Tout juste la moyenne pour ce film, et si vous voulez mon humble avis, je crois que c’est la note qu’il mérite. Pour commencer, à l’inverse de Yann Moix qui a écrit le rôle spécialement pour Benoît Poelvoorde, je reconnais que je voyais mal l’acteur belge endosser les fringues de Claude François. Eh oui, je ne suis pas exempt d’a priori mais heureusement je sais parfois les combattre. C’est d’abord avec un certain plaisir satisfait que j’ai découvert des images d’archives portant l’annonce tragique qui a secoué à la fois le monde de la chanson et les fans, ainsi qu’une calligraphie très seventies lors du générique de début. Retour dans la passé efficace, même si l’intrigue du film se passe de nos jours. De quoi susciter de la nostalgie, un des éléments clés pour les éternels fans. L’idée d’axer l’histoire sur ces fameux sosies (dont la plupart n’en ont que le nom) m’a paru être une bonne idée. Déjà parce que ça existe, ensuite parce que ces sosies permettent à la légende de se perpétuer dans le temps. Claude François est mort, mais continue à vivre à travers ces fans qui lui vouent un véritable culte. Rien n’est trop beau, rien n’est trop cher pour assouvir une passion dévorante, jusqu’à lui consacrer la décoration de son propre habitat, ou à lui consacrer une pièce entière. C’est le cas de figure de Bernard Frédéric, affublé de son acolyte Couscous en sosie de Polnareff (Jean-Paul Rouve formidablement ressemblant par les postures). Dans la peau de ce personnage qui vit Claude François, Benoît Poelvoorde. J’admets enfin qu’il m’a bluffé le bougre ! Quel travail il a accompli ! Trois mois passés avec la chorégraphe Mia Frye (qu’on apercevra dans le film, d’ailleurs), temps durant lequel il aura pris aussi des cours de chant. Une véritable performance quand on voit le résultat : il bouge bien et la qualité des vocalises est surprenante. Mais comme dans tous les domaines, il y a des ombres dans ce tableau idyllique. Autant on admire le travail de Poelvoorde, autant son personnage est con comme pas permis. Déjà que j’ai une fâcheuse tendance à trouver l’acteur irritant… Mais si on se souvient des nombreux travers de l’idole, on ne peut qu’accepter cette psychologie égocentrique et un brin misogyne, sans même parler de la prétention qui n’étouffe pas le personnage, bien au contraire ! Comme pour dresser un portrait complet, on n’échappe pas non plus à une certaine vulgarité. Tout le monde sait que Claude François n’était pas un enfant de chœur, loin de là. Mais c’était Cloclo alors on préfère ne pas savoir et fermer les yeux. Tous sans exception, ou presque. Or, être sosie, ça ne s’arrête pas toujours au talent artistique de l’idole. Ça va quelquefois jusqu’à épouser le même genre de caractère. C’est là aussi que l’écriture de Bernard Frédéric est remarquable, tout comme Benoît Poelvoorde dans son interprétation. Mais franchement, aller jusqu’à nommer une partie du répertoire du chanteur en trompant sa femme… C’est en partie là que le bât blesse : comment une femme peut rester avec un homme qui vit très largement au-dessus de ses moyens pour assouvir son obsession, surtout quand il y a un gamin entre les deux ? Yann Moix a pensé à tout. C’est là qu’intervient Dominique Besnehard dans la peau d’un psy dont il n’a la profession que le nom. Il faut vraiment que cette épouse aime son mari ! Et quand je dis aimer, c’est envers et contre tout ! Parce qu’il lui faut accepter beaucoup de choses, à commencer par un habitat où on n’est pas chez soi, sans même parler de la trahison suprême. Mais il fallait bien aménager la chute de l’histoire, complètement gâchée car hautement improbable devant les caméras de télévision. Certes le revirement est inattendu par les choix opérés, mais disons que c’était une façon de sauver la morale face aux dérives de l’addiction. J’aurai été curieux de voir la fin initiale concoctée par Yann Moix, changée à la demande de Poelvoorde. De ce que j’en sais, elle m’aurait davantage convenu. Mais là, j’ai un goût amer de gâchis, pensant tenir là un bon film pour lequel je reconnais tout de même qu’il sortait des sentiers battus. Un film qui ne figurera pas sur le podium de mes films français préférés, pas même dans le top 100.