Avis : L'esquive - Page 7

"L'esquive"... Avant de le voir, je me disais que le film d'Abdellatif Kechiche allait être un peu déprimant, à la manière des Frères Dardennes, mais je me suis retrouvé devant un film éblouissant par sa vérité. Un excellente surprise donc, surtout grâce à l'interprétation de Sara Forestier, d'un rare talent. Le temps passe sans qu'on s'en aperçoive devant ce film tellement on se réjoui de ses dialogues et de ses acteurs auxquels on s'attache assez rapidement...

Kechiche, chapitre 2. Ça aurait pu s'intituler "la confirmation?". Kechiche va-t-il confirmer ou infirmer son talent après un premier film exceptionnel? Il arrive souvent qu'un jeune réalisateur de talent ayant fait un premier film remarquable se foire totalement par la suite, ce qui est plutôt décevant. Alors, L'esquive, un gros raté? Que du contraire! C'est toujours aussi génial. Faire deux films miraculeux coup sur coup... Je lui tire mon chapeau. Une histoire d'amour très simple et incroyablement juste, évitant absolument tout cliché facile, juste "un mec aime une fille, et il n'ose pas lui dire". C'est aussi simple que ça, et qu'est-ce que c'est beau, voir ce Krimo craquer sur Sara Forestier (on le comprend) alors qu'ils répètent une scène de Marivaux, c'est à la fois touchant, excitant, drôle et vrai. Il n'y a pas réellement d'intrigue, juste des gens qui se parlent, se rencontrent, s'aiment, se détestent; des gens qui vivent quoi. On a toujours cette réalisation, je sens que certains vont me dire "c'est filmé avec les pieds". Ba non, désolé, c'est un modèle. Qu'est-ce qu'on en a à foutre qu'il n'y ait "que des gros plans", moi je ne vois pas un mec qui fait mumuse avec sa caméra au hasard comme certains semblent le dire, je vois un réalisateur qui a l'intelligence de s'intéresser à ses personnages, qui va les voir, on dirait que la caméra veut converser avec eux. On aura beau dire ce qu'on veut sur Kechiche, lorsqu'il dit qu'il est aimant avec ses acteurs, ses personnages, je le crois. Ce film est le contraire de la complaisance, du mec qui viendrait nous dire que ces gens sont des imbéciles sans culture qui parlent mal. Mais jamais il ne tombe là-dedans, on est pas là pour juger ses gens, juste pour vivre avec eux. Ils ne sont pas dénués de défauts, ce sont des ados, parfois très cons, s'engueulant pour des conneries, mais c'est comme ça que ces gens sont en vrai, et malgré tout on les aime quand même et on en peut s'empêcher de rire avec eux. Ce genre de films font du bien parce qu'ils me rappellent ma vie, ces moments et discussions que je peux et que nous pouvons tous avoir au quotidien avec des gens qu'on apprécie. Un tel niveau de transcendance c'est du génie, Kechiche est vraiment un très grand directeur d'acteur, peut-être sans égal dans le cinéma contemporain. Ce que je peux aimer ce film, qui parle des ados de la banlieue sans clichés, sans qu'il y ait un moment où on se dise "ah, là il y a un truc qui ne va pas, une vraie personne ne dirait pas ça". Je pense qu'on pourrait penser le film comme un documentaire tant il se rapproche du réel. Mais à l'instar d'un Pialat qui montre le réel sans le recréer artificiellement, l'intérêt ne réside pas tant dans une imitation sans autre but que de faire le plus réaliste possible, histoire de dire "vous avez vu comment mon film paraît documentaire?" non, ici le dispositif est là pour nous inviter à rencontrer ces personnes, à les aimer, parfois les détester quand ils sont violents, simplement de nous faire passer un moment délicieux en compagnie de er ce film c'est comme passer la journée avec ses potes ou passer une semaine au lycée : on le fait tout le temps, c'est parfois chiant, triste, mais on ne voudrait faire rien d'autre. On pourra éventuellement concéder que la scène avec les flics puisse ne pas être aimé de certains, bien que ce n'est pas mon cas, je trouve qu'elle ne jure pas avec le reste du film. En outre, si L'esquive est un grand film, Abdellatif Kechiche qu'il est immense. En seulement deux films. Chapeau l'artiste.

J'ai vécu plus de 30 ans dans une tour de la banlieue Parisienne au milieu de ces jeunes et je trouve ce film réaliste sur cette jeunesse laissée pour compte. Cette oeuvre est un véritable document touchant et émouvant. A voir absolument !!!

Les films d’Abdellatif Kechiche sont souvent ennuyeux en raison de leur longueur. Avec « L’esquive », il n’y pas d’exception à la règle. Même s’il convient de reconnaitre la spontanéité des jeunes acteurs (en particulier celle de Sara Forestier élue César du meilleur espoir féminin pour son rôle), la démonstration du réalisateur reste très laborieuse. Avec une approche stylistique proche du documentaire, une caméra au plus près des visages, on suit la vie d’une bande d’adolescents au sein d’une cité. Malheureusement, les joutes verbales qu’ils utilisent, aussi bien avec le langage de banlieue que celui de Marivaux, demeurent inintéressantes. Il s’agit pourtant d’un long-métrage salué par la critique professionnelle et ayant notamment obtenu le César du meilleur film en 2005. Bref, du cinéma d’auteur pour public averti.

Beaucoup moins caricatural que la Haine, donc déjà un peu plus vrai.
L'esquive aurait pu s'appeler L'excuse dans un quartier un peu plus aisé.

Deuxième film d'Abdellatif Kechiche, L'Esquive est un excellent film, d'un pessimisme sans nom ( au reste, les critiques qui ont qualifié le film de " bouffé de fraîcheur " m'ont surpris ). L'esquive, c'est peut-être celle de Lydia qui tente d'échapper à la dure réalité de la banlieue en faisant du théâtre, mais c'est surtout celle de Krimo, ténébreux garçon qui n'ose avouer son amour pour la jeune fille. Car le film de Kechiche n'est pas un film sur la banlieue, mais sur l'adolescence et le
théâtre: le film aurait tout aussi bien pu se dérouler en province ou dans un pays étranger, car la banlieue n'est qu'un prétexte ( le seul passage qui nous rappelle que nous sommes en banlieue, c'est bizarrement la scène où les policiers frappent les jeunes ). Il faudrait par ailleurs remarquer la justesse des dialogues ( qui n'ont pas été improvisé, comme beaucoup de gens l'ont cru ) et des situations ( plusieurs scènes font figure de conciliabules, comme si les personnages complotaient dans les coulisses d'un théâtre imaginaire ). Ainsi, L'Esquive évite les clichés et tient le spectateur en haleine du début à la fin. Un bienfait.

Une peinture sociale intelligente et réaliste qui s'abstient de tout jugement et de tout manichéisme, elle sonne juste que ce soit dans ses dialogues (certes parfois dures à suivre) ou son interprétation.

Ce film ne méritait certainement pas ses critiques dithyrambiques. Ce n'est pas parce qu'un film ne présente pas les jeunes de banlieue comme des racailles en puissance qu'il est forcément bon. On s'ennuie et Sarah Forestier m'est insupportable.

Attends, t'as vu, il est chanmé ce film. Vas-y t'as vu ceux qui ont mis zéro étoile, sérieux ils abusent, je dirais même qu'ils puent la merde. Bon ok, tout ça, c'est du 2nd degré, ce langage, tout comme le film. Beaucoup ne l'ont pas compris. Ce langage de la rue qui fait écho au langage du théâtre fait pourtant mouche. Il y a peut être quelques maladresses, mais on se rappelle longtemps de ce film après l'avoir vu. La vie, ce serait pas un peu du théâtre...?

Vaste supercherie comme l'académie des César aime à encenser, et évidemment, c'est complètement injustifié...
Soyons raisonnables s'il vous plait.

Un film d'auteur touchant, poignant et indéniable pour la gloire de Kechiche. Le sujet des cités est mis à nu et le réalisateur nous fait voir au travers de sa caméra fragile, le côté attachant des jeunes de banlieues d'aujourd'hui. L'esquive, vainqueur des César 2004, n'a pas volé son trophée : elle le mérite. A voir, ne serait-ce qu'une fois par tout le monde. Obligé !

Bon film très réaliste, émouvant sur l'amour, et pas seulement sur l'amour dans les banlieues... Oui ya l'atmosphère "ouesh ouesh", les petits clichés pas vraiment utiles, mais le film nous transmet la tristesse, la gaité, l'enthousiasme des personnages. Les acteurs sont criant de naturel, surement parce qu'ils jouent un peu leur propre rôle. Voilà c'est un film à voir, c'est à la fois léger et très conscient.

Un film que j'ai vu pour la première fois durant mon enfance et que j'ai toujours voulu revoir. Chose faite !

Oui c'est vulgaire mais honnêtement fallait s'y attendre étant donné le contexte du film.
Ce dernier est très réussi ! Il montre la difficulté que peut avoir une personne évoluant dans un climat social compliqué et le choix cornélien qu'elle a entre se dévoiler et être elle-même ou faire comme les autres en se donnant un genre pour être appréciée (cf Krimo).
Contexte de permanente violence (dans les paroles comme dans les gestes), figure paternelle absente mais paradoxalement absence de féminité, pas de place pour les sentiments et en particulier l'amour. Mais grâce à une pièce de théâtre, à l'art les cœurs s'apaisent progressivement.

J'ai hésité à le qualifier de chef d'oeuvre mais une scène m'en a dissuadé : celle avec le contrôle de police et la perpétuelle victimisation. Je veux bien que le ton soit souvent houleux et tendu mais de là à nous transcrire une scène de violence totalement gratuite et disproportionnée...

Gros coup de cœur pour la fraîche et pétillante Sara Forestier. Je l'avais déjà adorée (et découverte) dans "Le nom des gens".

au début c'est assez déroutant surtout quand on est pas habitué mais au final on est pris dans l'histoire et je me souviens avoir eu le même ressenti lors de la graine et le mulet. kechiche a un don pour rendre ces acteurs brillant, sara forestier une actrice qui a confirmé son talent d’ailleurs.

Un bon film, j'ai bien aimé, alors que je redoutais un film niais et bien-pensant.
Si le film n'évite pas complètement le consensus, je l'ai trouvé assez juste et richement analysé.
Les jeunes acteurs sont très bons, au point que je les suspecte d'être particulièrement proches de leurs personnages dans la vraie vie et de ne pas avoir à forcer leur talent.
L'histoire est très bien écrite, les personnages sont impressionnant de complexité (ne pouvant s'exprimer que par la violence – verbale mais aussi physique parfois –), aucun n'est parfait et aucun n'est véritablement monstrueux.
spoiler: J'ai par contre trouvé la fin un peu en-dessous, puisqu'elle débouche finalement un peu sur rien.

Un film plutôt intelligent.