'être dans un décors, mais vraiment d'assister a une captation d'origine, et de vivre à cette époque, pleine de bruit et de fureur, loin des clichés habituels du western. Mais malheureusement, passé la qualité exceptionnel de cette reconstitution, force est de constaté que le réalisateur se perd un peu en auto contemplation, étirant ces scènes jusqu'à l’extrême (celle d'ouverture en est un bon exemple) pour insister sur l'aspect immersif, et finit par perdre un peu le spectateur. C'est beau, c'est intense, c'est puissant, ça ne ressemble a aucun autre western (pour la simple et bonne raison que s'il s'agit des thématique du western, on est cependant plus dans un drame aux consonances très européenne), mais on s'ennuie malheureusement trop souvent pour apprécier à sa juste valeur ce monument du cinéma.
    Manuel L.
    Manuel L.

    2 abonnés 74 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 14 septembre 2014
    Beaux panoramas et reconstitution historique très minutieuse des costumes et des décors.Un film qui montre l'Amérique sous un angle peu flatteur: celle des plus riches cherchant à éliminer les plus pauvres avec l'aval de la loi.J'ai trouvé toutefois que l'histoire d'amour à la "Jules et Jim" entre Ella, interprétée par Isabelle Hupert, et les deux américains passés du côté des immigrés, ralentissait trop l'action d'un film déjà très long.Il faut attendre la dernière demi-heure pour assister à l'affrontement sanglant.J'aurai préféré que l'on s'attarde davantage sur le quotidien des deux mondes en présence.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 14 septembre 2014
    Une belle lumière dans des décors splendides, un scénario qui éclaire sur un évènement méconnu de l'histoire américaine, un casting de rêve, des fusillades grandioses, le tout avec un soucis du détail qui réussit l'exploit de rendre ce film colossal à la fois réaliste et lyrique. Un film fleuve dont la durée de 3h30 pourra en rebuter. Toutefois cela en vaut la peine, car le style du réalisateur sans concession et inimitable, nous décrit avec exigence un drame de la construction américaine, en ruinant au passage un peu sa carrière et totalement le studio. Au final le chef d'œuvre maudit de Cimino reste un chef d'œuvre.
    Kiwi98
    Kiwi98

    266 abonnés 238 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 12 septembre 2014
    Avec Voyage au bout de l'Enfer, Michael Cimino s'est fait un nom de prestige dans le cinéma d'auteur américain en prenant des positions très claires en dénonçant les conséquences de la guerre sur les soldats. Le film fait un carton plein public et critique et Cinimo obtient une liberté absolue pour son film suivant s'intitulant La Porte du Paradis et mettant en scène la guerre civile qui frappa les Etats Unis dans le Wyoming entre les migrants d'Europe de l'Ouest et les riches possesseur du bétail. Une durée de plus de trois heures, un budget qui explose (50 millions de dollars en faisant le film le plus cher de tout les temps à son époque), un tournage qui n'en fini pas et Cimino atteint de mégalomanie aiguë. Le cinéaste est près à tout pour nous livrer en quelque sorte son plus grand film de l'histoire du cinéma, il va faire retourner la même scène plusieurs fois, choisir des inconnus en tête d'affiche, il est prêt à attendre des heures pour avoir une bonne lumière, fait venir une locomotive à vapeur … le bougre à eu les yeux plus gros que le ventre sur ce coup. Après nous connaissons la suite. Le studio ampute le film de une heure et le distribue dans un petit circuit après les réactions très négatives de la première. Le résultat de cette catastrophe est apocalyptique, United Artist, la fameuse société mise en place par Charles Chaplin est ses amis met la clé sous la porte, les grands réalisateurs américains (Scorsese, Coppola …) n'auront plus jamais de grande liberté pour leurs films. Pour un budget de 50 millions de dollar le film n'en rapporte que 3 faisant de lui l'échec le plus cuisant de l'histoire du cinéma américain. Mais heureusement il ressort en 2013 comme neuf en version totalement restaurée et rencontre un franc succès. Il est aujourd'hui en haute place dans la liste de prestige et plus grands films de tout les temps et bénéficie de l'amour de son public qui en somme est la plus belle récompense pour un film.

    Mais il faut dire qu'à une époque ou Ronald Regan venait d'être élu les américains n'avaient pas envie d'entendre que leur nation a été fondée dans le sang et le génocide et c'est là que le film de Cimino parait très choquant puisqu'il s'agit d'immigrés pauvres sauvagement tués pas les riches exploitants locaux avec sang froid. Le réalisateur nous immerge dans les yeux de James Averill, un bourgeois que nous suivons dès son sacre à Harvard jusqu'à ce qu'il tombe amoureux de cette prostituée incarner brillamment pas Isabelle Huppert. C'est un mélange très habile entre romantisme touchant et violence épique auquel nous assistons, romantisme touchant pour les scènes entre Isabelle Huppert et Kris Kristofferson et violence épique pour la bataille finale et certaine des plus belles scènes d'actions de notre histoire du cinéma. Le tout renforcé par une mise en scène flamboyante n'hésitant pas à nous faire jouir de ces paysages d'une beauté à tomber, des décors qui font en partie la renommée actuel du film et bien sur sa BO culte. La Porte du Paradis est également une aventure épique et terriblement touchante mettant en scène des personnages vivants et complexes s'enfonçant dans un cauchemar impossible à raconter. Mais le film souffre aussi, les longueurs viennent perturber le plaisir en pensant notamment à l'introduction à Harvard qui donne l'impression de durer des heures, également des personnages sous exploités comme Christopher Walken ou bien irritants comme John Hurt. Mais ces défauts ne représentent finalement pas grand chose par rapport à ce visuel grandiose et cette histoire profonde à l'audace presque sans précédant hantant encore notre esprit après sa vision. Assez maigre pour en faire un des pires films de tout les temps.

    Bilan:
    Oeuvre absolument colossale à la beauté identifiable entre mille et d'une richesse folle, La Porte du Paradis marque autant le spectateur autant qu'il continu de marquer le cinéma.
    7eme critique
    7eme critique

    540 abonnés 2 778 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 31 août 2014
    Aïe aïe aïe, je comprendrais presque sa participation au classement des pires films du 7ème art... Mais pourquoi les critiques sont-elles aussi positives à son sujet aujourd'hui ? Tout simplement parce que le film s'est vu offrir une réédition uncut récemment de plus de 3h30, et cela va s'en dire que la différence ne peut être que flagrante. Je me suis contenter de visionner la version cinéma, qui est, vous l'aurait deviné, réellement mauvaise. Est-ce dû à un découpage affligeant ? En tout cas, la version de 2h30 se qualifie comme une inertie constante où le moindre intérêt reste dans l'ombre. L'ennui mortel et l'impression d'évoluer de travers dans une histoire longueeeeeeee et chianteeeeee nous assomme et nous décourage carrément de voir la version complète. On est à des années lumières du chef d’œuvre réalisé précédemment, "Voyage au bout de l'enfer". Bien entendu, je parle de la version cinéma de "La porte du paradis", et non pas de la version restaurée à laquelle je m'aventurerais sûrement un jour...ou pas.
    Léa H.
    Léa H.

    34 abonnés 225 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 31 mai 2014
    Le cinéma de Cimino est celui d’un homme seul, luttant envers et contre tous pour imposer un projet singulier et non référentiel (contrairement aux Scorcese, Spielberg, Coppola ou De Palma). L’attirance du cinéaste pour les paysages sauvages et la nature inviolée traduit son désir de filmer un endroit, un groupe, comme si c’était pour la première fois, sans être influencé par une vision antérieure. C’est ainsi que l’espace de l’Ouest n’aura jamais été aussi bien rendu que dans La Porte du Paradis. Se dessine le rêve d’une autosuffisance absolue, d’une orgueilleuse indépendance (celle de Salvatore Giuliano sur son île, décrit comme s’étant «inventé lui-même ») que la figure favorite du cinéaste, le cercle, laisse clairement deviner.
    Les sept films de Cimino sont bâtis sur une mythologie personnelle des plus puissantes que la mise en scène habille de vérité par un scrupuleux travail sur le détail. Ce sont ces détails, parfois reconstitué à force de décors spectaculaires ou de descriptions précises des us et coutumes d’une époque (l’ouverture de La Porte du Paradis en serait le parangon), qui aboutissent à des épisodes souvent étirés démesurément au détriment de la narration mais qui en deviennent, par leurs correspondances et leurs résonnances, les pièces maîtresses d’un vaste poème épique. Le récit de « La Porte du Paradis » est organique, par opposition au « récit synthétique » prédominant dans le cinéma américain. Le film apparaît comme formé de blocs où l’action dramatique parfois se dilue ou s’accélère. Plus important est le prodigieux enchevêtrement de rimes et d’associations qui fournit au film sa vraie texture et son énergie. « La Porte du Paradis » est ainsi une superproduction expérimentale, dans le sillage de certaines grandes œuvres de Kubrick (2001) qui fonctionnent avant tout aux niveaux poétique et musical. Ces œuvres, comme certains films muets, sont souvent composés de différents volets, chacun annoncé par un carton, parfois sans rapport de causalité évidente les uns par rapport aux autres (ou tout du moins reliés par des ellipses conçues comme des béances narratives). Loin des habitudes normatives du récit classique, Cimino ne nous expliquera ainsi jamais comment son personnage principal, après de brillantes études à Harvard se retrouve simple marshall en plein Wyoming, ce qui le pousse dans les bras d’une prostituée ou comment amasse-t-il la fortune qui lui permettra de vivre comme un prince sur un yacht. De même, on ne saura jamais rien de la mystérieuse amitié qui le lie avec Nate Champion (Christopher Walken), le personnage le plus opaque (et fascinant) du film. Le prologue du film établit pourtant, de façon diffractée, la plupart des ressorts formels et thématiques. Il souligne d’abord des divisions et des contrastes qui seront celles de l’histoire : entre le discours du Révérend (Joseph Cotten) qui appelle les finissants à un « devoir impératif », éduquer une nation hostile au savoir et à la réflexion, et celui de Billy (John Hurt) qui loue pour rire la loi de la gravité, allégorie de la fatalité, et partant l’inutilité de forcer son talent, donc le refus de toute vocation, c’est l’antinomie de l’humanisme démocratique et du sarcasme imbu d’impuissance. Entre Billy, que l’ivresse fait tituber, et Jim (Kris Kristofferson), plein d’ardeur juvénile, l’amitié n’efface pas l’antithèse du bouffon pitoyable et d’une ébauche de héros qui ne se réalisera jamais. Mais l’alternative la plus importante de ce prologue demeure celle de l’individu et du groupe : Jim rejoint en courant le défilé des diplômés, Billy sort des rangs. Pour l’un comme pour l’autre, appartenir à un camp et se détacher d’une foule forment l’intrigue. Le mariage, la relation avec les femmes, concernent Jim à tout moment. L’adhésion de Jim à la cause des faibles, son souci persistant du droit et son courage sont malheureusement vains, mais affirment son rôle antinomique à celui de Billy, pitre impertinent. Ils illustrent pourtant l’un et l’autre l’échec pratique des deux discours d’Harvard : la mission civilisatrice se brise devant le cynisme des puissants, tandis que l’insouciance ne peut rester folâtre quand l’histoire devient tragique.
    On reprochera au film de commencer un western dans une université pour le terminer dans la cabine d’un yacht comme on avait signalé, au sujet de 2001, l’étrangeté d’un film de science-fiction débutant dans la préhistoire et s’achevant dans une chambre Louis XVI. A la manière de Kubrick, Cimino cherche à dépasser le film de genre pour explorer de nouveaux territoires cinématographiques, d’où sa structure inattendue et originale. L’idée ici est que l’énergie dramatique et l’émotion sont moins amenées par les scènes elles-mêmes que par le « jeu » ou le « manque » existant entre les différentes scènes. Contrairement à « Voyage au bout de l’enfer » ou « L’Année du dragon », « La Porte du Paradis » ne joue pas la carte du romanesque. Doté d’une trame très linéaire, il ne possède pratiquement pas de progression dramatique. Cimino revendique cette intention dès le prologue à Harvard, lorsqu’il fait dire à Billy Irvine (John Hurt) : « Tout est fini ! ». L’essentiel de l’intrigue (la liste noire et le massacre des immigrants) est annoncé dès le début du deuxième volet et tout le film n’est que l’attente d’une tuerie inévitable qui ne surprend pas lorsqu’elle arrive enfin. On voit que la part de suspens est assez réduite et que, manifestement, Cimino a préféré s’intéresser à autre chose (comme Coppola s’était délibérément écarté du livre de Conrad pour « Apocalypse Now »). Le film tel que l’entendent ces metteurs en scène doit avant tout être une « expérience sensorielle, une expérience « non verbale », comme dirait Kubrick. Pour Cimino, il s’agit moins de raconter la Johnson country war que de faire ressentir l’Ouest, ou un rêve de l’Ouest.
    Cette dimension onirique, au-delà de la lumière dé-réalisante de Zsigmond, est soulignée par l’épilogue sur le yacht. Lorsque la femme demande une cigarette à un Averill encore hanté par le souvenir d’Ella, c’est toute l’horreur d’une existence dorée résumée en une seule phrase, laquelle par sa banalité même fait ressentir la parenthèse du Wyoming comme un fragment de vie rêvée. On songe à la dernière image d’Il était une fois en Amérique qui possèdera elle aussi cette façade onirique. Dans le regard halluciné de Kris Kristofferson, les questions semblent se bousculer : « Ma vie s’est-elle vraiment déroulée comme dans mon souvenir ? Comment en suis-je arrivé là ? Comment et pourquoi ai-je survécu ? L’Ouest n’a-t-il été qu’un rêve ? ». Dans ce questionnement mélancolique , se concentre le projet même du film : faire se croiser réflexion historique (le fantasme de l’Ouest comme l’imposture d’une violence séminale), existentielle (les idéaux de jeunesse confrontés aux renoncements adultes, la vieillesse, la vie comme un rêve) et cinématographique (le fantasme d’un art cinématographique pur, la position de l’artiste hollywoodien, annonçant spectaculairement la prochaine chute du cinéaste).
    L’Ouest aura toujours été un rêve, pour Cimino comme pour tous les poètes, tous ces hommes qui durent se déplacer pour aller à sa rencontre, reproduisant en cela le mouvement des pionniers. Certains étaient originaires de la côte Est (Ford, Vidor, Walsh, Cimino), d’autres venaient de plus loin (Léone), mais tous virent leur passion pour l’Ouest naître en même temps que leur attirance pour le cinéma (alors que les grands cinéastes nés dans l’Ouest cherchèrent souvent à le fuir : Welles, Losey…). Ce sont ceux qui en ont rêvé qui le filment le mieux et c’est probablement en cela que « La Porte du Paradis » est l’un des plus beaux films « rêvés » de l’histoire du cinéma.
    keating
    keating

    53 abonnés 582 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 26 mai 2014
    Si la porte du paradis se laisse entrevoir, elle semble néanmoins fermée à double tour tant le film présente un monde crépusculaire.. Car ce monde est, en effet, bien plus proche de l'enfer, un enfer au bout duquel les personnages voyageront, pour citer le grand frère de ce film, pendant un peu plus de 3 heures. Vous l'avez compris, on est chez Michael Cimino, et après Deer Hunter, il nous offre une nouvelle fresque ambitieuse, étirée, explorant les failles de l'Amérique et des sentiments humains.

    Cette fois, nous revenons en arrière, fin XIXe siècle, pour l'épisode méconnu de la Johnson County War. Cette page de l'histoire, racontée à travers des personnages assez ordinaires, permet au cinéaste de cristalliser les revers du rêve américain, ainsi que le tragique de la condition humaine. En un mot, c'est un point de vue fort pessimiste sur le monde, condamné à rester dans un cercle infernal. La figure du cercle revient d'ailleurs comme un leitmotif visuel tout au long de l'oeuvre, par exemple lors de la première arrivée à l'image du personnage de Champion, une scène visuellement splendide qui renvoie aux meilleurs westerns. Cela est d'autant plus cruel que le film n'en est pas tout à fait un.
    L'étudiant se moque au début du discours universitaire en disant être d'accord pour conserver la loi de la gravité ; le reste du film semble mettre en parallèle cette loi avec d'autres, la loi de la violence, de la cupidité, du mal inscrit en l'homme ... Et l'on se dit qu'il y avait un autre sens au mot "gravité".

    Pourtant, si le monde court à sa perte, les personnages croient encore à une rédemption, et l'on s'attache énormément à eux, à leur beauté, dans les forces comme dans les faiblesses. La quête semble perdue d'avance, mais ils n'abandonnent pas, et nous amènent avec eux en enfer. Des beaux personnages, et des beaux acteurs aussi, tous habités, et sublimés par la caméra de Cimino. En tout cas, pour les héros. Les méchants sont un peu trop caricaturaux, les méchants propriétaires contre les innocents travailleurs immigrés. Voilà le seul point négatif selon moi.

    Le reste est impeccable, et c'est même une leçon de cinéma, dans la gestion de l'espace, intérieur (l'université majestueuse) comme extérieur (les paysages immenses du Wyoming), la lumière, la musique, ou encore la gestion des mouvements. Peu filment les foules aussi bien que Cimino, regardez ces étudiants festoyant au début, ces travailleurs au milieu, ces combattants à la fin. Et surtout, regardez ces danses sur patins à roulette. On entre dans une autre dimension, une ile de paix dans un océan de violence, un rêve avant le réveil en enfer. Un rêve dans un endroit appellé justement Heaven's Gate. Et si le paradis est perdu, Cimino nous l'offre le temps d'une séquence. La porte reste fermée, mais l'on peut encore voir un bout d'Eden à travers sa serrure.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 27 avril 2014
    Sublime film maudit ! Alors oui, le film est long, le rythme est lent, mais quelle grâce !
    Si on se laisse porter par les images, les acteurs et la musique, le film reste magnifique. Cimino avec son oeil critique, a su une fois de plus montrer l'histoire de son pays, que cette histoire est basée, toujours, sur la violence. Mais pas uniquement, grâce à James Averill, car l'Amérique est né dans l'espoir aussi, l'espoir d'une terre nouvelle (ce que Cimino, grâce à la séquence de bataille, montre où cela conduit), l'espoir de fonder une famille, d'aimer. Alors quelle est la vérité ? La vraie version ? Le rêve américain ? La désillusion d'Averhill ?
    Je pense que Cimino a voulu montrer que la grâce est partout, même dans la prostituée qu'est Ella, qu'il n'y a pas forcément UN rêve américain parfait. L'Amérique s'est fondée par la violence mais recèle aussi plein d'espoir : l'espoir de s'humaniser, l'espoir de devenir des hommes.
    La Porte Du Paradis est donc à la fois une grande fresque historique, un western, un film sur la lutte des classes et une romance très belle. Pour moi c'est un chef d'oeuvre, évidemment.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 26 avril 2014
    Ce film avait été un échec à sa sortie, aujourd'hui il est considéré comme un des plus grands westerns de tout les temps. Michael Cimino a fait très peu de films dans sa carrière mais ce sont tous des grands films. Des acteurs exceptionnels et des paysages sublimes, les passionnés de westerns vont apprécier
    MC4815162342
    MC4815162342

    402 abonnés 1 489 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 12 septembre 2014
    Deux ans après "Voyage au bout de l'enfer" Michael Cimino s'est apparemment dit "Pourquoi je ne referais pas un chef d'oeuvre tient ?!".
    "La Porte du paradis" est donc ce nouveau chef d'oeuvre, mon deuxième film de ce réalisateur qui rien qu'avec deux films m'a complètement bluffé, celui ci ne fut pas une grande claque comme le fut "Voyage au bout de l'enfer" mais je ne peux lui mettre moins que le rang de chef d'oeuvre, quand on arrive avec 3h39 de film sans aucun défaut ça ne mérite pas moins.
    En 1890 dans le Wyoming, une association de riches éleveurs se mettent en quête de tuer 125 immigrants arrivés pour la plupart d’Europe centrale car ils volent leurs bétails pour se nourrir, James Averill, shérif fédéral va se retrouver au milieu de toute cette bataille, alors que pendant ce temps Ella Watson, jeune prostituée française et fidèle amie de James, voire même plus qu'amie va être déchirée entre son amour pour James et pour un des partisans de l'association Nate Champion.
    En bref, au milieu de toute cette folie, cette guerre du plus riche et du "je suis chez moi et pas toi" se trouve une histoire humaine, une histoire d'amour.

    Michael Cimino dirige le tout d'une main de maître, j'avais déjà remarqué sa folie du détail sur son précédent film, cette justesse des lieux, lieux vivants, extrêmement vivant, plus vivant que ça j'ai rarement vu, les gens autour ne sont pas des simples figurants avec Cimino, on ne sent pas un seul instant que tel ou tel acteur a été placé auparavant, tout est d'une justesse irréprochable, tout comme les décors et la reconstitution des lieux plus que grandiose, y'a pas d'autre mot, ce levé de soleil rosé dans la dernière demi-heure m'a vraiment mit sur le c.., enfin vous voyez quoi, et certains plans, voire même de nombreux plans sont comme ça, ils mettent sur le ... vous voyez toujours.
    Y'a un soucis du détail vraiment poussé et fascinant carrément, où que l’œil aille il y'a quelque chose, vraiment magique comme travail, je pourrais parler des décors encore et encore mais je finirais par vite me répéter, en tout cas, que ce soit les costumes, les lieux et l'ambiance, tout est respecté et vrai.

    Niveau réalisation et mise en scène Cimino m'a encore une fois déjà prouvé son talent avec son précédent film mais il ne fait que en remettre une couche avec celui-ci, la réalisation est tout simplement parfaite, mais c'est surtout la mise en scène qu'il faut regarder ici, que ça aille du début où les élèves de Harvard se retrouvent dans je ne sais plus comment ça s'appelle, on va dire dans la grande pièce, il y a un vrai travail de mise en scène incroyable, comme durant tout le film, mais là où c'est le plus frappant et je pense que peu me contrediront c'est au moment de la bataille finale, là, là, là c'est.... non il n'y a pas de mot vous avez raison, c'est purement et simplement remarquable, entre les fusillades à cheval, les chariots qui explosent, la poussière qui envahie la plaine, le tout sans aucune musique pour que l'instant soit plus fort, seuls les sabots des chevaux et les balles qui sifflent sont au rendez-vous, c'est juste.... non j'ai pas de mot.
    A ce moment là il n'y a aucune musique c'est sur mais durant le reste du film une bande son vraiment très belle fait sa place, elle est d'autant plus belle quand elle se mélange avec ces magnifiques décors.

    Pour le choix du titre du film j'ai trouvé ça vachement astucieux, à vrai dire en voyant l'affiche je ne m'attendais pas à ça comme histoire, ne m'étant pas vraiment renseigné dessus je ne savais pas trop à quoi m'attendre, c'est simplement en découvrant le reflet de ce couple apparemment amoureux dans ce lac, si je ne me trompe pas c'est un lac, c'est en voyant ce couple que j'ai compris qu'il y aurait une histoire d'amour et en regardant plus haut des chevaux mais je ne pensais vraiment pas tomber sur une sorte de guerre intime, et bien ma surprise n'en est que forcement plus belle, donc pour en revenir au titre, la porte du paradis, Heaven's Gate en version originale renvoi tout simplement au nom de l'endroit ou le village se réuni pour faire la fête et danser une dernière fois, là où tout le monde est vraiment heureux pour la dernière fois, et j'ai trouvé ça vraiment fascinant d'utiliser le nom de cet endroit pour le titre, car au final c'est clairement la seule chose vraie dans l'histoire, la seule belle chose qui était présente, un village heureux, des amis et la communauté, avant que tout soit chamboulé, j'ai vraiment trouvé ça ingénieux.

    Pour finir, car oui il faut finir, non ne pleurez pas, s'il vous plait un peu de fierté, non sincèrement relevez vous, bref, pour finir qu'avons nous coté casting, là aussi ce n'est pas surprenant d'avoir du beau monde quand on voit le casting (encore une fois) de son précédent film, comme son premier film d'ailleurs, que je n'ai pas encore vu, Kris Kristofferson que je ne connais pas vraiment mais qui du coup se révèle vraiment intense et génial et la jeune et belle Isabelle Huppert en tête, qui elle aussi fait un boulot de toute beauté, à leurs cotés nous retrouveront les grands, tellement grands que je ne vois plus que leurs pieds Christopher Walken et de toute évidence John Hurt, nous retrouvons également le jeune Jeff Bridges qui fut déjà dirigé par Cimino six ans plus tôt dans "le Canardeur", également au casting, du coté des méchants ce coup ci Sam Waterston, dans un petit rôle j'ai aussi remarqué le jeune Terry O'Quinn (Locke dans LOST pour les fans).

    En résumé, un scénario impeccable, une réalisation et une mise en scène magistrale, des décors et une reconstitution remarquable, un casting à la hauteur du projet, le tout réuni dans un Michael Cimino épatant, quoi de mieux ?
    Benjamin A
    Benjamin A

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    4,5
    Publiée le 28 mars 2014
    Avec "La porte du paradis", Michael Cimino nous raconte la vie de James Averill, de sa fin d'étude jusqu'à sa participation à la "guerre" du comté de Johnson datant de 1890 qui opposa les immigrants d'Europe de l'Est récemment arrivés au Wyoming contre les riches propriétaires de bétail qui sont présent depuis bien plus longtemps. C'est surtout sur ce point que Cimino revient, mêlant histoire intimiste, où on suit, Ella Watson tiraillé entre l'amour de James et d'un "tireur" et dénonciation de l'horreur des États-Unis et du gouvernement qui refusa que les émigrés s'enrichissent à leur place, allant même jusqu'à organiser des massacres contre eux en les plaçant sur "liste noir" (non sans rappeler les liste noir qui sévissaient à l'époque du Maccarthysme contre ceux qui étaient ouvertement de gauche). Ce fut très gros échec lors de sa sortie et il est notamment considéré comme responsable de la faillite de United Artists et il dut attendre quelques années et notamment sa ressortie dvd en 2012 avec une version longue et restauré de 3h36 pour qu'on le reconsidère à sa juste valeur. Et effectivement, Cimino nous livre un long, sublime, crépusculaire et majestueux western (loin du sens classique du terme), à partir d'un scénario intelligent que ce soit sur le constat social, l'étude de la nature humaine ou la politique d'un gouvernement et bien écrit, notamment sur le "triangle amoureux". Les personnages sont bien écrit et passionnant, il étudie bien les relations entre eux et notamment entre l'idéaliste James celle qu'il aime, d'abord tenancière d'un bordel et dont les relations seront de plus en plus intense et complexe avec ce tireur se trouvant parfois au milieu, amoureux d'elle et amis de James. La mise en scène est majestueuse, on est immergé dans ces longues, vastes et sublimes plaines, la réalisation est magnifique, tout comme la photo. Les envolés lyriques et parfois même épique sont superbes. Le tout bien aidé par une superbe reconstitution et paysages, ainsi qu'une excellente bande-originale. Côté interprétation, c'est aussi impeccable, que ce soit Kris Kristofferson, Isabelle Huppert (d'une justesse incroyable) ou encore Christopher Walken. Du très grand et magnifique cinéma, sombre et majestueux.
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